Italie : 10 000 petits épargnants floués par des banques

Par La rédaction | 16 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Au moins 800 millions d’euros (1,2 G$) se sont évaporés avec la récente faillite de quatre banques régionales italiennes peu scrupuleuses, lésant plusieurs milliers de petits épargnants, rapporte Libération.

Au total, plus de 10 000 investisseurs sont concernés par la chute de la Banca Etruria, de la CariChieti, de la Banca Marche et de la Carife, dont certains ont « seulement » perdu quelques dizaines de milliers d’euros, tandis que d’autres y ont laissé les économies de toute une vie.

Ces quatre établissements leur avaient sciemment vendu des produits toxiques avant de faire faillite.

SCÈNES DE DÉSESPOIR

Face aux protestations des clients lésés, le gouvernement de Matteo Renzi a annoncé à la fin du mois de novembre un plan de sauvetage d’urgence des quatre banques représentant 3,6 milliards d’euros (5,4 G$).

Objectif : assurer la garantie des comptes courants de leurs clients. En revanche, les épargnants qui avaient souscrit des obligations « risquées », eux, n’ont pas été indemnisés.

Et depuis, le centre du pays, où opéraient les quatre institutions financières, est en proie à une véritable révolte et à des scènes de désespoir. La semaine dernière, un retraité de Civitavecchia s’est enlevé la vie après avoir découvert que ses économies de 110 000 euros (165 000 $) avaient entièrement disparu dans la crise de la Banca Etruria.

LE GOUVERNEMENT EN « CONFLIT D’INTÉRÊTS »

Pour sa défense, le gouvernement Renzi a mis en cause les autorités de contrôle, en l’occurrence la Banque d’Italie et la commission des opérations de Bourse. Il a également pointé du doigt la réglementation de l’Union européenne qui interdit, au nom du respect de la concurrence, le versement d’aides publiques plus importantes pour aider les épargnants floués.

Les associations de défense des consommateurs et les partis d’opposition accusent quant à eux le gouvernement d’avoir sauvé les banques, mais d’avoir sacrifié les petits épargnants. D’autant plus que le vice-président de la Banca Etruria n’est autre que le père d’une jeune ministre très proche de Matteo Renzi et souvent présentée comme un « modèle » de réussite et de rigueur…

L’écrivain Roberto Saviano, célèbre pour son combat contre la mafia, a été le premier à réagir en publiant un texte retentissant dans lequel il dénonce « le conflit d’intérêts » de la ministre en question et demande son départ.

« Le gouvernement ne devait pas s’occuper de la banque, ou alors il doit demander à la ministre de démissionner. […] Ce gouvernement doit être critiqué avec la même rigueur que celle que nous avons eue envers le gouvernement Berlusconi », écrit-il.

PLUSIEURS ONT PERDU CONFIANCE

Pour l’heure, Matteo Renzi tente de trouver des solutions pour calmer les petits épargnants lésés sans encourir de sanctions de la part de l’Union européenne. Le ministère de l’Économie a annoncé l’instauration d’un fonds de solidarité de 100 millions d’euros, qui sera alimenté par le fonds interbancaire de tutelle des dépôts, financé par le système bancaire.

Résultat, seuls les épargnants considérés comme « réellement » escroqués seront (partiellement) indemnisés. Beaucoup d’Italiens semblent donc avoir perdu confiance, ce qui les incite à se presser aux guichets de leurs banques pour retirer leurs économies.

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