Gestionnaires en direct – Obligations HR : ne jetez pas bébé avec l’eau du bain

Par La rédaction | 18 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture

Les récents déboires de plusieurs fonds spécialisés dans les obligations à haut rendement (HR) ont semé la peur sur les marchés, mais la situation reste solide si on la met en perspective. On peut même profiter de l’humeur ambiante pour saisir des titres à rabais, explique Nicholas Leach, vice-président, obligations HR pour CIBC Gestion d’actifs.

« Les obligations HR ont connu des faiblesses à l’automne quand la Fed a commencé à parler d’une hausse des taux. Puis ce mois-ci, l’histoire de Third Avenue a généré une vague de liquidation sur le marché du HR », dit Nicholas Leach.

Ce gestionnaire d’actifs américain a annoncé qu’il suspendrait les remboursements aux porteurs de son fonds spéculatif Focused Credit, qui compte près de 800 millions de dollars d’encours… contre 2,75 milliards il y a un an. Beaucoup d’observateurs y ont vu le symptome d’un krach généralisé du marché des obligations de sociétés, qui ont le vent en poupe depuis plusieurs années. Mais pour Nicholas Leach, c’est un épisode isolé.

« Third Avenue se concentrait sur la portion la plus risquée du marché. En réalité, plusieurs de ses actifs sont des dettes en souffrance ou des entreprises en faillite. Ils ne s’agit plus d’obligations puisqu’ils ne paient pas de coupons, n’ont plus de notation, ne sont plus pris en compte dans les indices. Ils ne font même plus partie du marché. Mais l’histoire a quand même créé la panique, car on croit que d’autres gestionnaires vont suspendre leurs remboursements », dit Nicholas Leach.

Face aux médias qui parlent d’une chute de 12% en valeur des obligations HR depuis le début 2015, l’expert rappelle qu’il faut prendre en considération les coupons, qui sont la raison pour laquelle on achète ces titres en premier lieu. Une fois cela fait, la baisse est plutôt de 6%, soutient-il.

« On entend aussi dire que le marché nord-américain manque de transparence et de liquidité. Ce n’est pas vrai. Presque toutes les transactions en dollars américains sont rapportées au FINRA, l’autorité de réglementation de l’industrie, qui les rend publiques sur son site Finra.org. Seule une petite partie du marché est illiquide, et elle ne représente pas la part du lion des fonds communs », insiste Nicholas Leach.

Il rappelle que les titres notés CCC n’occupent que 12 % du marché total du haut rendement, et les dettes d’entreprises en faillite ne rentrent même pas dans la définition d’une obligation HR puisqu’elles n’ont ni terme ni coupon. D’où l’importance, selon lui, de garder la tête froide.

« De façon stratégique, nous n’investissons pas dans les titres CCC afin de maintenir un bon niveau de qualité et de dissuader les gestionnaires de s’aventurer dans les investissements qui font la manchette. Cette approche nous sert bien dans l’environnement actuel », dit M. Leach.

« La peur fait sortir des investisseurs de certains fonds communs de haute qualité; c’est un cas typique de bébé jeté avec l’eau du bain. En conséquence, on voit de belles occasions se présenter, comme l’opérateur d’hôpitaux HCA ou le groupe canadien Restaurant Brands International (formé l’an dernier par la fusion de Burger King et de Tim Hortons) », note le gestionnaire.

La rédaction