Grandes ambitions, mauvaise préparation

Par Gérard Bérubé | 11 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
7 minutes de lecture

La planification de la retraite et la pertinence de laisser un héritage constituent le coeur d’un vaste sondage mené pour HSBC Assurances à l’échelle mondiale. Les résultats de cette étude annuelle, menée auprès de 21 000 personnes dans 21 pays, ont de quoi surprendre.

Il appert que les Canadiens préfèrent léguer leurs connaissances et leur conception de la vie plutôt que des biens ou de l’argent. Ce désir de transmettre en héritage des valeurs personnelles, et non marchandes, est généralisé à l’échelle planétaire. Il est toutefois plus prépondérant dans les régions abritant un plus grand nombre de personnes se disant peu ou mal préparées pour la retraite.

Ce désir traduit surtout le fait que la plupart des préretraités et des retraités croient qu’ils ne disposeront pas des fonds requis en regard de leurs attentes élevées. Les conclusions d’un sondage mondial mené pour HSBC Assurances, rendues publiques cet été, sont sans équivoque. Moins de 10 % des participants à l’étude ont répondu vouloir léguer de l’argent à leurs héritiers.

En renversant la question, on apprend que 60 % des répondants ont indiqué vouloir laisser leur conception de la vie en héritage. Ce type d’héritage moral comprend le sens de l’humour, la capacité d’engagement envers la communauté et les connaissances acquises. « Ce désir de transmettre des valeurs humaines plutôt que de l’argent ou des biens est exprimé sur tous les continents », a indiqué HSBC Assurances, dans sa quatrième étude annuelle coiffée du titre L’avenir des retraites, investir pour plus tard. Et il est plus fort ou plus élevé chez les femmes.

Ces pourcentages ont été obtenus sur un échantillon de 21 000 répondants répartis entre 21 pays à l’échelle planétaire.

LES ATTENTES FACE À LA RETRAITE

Au Canada, la proportion de répondants disant vouloir léguer un héritage monétaire atteint 23 % dans le segment des préretraités (40-60 ans) et 27 % chez les retraités (60-69 ans). À titre de comparaison, 30 % des répondants européens affirment vouloir laisser de l’argent ou des biens à leurs héritiers. Cette orientation n’est pas étrangère au fait que ces classes de la population soutiennent nourrir des attentes élevées pour leur retraite, tout en reconnaissant être mal préparées pour cette nouvelle étape de leur vie.

Elles estiment que les fonds requis seront insuffisants et elles ne s’attendent pas à un soutien accru des gouvernements. Devant un tel constat, plus du tiers des répondants donneraient leur appui à un programme d’épargne personnelle obligatoire. « D’après l’étude, les participants désirent être davantage en contrôle de leur propre sécurité financière et reconnaissent qu’il faut faire preuve de pragmatisme pour assurer financièrement leurs vieux jours », peut-on lire dans le résumé de la HSBC. Dans la foulée, l’institution parle de retraite plus longue, en évoquant la nécessité d’envisager des moyens de « planifier leurs revenus pour la deuxième moitié de leur vie ».

Ces conclusions rejoignent celles d’un autre sondage, mené à la fin de 2005 auprès des Canadiens, pour Desjardins Sécurité financière (DSF). Malgré l’écart dans le temps, l’orientation des réponses et la tendance qu’elles suggèrent concordent. Ainsi, à peine 26 % des travailleurs disaient prévoir recevoir un ou des héritages de leurs parents ou d’autres personnes. De ce nombre, 58 % affirmaient que cet héritage attendu ne jouera pas un rôle important dans l’accumulation de leur épargne retraite. En regardant par l’autre bout de la lorgnette, comparativement à l’année 2004, moins de retraités anticipent léguer ou ont déjà donné des héritages.

Ainsi, 36 % des retraités ont ou prévoient donner un ou des héritages en 2005. Cette proportion était de 45 % en 2004 et l’écart de neuf points avec 2005 est statistiquement significatif », peut-on lire dans les conclusions de DSF. Cela étant, l’absence ou la mauvaise préparation est généralisée à l’échelle planétaire, quoiqu’elle puisse varier d’une région à une autre. L’étude fait ressortir que seulement une faible proportion des répondants se déclarent bien préparés, et ces répondants se concentrent en Amérique du Nord et en Europe.

LA PART DU GOUVERNEMENT

À l’opposé, « un groupe plus important, constitué principalement de participants de l’Europe de l’Est, de l’Asie et de l’Amérique latine n’est pas du tout préparé pour la retraite et risque d’éprouver des difficultés une fois rendu à cette étape ». Dans les économies dites en transition, la proportion de répondants craignant manquer de fonds oscille entre 50 % et 80 %.

En Europe et en Amérique du Nord, elle est inférieure à 55 %. Ils sont encore nombreux, très nombreux à dépendre d’une aide extérieure rarissime ou tout simplement à se demander s’ils ne devront pas repousser l’âge de leur retraite. En fait, quelque 60 % des participants à l’étude mondiale craignent de se retrouver dépendants d’autrui, les vieux jours venus. Ces personnes mal préparées « pourraient ne pouvoir compter que sur une aide gouvernementale restreinte, des revenus modestes et un faible soutien de leur famille ».

Les gouvernements sont interpellés, mais peu de répondants s’illusionnent. « Dans l’ensemble, près de deux participants sur trois croient que les gouvernements devraient assurer une part importante de leurs revenus de retraite. Toutefois, trois participants sur quatre pensent que ce ne sera pas le cas. » Le degré de scepticisme varie selon les pays. Au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, plus les répondants sont âgés, plus le rôle du gouvernement devient important. Au Brésil et au Mexique, les gens font davantage confiance à leurs gouvernements. Aux États-Unis et au Canada, ils comptent plutôt sur eux mêmes.

En Asie, les participants à l’étude disent s’en remettre à la fois à eux et à leur famille pour subvenir à leurs besoins financiers à la retraite. « Notre étude indique que les attitudes à l’égard de la retraite changent. Plus particulièrement, il faut maintenant déterminer combien de temps on doit travailler, ce qui n’était pas le cas pour ceux qui sont déjà à la retraite. Les générations qui arrivent à la retraite, celles qui doivent élargir leurs sources de revenus à cette fin, savent qu’elles ne pourront pas autant compter sur l’aide des gouvernements et qu’elles devront vraisemblablement travailler plus longtemps », conclut l’étude de HSBC.

Quant à l’appui d’un gouvernement, la forme qu’il devrait prendre varie également d’un pays à l’autre. Ainsi, 34 % des répondants seraient en faveur d’une épargne forcée, sous la forme d’un programme d’épargne personnelle obligatoire, ce pourcentage atteignant un sommet de 68 % en Allemagne. Cette suggestion plaît à 38 % des répondants préretraités, à 27 % des participants retraités. Ils sont moins nombreux, soit 12 % en moyenne, à privilégier la voie d’une hausse des impôts, ce nombre atteignant un sommet de 33 % en Suède. On comprend bien, du coup, pourquoi le quart des répondants à l’étude mondiale croient que la solution consiste à travailler plus longtemps.

La rédaction vous recommande :

Gérard Bérubé