Il fait fortune en faisant planter le marché américain…

Par La rédaction | 13 février 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Navinder Sarao est accusé d’avoir provoqué une chute de l’indice Dow Jones de 1 000 points en 2010 en manipulant le marché… à partir de sa chambre à coucher. Il doit aujourd’hui se demander où est passée sa fortune, rapporte Bloomberg.

En cinq ans, il aurait gagné environ 50 millions de dollars en faisant de la négociation à haute fréquence sur l’ordinateur de sa chambre, dans le semi-détaché londonien de ses parents. Il est soupçonné d’avoir modifié un algorithme afin de fausser ce marché sur la Bourse de Chicago. Les logiciels utilisés pour ce type de transactions suivent les mouvements du marchés et y réagissent en quelques millisecondes pour faire des profits sur les baisses et les hausses des titres.

DES LOGICIELS PAS SI INTELLIGENTS…

Navinder Sarao aurait utilisé son logiciel pour placer d’énormes ordres de vente allant jusqu’à plusieurs millions de dollars par jour, sans avoir l’intention de les réaliser. Faciles à berner, les autres logiciels détectaient ces ordres de vente et les interprétaient comme un signe que le marché allait baisser. Ils procédaient donc à la vente des titres visés pour limiter leurs pertes. Cette vente massive faisait effectivement baisser les prix, et Navinder Sarao en aurait profité pour faire une razzia et les acheter massivement, avant d’annuler les ordres de vente placés précédemment. Conséquemment, le marché s’ajustait et le prix des titres remontait. Il les aurait alors revendus à profit. Le gain pouvait être mince, mais répétée plusieurs fois par heure, une telle opération finissait par offrir une belle somme. Une démarche payante, mais totalement illégale.

OÙ EST L’ARGENT?

Épinglé en avril 2015, Navinder Sarao, chez qui on a diagnostiqué un syndrome d’Asperger, s’est retrouvé dans la prison londonienne de Wandsworth. Pèsent contre lui 22 chefs d’accusation de fraude et de manipulation de marché, qui pourraient lui valoir jusqu’à 380 années de détention. En voulant payer sa caution de 8 M $CAN, ses avocats ont une mauvaise surprise. L’argent de l’accusé a été placé dans des investissements souvent douteux et des fonds outre-mer complexes. Ils n’arrivent ni à le localiser, ni à le récupérer.

MAUVAIS AMIS

Apparemment, si Navinder Sarao était doué pour manipuler le marché, il l’était aussi pour s’entourer de personnages controversés. Son comptable, John Dupont, est l’un des dirigeants de la firme de conseil financier Montpelier Tax Consultants, basée dans le paradis fiscal de l’Île de Man et spécialisée dans le développement de stratagèmes d’évitement fiscal. Il était aussi conseillé par le fiscaliste Andrew Thornhill, plus tard accusé de nombreuses fautes professionnelles, et par David Cosgrove, directeur d’une firme d’investissement, radié par les autorités mauriciennes pour des manquements aux règles d’exercice.

Il a par la suite investi dans une entreprise enregistrée à l’Île de Man, Cranwood Holdings, dont le but était d’acquérir des terres en Écosse destinées à recevoir des fermes éoliennes.

INVESTISSEMENTS ALTERNATIFS

Il aurait aussi été floué par Alejandro Garcia Alvarez, fondateur d’IXE Group. D’abord conçu comme un guichet unique pour gens fortunés, faisant à la fois de la gestion de patrimoine, de l’organisation d’événements et des conseils sur les meilleures écoles privées, le groupe suisse s’est par la suite transformé très rapidement en « conglomérat mondial d’entreprises » engagées dans l’agroalimentaire, la gestion de patrimoine, les échanges de titres et le capital de risque. Garcia se vantait d’offrir des outils d’investissement alternatifs et soutenait utiliser l’argent d’individus comme Sarao en garantie seulement, sans le mettre à risque. Il aurait convaincu ce dernier d’investir plus de 40 M $CAN dans son entreprise.

JEU EN LIGNE

Sarao aurait aussi investi plusieurs millions de dollars dans Iconic Worlwide Gaming. Lancée par Damien O’Brien, l’entreprise promettait de révolutionner l’industrie du pari en ligne. Son système proposait de miser sur les mouvements de devises et de titres à la Bourse, via une interface semblable à un casino en ligne. L’entreprise a bien réalisé une publicité avec le combattant d’arts martiaux mixtes Conor McGregor et commandité le pilote automobile Rob Huff, mais l’argent aurait surtout servi à payer le train de vie de Damien O’Brien. L’entreprise, elle, ne s’est pas développée.

Les avocats de Navinder Sarao ne sont pas plus près aujourd’hui de récupérer son argent, malgré l’aide des autorités américaines. L’ex-trader est de retour chez lui, sous la responsabilité de son père malgré ses 37 ans, et pourrait bien passer le reste de ses jours à rembourser sa dette au gouvernement américain. Ironiquement, certains de ses anciens compères ont suggéré qu’on lui permette de retourner sur les marchés, soutenant qu’il pourrait alors rembourser très rapidement ce qu’il doit…

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