Goldman Sachs clôt un scandale avec 3,9 G$

Par La rédaction | 27 juillet 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : mrhighsky / 123RF

Goldman Sachs a accepté de conclure avec la Malaisie un accord portant sur 3,9 milliards de dollars américains afin d’éviter des poursuites dans le cadre d’un scandale lié à son fonds souverain 1MDB, rapporte l’agence Reuters.

Dans un communiqué publié vendredi, le ministère malaisien des Finances indique que la banque d’affaires américaine s’est engagée à lui verser quelque 2,5 milliards, tandis qu’elle a également promis de rapatrier dans ce pays au moins 1,4 milliard d’actifs liés à des obligations de 1MDB. En échange, la justice malaisienne abandonnera l’ensemble des charges pénales pesant contre l’établissement bancaire.

« Avec le montant du règlement d’aujourd’hui et les sommes que la Malaisie a déjà reçues du ministère américain de la Justice, plus de 4,5 milliards de dollars seront restitués au peuple malaisien », souligne le communiqué, où il est par ailleurs précisé que le gouvernement malaisien a promis de recouvrer d’autres actifs en souffrance.

UN EX-PREMIER MINISTRE IMPLIQUÉ DANS LE SCANDALE

Reuters rappelle que le parquet malaisien avait engagé en décembre 2018 des poursuites judiciaires contre trois branches de Goldman Sachs, les accusant d’avoir trompé les investisseurs malaisiens lors d’émissions obligataires qu’elles avaient organisées au profit de 1MDB. Selon l’accusation, les montants ainsi détournés de leur objectif initial représentaient un total de quelque 6,5 milliards de dollars. De son côté, le département américain de la Justice estime qu’« environ 4,5 milliards » provenant de ces émissions obligataires auraient été détournés du fonds souverain.

D’après l’agence Associated Press (AP), les procureurs malaisiens et américains étaient tombés d’accord pour conclure que les ventes d’obligations orchestrées par Goldman Sachs représentaient en fait un stratagème destiné à permettre à des associés de l’ex-premier ministre Najib Razak de faire main basse sur des milliards, et ce, durant plusieurs années. L’agence de presse rappelle au passage que 1MDB était, à l’origine, un fonds qui avait été créé « pour accélérer le développement économique de la Malaisie ».

Cet accord intervient alors que Najib Razak est actuellement jugé en Malaisie, où il fait l’objet d’une série d’accusations de corruption liées au scandale qui a suivi son éviction à la suite des élections de mai 2018. En décembre de cette année-là, Goldman Sachs et deux de ses ex-dirigeants avaient été formellement accusés d’avoir enfreint les lois sur les valeurs mobilières malaisiennes, et en particulier d’avoir induit en erreur des investisseurs à l’occasion de la vente d’obligations. Dans cette affaire, ajoute AP, 17 autres anciens et actuels cadres de Goldman ont également été inculpés l’an dernier pour leur rôle présumé dans la fraude.

VICTIME D’UN RÈGLEMENT DE COMPTES POLITIQUE?

Le communiqué émis par le ministère malaisien des Finances insiste sur le fait que l’accord conclu avec Goldman Sachs équivaut, de la part de la banque, à reconnaître qu’elle a bel et bien commis des infractions. Toutefois, cette dernière n’a jamais cessé de démentir toute malversation, affirmant que des dirigeants malaisiens de 1MDB lui avaient menti au sujet de l’utilisation des fonds levés par le biais d’émissions obligataires. Les trois branches de Goldman Sachs visées par les poursuites ont d’ailleurs choisi de plaider non coupable, relève Associated Press.

Le ministère malaisien des Finances indique par ailleurs que l’accord conclu entre les deux parties n’efface pas les poursuites engagées à l’encontre de l’homme d’affaires malaisien Low Taek Jho, suspecté d’être le cerveau présumé de la fraude et aujourd’hui en fuite. Arrivé au pouvoir en 2018, le gouvernement actuel avait décidé de rouvrir les enquêtes autour de ce scandale après plusieurs tentatives de l’administration de Najib Razak pour les étouffer. En guise de défense, ce dernier argue du fait qu’il est victime d’un règlement de comptes politique.

La rédaction