Il faut garder les commissions, dit Advocis

Par Suzanne Sharma | 11 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Si le Canada bannit complètement les commissions, comme l’ont fait le Royaume-Uni et l’Australie, les conseillers et leurs clients en souffriront. C’est le consensus qui est ressorti au terme d’un événement organisé cette semaine à Toronto par Advocis (l’association canadienne des conseillers financiers) et la société PwC.

En Australie, la réforme Future of Financial Advice a condamné les commissions intégrées, établi une obligation fiduciaire d’agir au meilleur intérêt des clients et élargi les conditions de divulgation liées aux frais, rappelle Advocis. Résultat, les coûts de service aux investisseurs ont augmenté de plus de 30 %, et les coûts de conformité pour les conseillers s’élèvent à quelque 700 millions de dollars jusqu’ici, selon un sondage de PwC mené auprès des firmes de petite et moyenne taille.

Au Royaume-Uni, le nombre de conseillers a diminué de 25 % en raison de réformes similaires.

Les épargnants qui auront le plus de difficulté à se permettre un conseiller à honoraires sont ceux se situant dans la tranche de revenus de faibles à moyens revenus, toujours selon le sondage. Le problème, c’est que ces clients, qui ont en moyenne un actif de moins de 100 000 $, constituent 80 % du marché des investisseurs.

Les investisseurs possédant un actif allant de 100 000 $ à 500 000 $ représentent 12 % du marché, ceux ayant de 500 000 $ à 1 million, 4 %, et ceux jouissant d’un million et plus, 4 %, note aussi PwC.

« Nous avons besoin d’un système qui réponde aux besoins des investisseurs de toutes les tranches de revenus, dit Greg Pollock, président et chef de la direction d’Advocis. Les Canadiens s’inquiètent déjà du coût de la vie et d’avoir assez d’argent pour leur retraite, il est donc crucial que l’accès aux conseils financiers professionnels soit élargi. »

En outre, si le Canada suit les traces du Royaume-Uni, cela pourrait avoir des conséquences économiques. Le secteur des PME emploie 182 000 personnes au Canada, et contribue au PIB à hauteur de 19 milliards (ou 1,1 %). C’est davantage que le secteur automobile (0,9 % du PIB), l’aérospatiale (0,6 %) ou l’industrie pharmaceutique (0,3 %).

Les experts réunis à Toronto ont proposé une alternative au banissement des commissions.

« Si nous en arrivions à un modèle de divulgation approprié, les consommateurs pourraient faire un choix éclairé, dit Greg Pollock. Si ma commission intégrée est de 1000 $, ou peu importe le montant, la personne en face de vous a un choix, elle est au courant. »

Entretemps, Byren Innes, conseiller stratégique principal à Pwc, suggère que les conseillers aillent au-devant des changements de réglementation en adaptant leur cadre actuel, en démontrant leur expertise à leurs clients et en répondant aux modifications dans les préférences des clients en devenant plus facilement joignable par Internet.

À lire : Au tour de l’Australie d’interdire les commissions La boîte de Pandore de la rémunération

Suzanne Sharma