Investissements halal pour Wealthsimple

Par La rédaction | 24 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture

Le conseiller-robot Wealthsimple lance un portefeuille d’investissements halal pour les musulmans pratiquants souhaitant faire fructifier leur patrimoine en respectant la charia.

La charia est en fait un ensemble de normes et règles doctrinales, sociales, cultuelles et relationnelles constituant, pour les musulmans pratiquants, « le chemin pour respecter la loi [de Dieu] ». Elle peut donc parfois faire l’objet d’interprétations divergentes entre musulmans de différentes allégeances.

BOUDER LES INDUSTRIES DU VICE

Dans le contexte de la finance islamique, la charia interdit généralement l’investissement dans certaines compagnies et produits financiers. Par exemple, elle désapprouve les profits provenant de certaines formes d’intérêts, ainsi que de certaines activités commerciales reliées notamment à l’alcool, au tabac et aux jeux d’argent.

Encore là, les interprétations peuvent différer ou évoluer avec le temps. Par exemple, en décembre 2016, les nouvelles règles de l’Organisation de comptabilité et d’audit pour les institutions financières islamiques (AAOIFI) faisaient de l’or un investissement acceptable pour les musulmans, à condition que toute transaction soit réellement adossée à de l’or physique et soit réglée le jour même. Aucune règle claire n’existait avant cela au sujet de cet actif; les investissements halal n’étaient donc pas uniformes à cet égard.

RÉPONDRE À UN BESOIN

« Beaucoup de produits financiers courants sont inaccessibles pour les musulmans pratiquants, alors que bon nombre d’options conformes à la charia sont [coûteuses] ou ont des minimums élevés. Nous voulions offrir un portefeuille qui avait tous les avantages de nos autres portefeuilles tout en respectant les pratiques d’investissement islamiques, » explique Michael Katchen, président et cofondateur de Wealthsimple, par voie de communiqué.

Le portefeuille halal a été développé en collaboration avec le fournisseur d’indices boursiers MSCI et utilise une méthode approuvée par le comité d’experts de la charia de MSCI. Il utilise la même stratégie passive que les autres portefeuilles Wealthsimple, n’exige pas de minimum requis dans le compte et facture des frais variant de 0,40 à 0,50 % de l’actif sous gestion.

UNE CINQUANTAINE D’ACTIONS TRIÉES SUR LE VOLET

Le portefeuille est composé de 50 titres visant à maximiser la diversification et à suivre de près l’index islamique ACWI de MSCI. Les actions ont été sélectionnées suivant deux processus de vérification portant sur la nature de l’activité commerciale de l’entreprise et sur ses finances. Les entreprises engagées directement dans des activités touchant l’alcool, le tabac, les jeux d’argent ou l’élevage de porc ou tirant plus de 5 % de leurs revenus de ces activités sont tout bonnement écartées. Même chose pour celles qui tirent un important revenu d’intérêts ou profitent d’un fort effet de levier en s’endettant pour générer des bénéfices.

UN MARCHÉ INTÉRESSANT

Wealthsimple n’est pas la première institution financière occidentale à tenter une percée dans la finance islamique. En 2014, par exemple, Goldman Sachs annonçait l’émission de 500 millions de dollars de sukuk, des obligations islamiques. La Société Générale entendait faire de même, avec une émission de 320 millions de dollars de sukuk en Malaisie.

Par ailleurs, une première agence de finance islamique ouvrait ses portes en banlieue de Paris en septembre 2015. La société NoorAssur offre des solutions d’épargne et d’assurance, mais pas de compte courant. Certains produits sont très spécifiques à la communauté musulmane, notamment une assurance annulation rapatriement en cas de pèlerinage à La Mecque ou un contrat de responsabilité civile professionnelle « spécial mosquée ».

Selon l’Islamic Financial Services Board (IFSB), l’industrie financière islamique mondiale représentait en 2016 environ 2,38 billions de dollars canadiens. Les pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Oman, Qatar, Émirats arabes unis et Koweït) comptaient à eux seuls pour 801 trillions de dollars américains (1 T $CAN).

La rédaction vous recommande :

La rédaction