Insolite : quand les robots « écrivent » des articles financiers

Par La rédaction | 24 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Depuis quelques jours, l’agence Associated Press (AP) fournit à certains de ses clients des résultats financiers rédigés par… des robots!

Le but de cette révolution? Selon AP, « l’idée est d’utiliser la technologie pour permettre aux journalistes de faire plus de journalisme et moins de traitement de données ». Et aussi, bien sûr, d’améliorer la productivité tout en économisant de la main-d’œuvre.

Sur le plan technique, rapporte Le Figaro, le principe est simple : les algorithmes de la plate-forme Wordsmith (« l’artisan de mots », en anglais), d’Automated Insights, une société dont AP est actionnaire, vont puiser des informations-clés (chiffre d’affaires, bénéfice net, etc.) dans une banque de données spécialisée.

Puis ils produisent automatiquement un court texte présentant la situation de la compagnie, qui est ensuite envoyé aux clients de l’agence.

Parmi les clients, le magazine Forbes

Ce n’est pas la première fois aux États-Unis qu’une entreprise de presse a recours à la technique de l’écriture automatisée, notamment dans le domaine de la finance, où les articles sont souvent répétitifs.

Ainsi, le quotidien français Le Monde expliquait récemment que le système Quill (« plume »), développé par des chercheurs en intelligence artificielle de l’université Northwestern, près de Chicago, est exploité commercialement par une société baptisée Narrative Science.

Or, l’un de ses principaux clients est le magazine Forbes, qui l’utilise sur son site Web pour écrire de courts textes concernant les prévisions de bénéfices de certaines compagnies avant publication de leurs résultats.

Des banques, des courtiers et des agences de notation se servent également de Quill pour rédiger des rapports destinés à l’administration et à des agences de contrôle.

Un créneau prometteur

Le créneau du « robot journaliste » semble prometteur. Directeur commercial d’Automated Insights, Adam Smith affirme par exemple que sa société a produit plus de 300 millions de textes en 2013 et qu’elle dépassera le milliard cette année.

Parmi la douzaine de clients qui expérimentent le système Wordsmith figure le groupe de presse Gannett, propriétaire, entre autres, de USA Today et de Yahoo News.

Wordsmith peut aussi rédiger des annonces immobilières, des rapports dans le domaine du marketing, des bilans d’activités ou des comptes rendus de performances financières. « Avec les mêmes données [les cours de la Bourse], nous pouvons écrire des millions d’histoires différentes, chacune centrée sur l’évolution d’un portefeuille individuel », explique Adam Smith dans Le Monde.

Et d’autres acteurs arrivent sur le marché, comme la société française Yseop, qui a élaboré un algorithme capable de parler français, anglais, espagnol et portugais. D’après son co-fondateur, elle travaille déjà pour les services clients de plusieurs banques, ainsi que pour des sites d’information appartenant à des compagnies financières.

Si l’on en croit Kris Hammond, fondateur de Narrative Science, 90 % des informations lues par le grand public pourraient ainsi être générées par des ordinateurs d’ici à 2025.

La rédaction