D’autres banques victimes de vol de données

Par La rédaction | 25 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un ordinateur sur lequel tapent deux mains gantées.
Photo : 123RF

Des employés de la Banque Nationale et de la Banque TD sont soupçonnés de vol de données, selon les résultats d’une enquête policière dévoilés dans La Presse.

Cette enquête porte sur au moins 4 000 identités volées, parmi lesquelles on retrouve des clients des deux institutions financières. Elles auraient été dérobées il y a environ trois ans. L’enquête Optique s’est déroulée d’août 2016 à juillet 2018 et visait un réseau de fraudeurs qui utilisaient de vraies identités pour fabriquer de fausses cartes, avec lesquelles ils ouvraient des comptes bancaires pour y déposer de faux chèques et retirer l’argent, raconte le quotidien.

Le chef du réseau, Fred Joseph, ex-employé de la Banque Nationale, Nathaniel Thomas et une ancienne employée de la Banque TD, Marianna Rekkab, font partie des quinze personnes arrêtées.

Cette dernière était une spécialiste hypothécaire mobile, dont le travail consistait surtout à dénicher des clients hypothécaires résidentiels. Elle travaillait à distance grâce à un ordinateur portable relié au réseau de la banque, fourni par l’institution. Elle avait une clé lui permettant d’accéder aux informations recherchées. Nathaniel Thomas, lui, travaillait au service d’expertise légale de la Banque Nationale. 

Le réseau serait responsable de plus de 40 fraudes, pour une somme totale de plus de 600 000 dollars et des pertes de 300 000 dollars pour les institutions financières. Les 229 clients de la Banque Nationale concernés auraient tous été avisés, selon un porte-parole de l’institution. De son côté, la Banque TD refuse de commenter directement cette affaire.  

GUY CORMIER RÉCLAME UN NOUVEAU PROCESSUS

Lors de son très attendu témoignage en commission parlementaire, à Québec, jeudi dernier, le grand patron de Desjardins, Guy Cormier, a de son côté défendu son institution et réclamé que l’on développe des procédures d’identification numériques.

Ces procédures viendraient notamment remplacer les méthodes traditionnelles, comme l’utilisation du numéro d’assurance sociale, et permettraient aux citoyens selon lui de mieux contrôler la circulation de leurs informations personnelles. Guy Cormier a admis que les institutions financières recueillent et conservent actuellement plus de données que ce dont elles ont besoin pour offrir leurs services.

En Inde et en Argentine, la biométrie est utilisée de plus en plus souvent pour vérifier l’identité d’une personne, souligne CBC. Il s’agit alors d’utiliser des caractéristiques physiques, comme les empreintes digitales ou l’iris, ou comportementales, comme la voix ou la dynamique des frappes au clavier, pour procéder à identification.

Dans certains États américains, le permis de conduire est disponible sous forme d’applications pour téléphones intelligents. Cela permet d’ajuster les informations qui sont offertes en fonction de la personne à laquelle on les présente. Le caissier de la SAQ, par exemple, n’aurait accès qu’à la photo et l’âge, alors qu’un policier aurait accès à toutes les informations.

REPRENDRE LE CONTRÔLE

« Actuellement, les consommateurs et les citoyens sèment leurs données personnelles un peu partout, au gouvernement, dans plusieurs ministères, chez leur employeur, à la caisse, à la banque, dans les municipalités, chez leur fournisseur Internet, chez Hydro-Québec et dans de nombreux, nombreux commerces, a rappelé Guy Cormier. On multiplie les expositions, on multiplie les risques. Il faut redonner à chaque personne le contrôle de ses données. Il faut redonner du sens. Il faut construire une véritable identité numérique au Québec et au Canada. »

Pour y contribuer et faire avancer la recherche sur ce genre de processus, Desjardins compte créer une section Québec du Digital ID and Authentication Council of Canada.

IL REFUSE LE BONNET D’ÂNE

Sa proposition a toutefois été complètement ignorée par les membres du gouvernement, qui ont concentré toutes leurs questions sur le vol d’identité dont a été victime Desjardins. Guy Cormier a donc répété les informations déjà transmises à la police et en grande partie au public, décrivant le principal suspect comme un « expert des données » expérimenté.

Il a aussi défendu la transparence du Mouvement, citant la rapidité avec laquelle la nouvelle de la fuite de données a été rendue publique en juin dernier. « Je comprends qu’on peut vouloir faire porter le bonnet d’âne à Desjardins, mais Desjardins a été transparent, a été clair, a fait preuve de franchise dans ce dossier », a-t-il dit.

La rédaction