Investissements PSP s’attaque au salaire des dirigeants

Par La rédaction | 31 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les PDG et les administrateurs des grandes entreprises gagnent trop souvent des montants déconnectés de leurs performances, déplore l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP) dans son premier rapport sur l’investissement responsable.

Au cours de l’exercice 2017, lorsque la rémunération proposée des dirigeants ne correspondait pas au rendement de la société ou faisait l’objet d’une divulgation inadéquate des critères de rendement, les représentants d’Investissements PSP ont voté contre plusieurs propositions, indique l’Office dans ce document d’une trentaine de pages.

Le fonds s’est également opposé à plusieurs reprises à l’octroi d’indemnités de départ excessives de hauts dirigeants, comme les parachutes dorés, ou d’indemnités de départ à déclencheurs uniques à la suite d’une proposition de fusion ou d’acquisition.

« LA RÉMUNÉRATION DOIT ÊTRE LIÉE AU RENDEMENT »

L’Office estime que la rémunération des hauts dirigeants doit être « structurée convenablement pour accroître la valeur actionnariale tout en récompensant un rendement conforme ou supérieur aux objectifs ». En outre, la rémunération des administrateurs externes doit être « établie à un niveau financièrement intéressant, sans pour autant les rendre redevables à un émetteur ou compromettre leur indépendance ». De même, les montants versés à la direction doivent être suffisants « pour attirer, motiver et retenir des cadres hautement qualifiés, et être liés au rendement ajusté en fonction du risque ».

Investissements PSP indique également qu’il évalue les pratiques de rémunération « au cas par cas, en tenant compte de l’harmonisation de la rémunération au rendement ». Les salaires, primes et autres boni accordés au chef de la direction doivent être cohérents avec ceux des autres dirigeants et ils doivent être calculés « en fonction de cibles de rendement significatives pour la rémunération incitative à long terme ».

Plus globalement, le fonds dit soutenir « les propositions qui accroissent la divulgation sur la rémunération des hauts dirigeants et qui assurent une meilleure harmonisation des intérêts des hauts dirigeants avec ceux des actionnaires ».

« LES SOCIÉTÉS LES MIEUX GÉRÉES SONT PLUS RENTABLES »

« Tout part de la gouvernance. Les sociétés les mieux gérées vont générer les meilleurs rendements, a expliqué à l’agence QMI la vice-présidente de la division Investissement responsable de PSP, Stéphanie Lachance, précisant disposer d’un programme de dialogue avec les entreprises. On arrive souvent avec des positions qui peuvent soulever un débat et des oppositions. Ce n’est pas toujours [de tout repos]. »

Selon elle, un conseil d’administration fort et indépendant est en « meilleure posture pour diriger et contrôler avec succès une entreprise dans le but d’assurer la croissance de la valeur à long terme pour les actionnaires. »

Elle ajoute que les employés du fonds se déplacent « partout sur la planète pour rencontrer les directions des entreprises et faire valoir les arguments de PSP », car « on préfère les dialogues derrière des portes closes que sur la place publique ».

« PROMOUVOIR UN COMPORTEMENT RESPONSABLE »

Pour André Bourbonnais, président et chef de la direction d’Investissements PSP, c’est l’investissement responsable qui est au cœur de leur stratégie d’investissement, essentiel selon lui à la vérification diligente et à leur approche du portefeuille global. « Notre conviction est qu’un bon comportement d’entreprise et une solide gouvernance améliorent le rendement financier à long terme. ».

Le rapport décrit par ailleurs les initiatives de l’Office afin de promouvoir un comportement d’entreprise responsable et l’intégration des facteurs liés à l’environnement, à la responsabilité sociale et à la gouvernance [ESG] au sein des processus décisionnels. Parmi elles, on compte notamment l’identification, la surveillance et l’atténuation des enjeux ESG dans le portefeuille global ou encore la promotion d’une plus grande diversité des genres sur les conseils d’administration d’entreprises cotées à la Bourse de Toronto.

Avec près de 136 milliards de dollars d’actifs sous gestion au 31 mars dernier, Investissements PSP est l’un des plus importants gestionnaires de fonds pour des caisses de retraite au Canada. Créé en 1999, sa mission est d’investir les cotisations nettes au titre des régimes de pensions de la fonction publique fédérale, des Forces canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et de la Force de réserve. À ce titre, le fonds gère un portefeuille mondial diversifié composé de placements dans les marchés financiers publics, de placements privés et de placements immobiliers, en infrastructures, en ressources naturelles et en titres de créances privés.

Royaume-Uni : des grands patrons devront justifier leur rémunération

Avec l’adoption de nouvelles règles par le Parlement, les grandes sociétés britanniques seront désormais tenues de justifier les écarts de rémunération existants entre leurs dirigeants et leurs employés, rapporte Reuters.

Toutefois, souligne l’agence de presse, la nouvelle législation est « quelque peu édulcorée » par rapport à ce que projetait Theresa May. Lorsqu’elle a pris ses fonctions l’an dernier, elle avait en effet promis de mettre un terme à cette « face inacceptable » du capitalisme. La Première ministre indiquait alors vouloir, entre autres, que les conseils d’administration comprennent des salariés et que les actionnaires disposent d’un droit de vote contraignant concernant les montants accordés aux hauts dirigeants

L’ÉCART SALARIAL ENTRE PATRONS ET SALARIÉS SERA PUBLIÉ

« Je crains que le gouvernement n’ait botté en touche face à l’opposition des entreprises et cela ne présage rien de bon pour ce qui est de s’attaquer à ces gros problèmes », a déploré Frances O’Grady, présidente du Trades Union Congress, à la radio de la BBC.

Les nouvelles dispositions, qui s’appliqueront à toutes les sociétés cotées en Bourse, entreront en vigueur en juin 2018. Elles prévoient notamment que les comités de rémunération seront obligés de tenir compte de l’ensemble de la grille des rémunérations lorsqu’ils définiront les objectifs des dirigeants. En ce qui concerne la présence des salariés au sein des conseils d’administration, Reuters précise que les entreprises auront trois possibilité : désigner un administrateur non exécutif chargé de les représenter, créer un conseil ad hoc ou nommer un administrateur issus de leurs rangs.

En outre, les sociétés cotées seront tenues de divulguer l’écart salarial existant entre leur directeur général et leur salarié moyen.

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