Il y a 30 ans, l’IQPF voyait le jour

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 30 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Cupcake avec chandelles "30 ans".
Photo : inkdrop / 123RF

En 1989, l’Institut québécois de planification financière (IQPF) se donnait pour missions d’élever les standards de la planification financière et de permettre aux Québécois d’augmenter leur patrimoine. Trente ans plus tard, la population est certes plus riche qu’elle ne l’a jamais été, mais le rôle des planificateurs financiers demeure encore trop méconnu, regrette l’Institut.

Aujourd’hui, plus personne ne peut se prétendre planificateur financier au Québec sans avoir obtenu le diplôme délivré par l’Institut québécois de planification financière (IQPF), à l’issue d’une formation des plus exigeantes. Et les candidats au titre doivent désormais obligatoirement détenir au préalable un baccalauréat.

« Il s’agit de nous assurer que les Québécois aient accès aux plus hauts standards du conseil, souligne Julie Raîche, présidente du CA de l’Institut et vice-présidente régionale à la Banque Nationale. L’important, c’est vraiment de dissocier le conseil de la vente de produits. »

Les cours couvrent ainsi les sept champs de la planification financière, à savoir l’assurance, la finance, la succession, la retraite, les placements, la fiscalité et les aspects légaux, tout en s’assurant également d’être en constante évolution et de répondre aux besoins des clients, dans un monde qui bouge rapidement et un Québec de plus en plus multiculturel. Ainsi, petit à petit, les technologies ont fait leur apparition dans le cursus, mais aussi la finance comportementale.

« Avec l’avènement des robots et de l’intelligence artificielle, les planificateurs financiers ont plus de temps à consacrer à mieux connaître leurs clients, indique Jocelyne Houle-LeSarge, PDG de l’IQPF. Être planificateur financier, ce n’est pas juste manier des chiffres. Chaque client a son propre rapport à l’argent. Je dirais même que chaque communauté a sa propre culture de l’argent. Ce rapport, cette culture, les Pl. Fin. doivent bien les comprendre s’ils souhaitent aider leur clientèle à accomplir ses objectifs. »

QUID DE L’ORDRE?

De fait, les résultats sont là. Une étude menée fin 2017 par l’IQPF conclut que les Québécois qui font affaire avec un planificateur financier sont en meilleure santé financière, avance Mme Houle-LeSarge. Ils sont également moins stressés, dorment mieux et se disputent moins avec leur conjoint au sujet de l’argent.

Ce qui n’empêche pas la profession de souffrir d’un important déficit de notoriété. L’Institut mène régulièrement des campagnes de promotion afin de convaincre les Québécois des effets bénéfiques, voire parfois transformateurs, de la planification financière. Mme Houle-LeSarge croit également que la création d’un ordre des planificateurs financiers viendrait asseoir la crédibilité de cette profession.

« En 2008, l’Office des professions a rejeté notre demande, rappelle la PDG. Mais depuis, l’environnement financier et les besoins des Québécois ont beaucoup évolué. Notre demande est toujours active et nous n’avons jamais arrêté de la mettre à jour. Si demain, nous obtenions le statut de professionnels, nous serions prêts très rapidement. L’IQPF forme les Pl. Fin. et protège le public. Nous avons mis en place des normes de pratique et un code déontologique. Il ne resterait que l’encadrement disciplinaire, car nous n’en avons pas le mandat aujourd’hui. Mais on sait exactement ce qu’on devra faire. »

LA RELÈVE

Ce dossier demeure donc au cœur des préoccupations de la direction de l’IQPF et de son conseil d’administration. Tout comme le problème de la relève. Cette année, 341 nouveaux diplômes ont été remis par l’Institut et ce chiffre est en constante progression. Mais les départs à la retraite sont eux aussi croissants et les besoins des Québécois, de plus en plus criants.

« Les baby-boomers partent à la retraite et ils ne savent pas comment s’y prendre pour optimiser leur décaissement, indique Jocelyne Houle-LeSarge. Il va également y avoir toute la question du transfert de richesse entre les générations. Il y a du pain sur la planche pour les futurs planificateurs. »

La PDG croit d’ailleurs que le statut de professionnel serait de nature à attirer plus de jeunes vers cette carrière.

« Nous sommes très présents sur les campus universitaires, conclut-elle. Mais nous entrons en concurrence avec d’autres métiers, comme celui d’avocat, de comptable ou encore de notaire, qui, eux, bénéficient du statut de professionnel. Les jeunes rêvent d’une carrière intéressante et bien rémunérée dans laquelle ils pourront s’épanouir. Si nous étions encadrés par le système professionnel, c’est sûr qu’il y aurait plus de candidats. »

Un système professionnel qui, croit la PDG de l’IQPF, ferait en sorte d’attirer aussi plus de clients, l’encadrement par un ordre étant de nature à rassurer. Raison pour laquelle l’Institut compte bien continuer à mettre tout en œuvre pour convaincre l’Office des professions de la nécessité, pour l’avenir du Québec et des Québécois, de professionnaliser les planificateurs financiers.

Julie Raîche, présidente du CA de l’IQPF et VP régionale à la Banque Nationale

« Je suis convaincue que plus les gens sont bien préparés financièrement aux aléas de la vie, plus ils sont heureux. Y a-t-il plus beau métier que celui qui consiste à aider les autres à concrétiser leurs projets? On est des privilégiés de le faire et l’IQPF nous permet de le réaliser de la meilleure des façons. »

Sylvain B. Tremblay, président du CA de l’IQPF de 2016 à 2018 et VP Gestion privée à Optimum Gestion de Placements

« Grâce à l’IQPF, la planification financière a pris beaucoup de galon. Les Québécois sont aujourd’hui plus aptes à affronter l’avenir. Il y a 35 ans, des individus qui avaient réussi à accumuler 500 000 dollars de patrimoine, c’était très rare. Ça ne l’est plus aujourd’hui. Nous avons assisté à l’émergence d’une classe moyenne nantie. »

Natalie Hotte, membre du CA de l’IQPF de 1999 à 2007 et expert-conseil fiscal à la Financière Banque Nationale

« La rigueur et l’intégrité dans la démarche de l’IQPF assurent déjà aux Québécois qu’un Pl. Fin. agit à titre de chef d’orchestre permettant l’intégration des divers volets financiers qui l’entourent. Mais son défi pour l’avenir est de tenir mieux compte encore de l’aspect humain qui prévaut bien souvent dans les décisions financières que prennent les Québécois, au-delà de ce que nous pouvons leur apporter comme informations légales et chiffrées. »

Des moments marquants

1989 : Création de l’IQPF.

1992 : Première cohorte de Pl. Fin. diplômés.

1999 : La formation continue des Pl. Fin. devient obligatoire.

2003 : Publication de La Collection de l’IQPF, l’ouvrage de référence des planificateurs financiers, puis de la première édition des Normes professionnelles en planification financière incluant des normes déontologiques.

2004 : Dépôt de la demande de création d’un ordre professionnel des planificateurs financiers. En 2008, l’Office des professions du Québec rejette la demande.

2005 : Exigence du baccalauréat pour obtenir le diplôme de l’IQPF.

2008 : Lancement des Normes d’hypothèses de projection.

2015 : Les Normes d’hypothèses de projection sont publiées en collaboration avec le Financial Planning Standards Council (FPSC) et deviennent pancanadiennes.

2018 : Signature d’une entente avec FP Canada (anciennement FPSC) pour favoriser l’avancement de la planification financière au Canada.

Hélène Roulot-Ganzmann