Innovation de rupture ou innovation incrémentielle?

Par William-André Nadeau | 18 novembre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Pourquoi des entreprises comme Google, LinkedIn et Amazon réussissent-elles mieux en Bourse et ont-elles des revenus plus stables que BlackBerry, Apple, Nokia et Microsoft depuis quelques années?

Il semble que le type d’innovation qu’elles ont utilisé a changé avec les années.

L’innovation des produits et services occupe une place plus importante dans l’économie du savoir que dans les secteurs plus traditionnels.

Même si elle reste une question de survie pour de nombreuses entreprises, elle n’a pas été de la même portée, au fil des années, pour toutes les entreprises mentionnées précédemment.

Le type et le style de l’innovation sont les éléments principaux et les facteurs déterminants du succès d’une entreprise et de son maintien. C’est vrai aussi dans plusieurs secteurs catalogués comme traditionnels.

Le chercheur français Benoit Sarazin a identifié deux types d’innovation : l’innovation incrémentielle, qui consiste à améliorer les produits existants, et l’innovation de rupture, qui consiste en un changement de concept pour les clients : « en général, [elle] apporte aux clients des bénéfices radicalement supérieurs à un coût radicalement inférieur », selon M. Sarazin.

Le Cirque du Soleil a révolutionné le monde du cirque grâce à sa capacité quant à l’innovation de rupture.

BlackBerry, Nokia, Apple et Microsoft l’ont elles aussi utilisée pendant de nombreuses années, puisqu’elles ont révolutionné des procédés, ce qui les a amenées à devenir des chefs de file dans leur industrie.

C’est souvent ce qui arrive : le succès pousse les entreprises à se satisfaire de leur innovation, et c’est là que l’innovation incrémentielle prend le dessus, et que suivent la stagnation et le déclin progressif de la firme.

Dans le cas d’Apple, le décès de Steve Jobs a laissé un immense vide créatif et avant-gardiste, et la firme peine à surprendre les consommateurs à nouveau, c’est pourquoi les résultats financiers déçoivent les investisseurs depuis un an.

Dans le même ordre d’idées, le modèle d’affaires de Microsoft a été dépassé, en croissance annuelle, par celui de Google.

Le style de gestion joue un rôle majeur dans le fait qu’une entreprise demeure en état de rupture ou non. Les repères fondamentaux de la firme et la philosophie d’innovation des fondateurs influencent incontestablement son avenir.

En effet, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, est toujours à la tête de la firme et il poursuit sa philosophie d’innovation. Les fondateurs de LinkedIn et de Google sont toujours les dirigeants de leurs firmes. Guy Laliberté est toujours le principal actionnaire du Cirque du Soleil, et l’entreprise poursuit sur sa lancée.

Pour connaître l’évolution des revenus et des cours de ces deux types d’entreprises, consulter le tableau suivant.

* Tableau compilé par William-André Nadeau, le 12 novembre 2013

Liens pertinents :

William-André Nadeau est chroniqueur financier. Il publie tous les mois un billet traitant des marchés, de placements et de gestion.

Troupeau de moutons.

William-André Nadeau

William-André Nadeau est gestionnaire de portefeuille à Tactex gestion d’actifs. Il a accumulé 35 ans d’expérience dans le domaine des services financiers à titre de courtier, d’analyste et de gestionnaire de portefeuille. Sa spécialité : adapter ses connaissances des sciences humaines et de la finance comportementale à la gestion traditionnelle de portefeuille. Durant les années 1990, M. Nadeau a cofondé deux importantes firmes de gestion en épargne collective et une famille de fonds communs dont les gestionnaires étaient tous basés au Québec. Il a animé des conférences et des séminaires auprès de milliers de personnes au cours de sa carrière, en plus d’avoir coécrit des livres sur les finances personnelles, devenus best-sellers au début des années 1990. William-André Nadeau partage avec les investisseurs son expérience acquise sur les marchés financiers et ses observations sur leurs tendances en collaborant avec des journalistes financiers, des blogueurs et des animateurs de balados.