Insolite : traiter la dépendance aux cryptomonnaies

Une célèbre clinique britannique de désintoxication, Castle Craig, vient d’annoncer qu’elle traitera désormais également la « dépendance aux cryptomonnaies ».

Dans un communiqué (en anglais) publié la semaine dernière, le centre anti-addiction indique être prêt à accueillir les premiers patients souffrant de cette pathologie dans le cadre de son programme intensif de lutte contre la dépendance aux jeux déjà en activité.

Créé il y a 30 ans, ce programme, qui traite également les personnes ayant des problèmes d’alcool et de drogue, utilise notamment la thérapie comportementale et cognitive, la thérapie des traumatismes ainsi que la thérapie équine.

« FUITE HORS DE LA RÉALITÉ »

« Extrêmement volatil et à haut risque, le marché des cryptomonnaies a de quoi séduire les joueurs compulsifs. Les monnaies virtuelles sont en effet un produit hautement spéculatif qui n’est basé sur aucun actif réel, ce qui fait qu’elles peuvent varier très fortement d’un jour à l’autre. Alors que certaines personnes y voient un moyen de s’enrichir rapidement, les autorités de régulation mettent au contraire en garde contre les risques que cette pratique comporte, risques qu’elles comparent souvent à ceux d’un casino », commente Chris Burn, thérapeute au centre anti-addiction.

En général, ajoute le spécialiste, cette forte volatilité « génère une forme d’excitation et aboutit à une fuite hors de la réalité » des personnes atteintes de « dépendance aux cryptomonnaies », phénomène qui a été amplifié par l’exemple du bitcoin, dont la valeur est passée de 1 000 dollars à près de 20 000 dollars entre janvier et novembre 2017, avant de retomber sous la barre des 7 000 dollars au printemps.

À l’instar du jeu compulsif, cette situation, qui peut être à la fois « excitante » et « addictive », finit souvent par être « financièrement désastreuse » pour les individus et leur entourage, indique Castle Craig dans un communiqué.

« UNE FORME DE DÉPENDANCE AU JEU »

« La dépendance aux cryptomonnaies est un sous-type de dépendance au commerce en ligne. Je la considère également comme une forme de dépendance au jeu », explique le Dr Mark Griffiths, spécialiste en dépendance comportementale à l’Université de Nottingham Trent, au Royaume-Uni.

Castle Craig souligne néanmoins que, contrairement à ce que certains médias britanniques avaient annoncé la semaine dernière, il n’a pas ouvert de nouveau service pour cette nouvelle forme d’addiction. « Nous traitons toutes les personnes compulsives, par exemple en matière de paris en ligne, ainsi que celles qui souffrent de dépendance aux monnaies virtuelles dans notre unité de réadaptation déjà établie », insiste le centre.