Gestionnaire en direct – Rendements obligataires : « 3 est le nouveau 6 »

Par La rédaction | 12 novembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La réalité démographique du Canada est implacable : le poids des retraités sur l’économie va aller en grandissant, et reléguer aux livres d’histoire la croissance et l’inflation d’antan, calcule Jeffrey Waldman, premier vice-président, revenu fixe à Gestion d’actifs CIBC.

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« Trois millions et demi de Canadiens vont atteindre l’âge de 65 ans dans la prochaine décennie, soit 1000 personnes chaque jour. C’est du jamais vu dans l’histoire de notre pays », constate Jeffrey Waldman.

Pour mettre ces données en perspective, l’expert compare l’arrivage de retraités des dix prochaines années à la création de cinq villes de la taille de Québec ou de Winnipeg – toutes remplies d’aînés.

« Dans dix ans, les gens de 65 ans et plus représenteront 21 % de la population, contre 16 % aujourd’hui. En conséquence, le rapport de soutien économique entre la population active et les retraités va passer de 3,9 à 2,8 d’ici 2025. À titre de comparaison, il était de 7,1 dans les années 60 quand le régime de pensions du Canada est apparu », dit Jeffrey Waldman.

L’expert rappelle que les boomers ont profité d’un PIB réel moyen de 3,9 % depuis les années 60 jusqu’à la fin du siècle. Puis en 2000, la tendance s’est arrêtée. « Ce n’est pas une coïncidence si au même moment, les plus vieux d’entre eux atteignaient 55 ans. Cela va s’intensifier à mesure que leur tranche démographique atteint 65 ans », dit-il.

« À moins d’une hausse surprise de la productivité, des exportations ou de l’immigration, nous allons subir un frein économique de 1,25 % qui va faire plafonner la croissance sous les 2 % dans la prochaine décennie », annonce Jeffrey Waldman.

Les taux d’intérêt vont certainement s’en ressentir, de même que les rendements obligataires. Il est loin le temps où ces derniers atteignaient les deux chiffres. En fait, il faut remonter à 1991 pour voir un rendement de 10 % sur les titres souverains de 10 ans. À l’époque, la Banque du Canada et le ministre des finances conservateur Michael Wilson ont lancé un régime de ciblage de l’inflation. Celle-ci se trouvait alors autour de 6 %, et elle a été rabaissée à 2 % dès 1992. Depuis ce temps-là, elle n’a pas bougé, en moyenne.

« Si la croissance plafonne près de 1 % en raison du vieillissement de la population, pendant que la Banque du Canada maintient une faible inflation, on ne devrait pas voir les rendements obligataires du gouvernement dépasser 3 % dans les dix prochaines années. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, ils atteignaient 6,5 %. Il faut croire que 6 est le nouveau 3 », dit Jeffrey Waldman.

Conséquence pour les portefeuilles obligataires : dans les années à venir, il va falloir y injecter « une bonne dose » d’obligations de sociétés si on veut les voir progresser de façon attrayante.

La rédaction