Insolite : l’Islande coupe les dettes de 100 000 ménages

Par La rédaction | 5 Décembre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Cette nouvelle peut sembler insolite à première vue, mais elle ne l’est peut-être pas tant que ça.

En Islande, le gouvernement a adopté la semaine dernière un plan pour alléger de 24 400 euros (35 400 $) les dettes immobilières des ménages, rapporte le site français Rue89. Le plan viendra en aide à 100 000 foyers… dans un pays de 320 000 habitants. Coût : quelque 1,3 milliard de dollars sur 4 ans.

On ne sait pas encore très bien qui parrainera ce programme, le gouvernement demeurant muet sur le financement. L’initiative inquiète le Fonds monétaire international, qui copilote le plan de redressement de l’économie islandaise : se montrant très réservé, ce dernier a tenu à préciser que la marge de manœuvre budgétaire pour de telles mesures était très réduite.

Quoi qu’il en soit, la question de la dette immobilière des ménages demeure problématique en Islande. Après la crise de 2008, le surendettement y a pris une telle ampleur qu’un service administratif, l’ombudsman de la dette, a été mis sur pied pour le traiter.

En effet, de nombreux Islandais se sont retrouvés en difficulté lorsque la crise a frappé leur État. Une partie de leurs dettes (pour l’achat d’automobiles, par exemple) était indexée sur des devises étrangères, et la dévaluation de 50 % de la couronne a entraîné sur-le-champ un gonflement du poids de leur endettement. En parallèle, pour les touristes occidentaux, cette étrange île nordique devenait soudainement très attrayante au point de vue devise.

Leurs emprunts immobiliers étaient, eux, assortis de taux d’intérêt indexés sur l’inflation. Or, cette dernière s’est envolée à la suite de la dévaluation de la monnaie islandaise. Enfin, avant la crise, les banques ne demandaient pas de mise de fonds aux acheteurs de maison, de sorte que de très nombreux Islandais se sont endettés à 100 % pour acquérir une propriété.

Le professeur d’économie Thorolfur Matthiasson, de l’Université de Reykjavik, a consacré une grande partie de sa réflexion à la question de l’endettement. Selon lui, l’Islande a très vite compris une chose : la remise de dette, dans une situation de crise de l’endettement, est la meilleure chose qui puisse arriver non seulement au débiteur, mais aussi au créancier.

Pour lui, saisir un bien n’a pas grand sens : « La banque devra garder l’appartement, il restera vide, elle ne touchera rien et elle paiera des taxes », a-t-il déclaré à Rue89.

Après des débats assez mouvementés, le gouvernement, les représentants du nouveau secteur bancaire et le syndicat patronal islandais se sont mis d’accord pour proposer des options aux ménages surendettées.

La rédaction