Institutions financières : croissance au Québec

Par La rédaction | 17 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’Autorité des marchés financiers vient de publier son plus récent rapport annuel sur les institutions financières. Sans surprise, la transformation numérique et l’endettement des clients retiennent l’attention.

Au Québec, l’industrie de la finance et de l’assurance génère plus de 6 % du produit intérieur brut (PIB). Elle a connu une croissance de 2 % en 2018, contre 1,9 % dans l’ensemble du Canada. À 17 %, son poids relatif au pays demeure toutefois stable depuis plusieurs années. Il reste surtout sous ce que l’on pourrait espérer, puisque la population du Québec représente plus de 23 % de la population canadienne. On retrouvait dans cette industrie 149 000 travailleurs, soit un peu plus de 4 % de tous les emplois du Québec. 

89 ASSUREURS DE PERSONNES

Le nombre de sociétés de fiducie et de sociétés d’épargne est resté le même (42) depuis dix ans. Les sociétés de fiducie gèrent 12,3 milliards de dollars en dépôts et 0,9 milliard de dollars en prêts hypothécaires, respectivement en hausse de 30,9 % et en baisse de 83 %. Le total des prêts hypothécaires gérés par les sociétés d’épargne a aussi baissé de 43,3 % en dix ans, alors que leur total de dépôts a augmenté de 9,7 %.

Le Québec compte par ailleurs 89 assureurs de personnes actifs. Les 17 assureurs québécois détiennent 53 % des parts de marché, contre 45,8 % pour les 44 assureurs canadiens. Les 28 assureurs étrangers se partagent 1,2 % du marché.

Les primes directes ont continué d’augmenter en 2018, comme elles le font depuis 2015. L’industrielle Alliance conserve la première place avec 19,4 % des parts de marché, contre 16,2 % pour Desjardins (en baisse légère depuis 2016) et 15,5 % pour Financière Sun Life. 

LA LOCOMOTIVE DESJARDINS

Le nombre de coopératives de services financiers a fondu au Québec en dix ans, passant de 495 à 262. Le total des dépôts des particuliers s’y établit à 99,1 milliards de dollars, en hausse de 46,8 % sur une décennie. Le total des prêts hypothécaires y a presque doublé, passant de 61 milliards de dollars en 2008 à 117,3 milliards de dollars en 2018 (+92,3 %). 

Le Mouvement Desjardins demeure bien sûr la locomotive de l’industrie au Québec, avec plus de 46 000 employés et près de 296 milliards de dollars d’actifs. Cet actif a presque doublé depuis 2009, époque où il représentait la moitié du PIB du Québec. À la fin de 2018, il équivalait à 68,2 % du PIB québécois. 

Cette importance systémique explique les pouvoirs accrus que s’est accordés récemment le gouvernement du Québec pour encadrer cette institution, notamment en ce qui a trait à la recapitalisation interne (bail-in). 

GRANDEURS ET MISÈRES DE LA TECHNO

L’AMF constate comme tout le monde l’émergence des fintech, assurtech, et bigtech, qui viennent modifier les modèles d’affaires. Elle y voit certains risques opérationnels, stratégiques, éthiques et financiers, notamment le risque de dépendance envers des fournisseurs, des risques réputationnels en cas de défaillance ou même des risques systémiques pour les institutions financières.

L’AMF a donc entrepris la rédaction d’une Ligne directrice sur la gestion des risques liés aux technologies de l’information et des communications. Elle a fait l’objet de diverses consultations auprès de l’industrie au cours de l’année 2018 et devrait être publiée en 2019.

L’ENDETTEMENT INQUIÈTE

Depuis plusieurs années, l’accès à l’emprunt a été facilité au Canada par la faiblesse des taux d’intérêt et la montée en valeur des propriétés résidentielles. En 2018, le taux d’endettement a atteint 174 % du revenu disponible, plaçant le Canada au 10e rang des 36 pays membres de l’OCDE. Le ratio du service de la dette est passé de 14,69 % à 14,87 % en 2018, s’approchant de son sommet historique de 14,88 %. 

Le taux d’endettement des ménages est inférieur au Québec comparativement à des provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, davantage touchées par la hausse des prix de l’immobilier. La dette totale des ménages québécois auprès des institutions financières était d’environ 350 milliards de dollars en 2018. Sans surprise, la dette hypothécaire représente environ 70 % de cette dette, laquelle est légèrement inférieure à l’ensemble du Canada. 

En 2018, les prêts hypothécaires résidentiels représentaient 63,2 % des prêts du Mouvement Desjardins, contre 42,3 % pour les six grandes banques canadiennes. Les prêts aux particuliers, incluant les prêts à la consommation et cartes de crédits, comptaient pour 13,7 % des prêts de Desjardins, contre 22,2 % pour les grandes banques. Ces dernières montrent un tiers de leur portefeuille de prêt en financement d’entreprises et de gouvernements, contre 23,1 % pour Desjardins. 

L’AMF a publié en juillet 2018 la Ligne directrice sur le traitement équitable des consommateurs en matière de crédit à la consommation. Elle espère que cela amènera les institutions financières à mieux accompagner les consommateurs qui sont en surendettement ou en voie de l’être.

La rédaction