Henri-Paul Rousseau veut des conseillers mieux réglementés

Par Denis Méthot | 2 Décembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Henri-Paul Rousseau soutient fermement l’actuelle révision des règlements (MRCC 2) qui encadrent la pratique des conseillers en services financiers. Le vice-président du conseil d’administration de Power Corporation a exprimé publiquement son appui à cette réforme lors de la conférence de clôture du colloque sur la retraite et les placements au Québec, organisé par le Cercle Finance du Québec et CFA Québec le 20 novembre dernier dans la capitale nationale.

« Il faut des conseillers plus accessibles, plus transparents et mieux réglementés », a-t-il soutenu devant une assemblée de plus de 300 professionnels du milieu.

Les données le démontrent, hommes et femmes vont vivre plus longtemps, mais ils devront avoir accumulé de l’argent afin de jouir de cette longue retraite. Tous doivent s’ajuster à cette nouvelle réalité, a indiqué l’ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. De grands joueurs de l’industrie ont leurs devoirs à faire, a-t-il admis.

« Nous appuyons la réforme mise en marche par les organismes canadiens de réglementation afin que les opérations soient plus transparentes et que les chiffres soient plus faciles à comprendre pour les clients. Nous sommes en faveur de ces mesures parce que nous voulons que l’industrie soit encadrée, qu’elle s’autodiscipline et que le client en ait pour son argent. Il n’y a pas de raison pour qu’un conseiller ne soit pas aussi professionnel qu’un médecin et un actuaire, a-t-il plaidé. Il faut que les Québécois et les Canadiens puissent dire qu’ils ont été bien guidés et qu’à l’inverse, on punisse les conseillers qui n’agissent pas correctement. »

Les meilleurs vont rester

Interrogé par Conseiller à l’issue du colloque, Henri-Paul Rousseau a souligné que les futurs règlements auront pour effet de chasser les indésirables.

« Il ne faut pas que les conseillers qui n’exercent pas ce métier de façon professionnelle puissent être dans l’industrie, a-t-il mentionné. Le problème, c’est qu’il y a quelques pommes pourries et l’industrie au complet en paie le prix. L’une des façons de s’en débarrasser, c’est de relever la barre. Les nouvelles règles vont bénéficier aux clients et aux bons conseillers. […] Ce sera plus exigeant, mais seuls les meilleurs vont rester. »

Un marché de plus en plus complexe

Le premier vice-président et directeur général Gestion du patrimoine et Assurances de personnes au Mouvement Desjardins, Denis Berthiaume, a pour sa part fait remarquer que le contexte socioéconomique a beaucoup changé depuis nos grands-parents. L’idée de planifier sa retraite est une activité relativement nouvelle et le marché financier s’est beaucoup complexifié depuis les années 1960.

Un exemple très révélateur de cette complexification est l’augmentation considérable du nombre de fonds communs au cours des 35 dernières années. En 1988, on en comptait 370 au Canada. On en répertorie aujourd’hui près de 3000.

Le vice-président du conseil d’administration de Power Corporation et ex-président de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau. Photo : Denis Méthot

Les outils de placements se sont aussi multipliés ces dernières années : REER, REER immobilisé, CRI, CRIF, CELI, FRV, RPE, RAP, REEE, la liste s’est étirée, au point de compter actuellement 16 régimes.

L’importance du conseiller

Face à cette panoplie de produits et d’outils, M. Berthiaume a souligné le rôle majeur du conseiller en services financiers. Une étude réalisée il y a deux ans par le groupe de recherche montréalais CIRANO démontre que les ménages qui utilisent les services d’un conseiller ont un taux d’épargne deux fois plus élevé que ceux qui n’en n’ont pas.

Pour une période de 15 ans et plus, un ménage qui recourt aux services d’un conseiller obtient une valeur de ses actifs de 2,3 fois plus élevée par rapport au ménage qui n’a pas de conseiller.

Une étude américaine observant un investissement sur 20 ans démontre aussi que le fait d’avoir manqué les dix meilleures journées entre le 27 mai 1994 et le 29 mai 2014 a fait diminuer le rendement de ce placement de 320 % à 109 %. En manquant les 30 meilleures journées, l’investisseur a carrément perdu de l’argent (perte de 14 %).

Le message ne passe toujours pas

La population commence à être plus sensible à l’importance de l’épargne, mais le changement de mentalité n’est pas suffisamment rapide pour M. Berthiaume. Il y a encore près de 1,9 million de travailleurs québécois qui ne participent à aucun régime collectif.

« Il est impératif d’agir pour accélérer le processus », a-t-il commenté.

Il y a toutefois matière à se réjouir. Selon un récent sondage SOM, 29 % des 35 à 44 ans ont commencé à consulter un professionnel en planification financière au sujet de la retraite avant d’avoir atteint 30 ans. Autre donnée encourageante : de 2013 à 2014, trois fois plus de membres du Mouvement Desjardins ont réalisé un plan financier écrit avec l’appui d’un conseiller de leur caisse.

Dossier Colloque Retraite et placements

Denis Méthot