Incertitude et marchés émergents font bon ménage

Par La rédaction | 6 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le spectre de la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine agite les marchés. Plusieurs gestionnaires de fonds conseillent de profiter de ce contexte incertain pour faire de bonnes affaires dans les marchés émergents, rapporte le Financial Post.

Lorsque l’administration Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers sur 1 300 produits chinois, le géant asiatique a répliqué en proposant un tarif additionnel de 25 % sur environ 50 milliards de dollars américains (63,8 G$ CA) de produits tels le soja, les automobiles et les avions. Effet immédiat sur les titres et les devises des pays émergents, qui ont chuté à leur plus bas niveau en deux mois, rappelle le quotidien.

Ce type de réaction exagérée du marché procure des occasions aux investisseurs, croit Simon Smiles, directeur en chef des investissements à UBS Wealth Management pour les clients à valeur nette élevée. UBS surpondère en ce moment les titres des marchés émergents ainsi que la dette brute en devises de ces marchés.

UN MARCHÉ CONFUS

De son côté, Gene Frieda, stratège mondial à Pacific Investment Management, soutient que la réaction du marché est confuse, car ce dernier n’a pas de comparatif récent à utiliser pour analyser la situation et évaluer les risques. Entre les tweets contre les géants du web (GAFA) et les menaces tarifaires contre la Chine, la confiance s’effrite. Pourtant, croit Gene Frieda, une entente négociée avant même l’entrée en vigueur des tarifs reste l’issue la plus probable.

Anders Faergemann est lui aussi d’avis qu’au final, les tensions pourraient bénéficier aux actifs des marchés émergents, puisque qu’elles entament la vision optimiste qui avait cours jusqu’alors d’une croissance mondiale synchronisée. Cela redonnerait de l’attrait à des produits à marge comme les actifs des marchés émergents. D’autant plus que les évaluations boursières reflèteraient déjà suffisamment la hausse de la volatilité.

« Tant que la riposte de la Chine aux provocations américaines demeure raisonnable, ce qui constitue notre scénario de base, les titres à revenu fixe devraient en bénéficier et l’attrait des marchés émergents devrait demeurer fort et profiter du retour des investisseurs à un état d’esprit semblable à celui de 2017 », prédit Anders Faergemann.

DU POSITIF… ET DU NÉGATIF

Une guerre commerciale aura un impact relatif sur les marchés émergents, puisque la Chine pourrait y acheter des produits comme le soja, les avocats et le vin qu’elle achètera moins des États-Unis, affirme Anastasia Levashova, gestionnaire de fonds à Blackfriars Asset Management, à Londres. Par contre, difficile de prévoir où s’arrêtera l’escalade des tensions.

Son de cloche similaire du côté de Kathy Jones, stratège en chef, revenu fixe, à Charles Schwab. « D’un côté, cela pourrait bénéficier à des producteurs agricoles comme le Brésil et l’Argentine, mais je doute que cela suffise à compenser les inquiétudes quant à un ralentissement de la croissance mondiale et du protectionnisme », confie-t-elle.

Sebastien Barbe, directeur de la recherche sur les marchés émergents et de la stratégie à Crédit Agricole CIB, est lui aussi confiant de voir les négociations déboucher sur une entente plutôt que sur une réelle guerre commerciale. Toutefois, si le risque d’un tel affrontement continue de s’intensifier, les devises asiatiques pourraient en souffrir le plus, car leurs économies et leurs chaînes d’approvisionnement sont plus ouvertes au commerce mondial que d’autres régions en développement.

Guerre commerciale ou pas, le marché sourira davantage aux investisseurs qui garderont la tête froide et sauront profiter des meilleures occasions.

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