Investissement responsable : la tendance toujours à la hausse

Par La rédaction | 24 janvier 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Les derniers chiffres le confirment : les années de croissance timide en matière d’investissement responsable (IR) sont bel et bien terminées. En date du 31 décembre 2013, ce secteur affichait un total d’actifs gérés évalué à 1000 milliards de dollars, une explosion de 68 % par rapport aux données de 2011.

Selon l’Association pour l’investissement responsable (AIR), les actifs gérés pour 2011 totalisaient 600 G$, soit une augmentation jugée modeste en comparaison avec celle de 517 G$ recensée pour 2009.

Comment expliquer une telle croissance au cours des deux dernières années? En grande partie par les grands fonds de pension et leurs gestionnaires institutionnels qui y ont recours plus fréquemment. En faisant passer la valeur de leurs actifs de 288 G$ à 821 G$, ces fonds de pension comptent maintenant pour plus de 80 % du total des actifs IR.

La croissance est également notable du côté des fonds communs de placement de détail. En moyenne, l’actif géré serait passé de 4,36 G$ il y a deux ans à 6,6 G$, une hausse de 52 %. Et ce n’est pas tout. Le volume total des actifs, incluant les fonds de capital de risque et les fonds communs a, quant à lui, atteint les 17,5 G$, une hausse de 30 %.

« On observe une croissance formidable dans ce secteur au Canada, a déclaré Deb Abbey, directrice générale de l’AIR. Bien qu’une croissance de 68 % soit considérable, elle demeure inférieure à celle observée sur le marché américain, croisance qui est évaluée à 76 %. Et puisque le marché européen affiche une hausse de 55 % pour la même période, on peut parler d’une croissance globale. »

Selon la directrice générale, bien que le secteur du détail soit à considérer dans l’équation, le milieu institutionnel demeure le moteur de cette croissance. Ceci permet de spéculer sur un possible effet de renversement, qui verrait ce même milieu institutionnel mener les discussions en matière d’investissement responsable au détriment du détail.

Mais, toujours selon Mme Abbey, les discussions iraient dans les deux sens. « Les fonds communs de placement au détail accomplissent la plus grande partie du travail lié aux principes de participation et d’engagement des entreprises au Canada, notamment à travers le vote par procuration. Ce genre de discussion ne fait que débuter dans le milieu institutionnel. »

« Plusieurs d’entre eux sont devenus signataires des Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies, et en sont actuellement à déterminer les stratégies permettant l’intégration d’une stratégie tenant compte des trois dimensions que sont l’environnement, le social et la gouvernance (ESG) au sein de leurs pratiques de gestion », ajoute-t-elle.

Comment instaurer l’IR

La stratégie la plus populaire à cet effet est l’engagement des actionnaires, suivie par l’intégration ESG, basée sur l’application de normes et de principes d’exclusion. La moins populaire : celle reposant sur l’identification des meilleures entreprises œuvrant dans des secteurs jugés problématiques.

Selon le rapport, les principes d’engagement des actionnaires incluent généralement des clauses visant les programmes de rémunération des cadres, les droits de la personne, les émissions de gaz à effet de serre, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, les pots-de-vin et la corruption.

Pour les entreprises opérant au moyen d’une stratégie d’exclusion, les produits les plus souvent ciblés sont les armes, le tabac, le nucléaire, le jeu, la pornographie, l’alcool et le bien-être des animaux.

L’avenir et ses possibilités

En général, les sondés en matière d’IR seraient plutôt optimistes au sujet de l’avenir de l’industrie. À preuve : 59 % d’entre eux anticipent une croissance modérée ou haute pour les deux prochaines années.

Les gestionnaires participants ont aussi été interrogés au sujet des nouveaux produits IR, plus précisément ceux répondant aux demandes de produits à basse teneur en carbone et/ou sans pétrole. Selon le sondage, plusieurs d’entre eux considéreraient la possibilité de lancer ce type de produits.

En dépit des chiffres encourageants et de l’esprit positif émanant de l’industrie de l’investissement responsable, Deb Abbey croit qu’il y a encore place à l’amélioration. « Par exemple, certains des plus grands fonds de retraite canadiens favorisant l’IR continuent d’investir dans les producteurs de tabac, d’armes et d’autres produits que les investisseurs responsables évitent habituellement. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire. »

Ce texte a été originalement publié sur Advisor.ca.

La rédaction vous recommande :

La rédaction