Jacques Goulet : l’amour des défis

Par La rédaction | 20 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Nommé président de la Financière Sun Life Canada il y a tout juste deux mois, Jacques Goulet est d’abord un actuaire. Conseiller a voulu en savoir plus sur son parcours et sa vision du monde de la finance.

Originaire de Shawinigan, où ses racines sont « bien ancrées », le nouveau patron de Sun Life Canada explique qu’il a été très tôt intéressé par les mathématiques. C’est d’ailleurs sa professeure en secondaire trois qui l’a incité à découvrir le rôle d’actuaire.

Aujourd’hui, à la tête de Sun Life, sa mission officielle est d’aider les clients à atteindre une sécurité financière durable et un mode de vie sain.

« Je suis quelqu’un qui aime les challenges et j’ai vite compris que le fait de devenir un jour actuaire en était tout un… Je me suis donc donné comme objectif de relever ce défi, explique-t-il en entrevue avec Conseiller. Il y a un côté business dans l’actuariat qui est intéressant, c’est un secteur où on touche à l’assurance vie, aux régimes de retraite et à toutes sortes d’autres questions qui relèvent du monde de la finance. Et même si beaucoup de gens n’en ont pas toujours conscience, ce sont des domaines qui sont très importants dans leur vie, à commencer par les questions de sécurité financière et de préparation de la retraite. »

LE CÔTÉ HUMAIN

Au moment où il accepte de rejoindre Sun Life Canada, il a près de 30 années de service chez Mercer, multinationale spécialisée dans le domaine du conseil. En tant que président des domaines Santé et Avoirs, il y supervisait les activités de l’ensemble du groupe dans les secteurs de la retraite, de la santé, de l’expertise-conseil en placement et de la gestion de placements.

S’il a accepté de prendre la direction de la Financière Sun Life, précise le dirigeant, c’est qu’à ses yeux, elle représente « une compagnie incroyable ». C’est le côté humain du travail qui l’a séduit avant tout.

« J’ai eu envie d’accepter de prendre un poste d’importance dans cette entreprise qui a une histoire très riche et qui touche la vie des gens, parce que, quand on les interroge sur ce qui compte vraiment pour eux, on constate qu’ils parlent d’abord de sécurité financière ou de santé, raconte-t-il. Ils vont par exemple vous dire qu’ils s’inquiètent pour un parent âgé qui risque de ne pas avoir assez d’argent pour vivre jusqu’à leur mort, ou alors pour un membre de leur famille qui est gravement malade. Et la Sun Life touche directement à ces problèmes et intervient dans la vie de ces gens-là, ce qui pour moi est très motivant. »

Ceci dit, son mandat en est un de continuité. « Il n’y a aucun virage à 90 degrés à prendre », dit-il.

« MES CHALLENGES ONT ÉTÉ ENRICHISSANTS »

Son métier ne cesse de lui amener de nouveaux défis, reconnaît le dirigeant. « Même s’il a parfois été difficile de les relever, ces challenges ont finalement toujours représenté des périodes d’enrichissement. »

L’un d’entre eux a été de « trouver de nouveaux talents dans le métier » lorsqu’il était au Canada, en Europe ou, dernièrement, aux États-Unis. Aux jeunes qui arrivent sur le marché, le dirigeant conseille d’ailleurs d’être prêt à prendre des risques. « Souvent, on hésite à faire telle ou telle chose, mais finalement on se rend compte qu’il y a toujours un filet en bas pour vous rattraper. Je pense que les gens qui débutent dans ce métier doivent sortir de ce qu’on appelle la zone de confort, savoir prendre des initiatives et ne pas attendre que les choses leur arrivent toutes prêtes dans la bouche. Autrement dit, il faut se porter volontaire, être proactif et identifier des besoins et proposer des solutions pour y répondre. »

Dénicher des talents exige du temps et beaucoup d’effort, rappelle-t-il. « Rassembler les salariés derrière une vision, derrière des objectifs, et s’assurer que toute la machine se met bien marche est un beau défi. »

Exercer sa profession dans différents pays et au contact de cultures variées l’a d’ailleurs beaucoup aidé.

« J’ai travaillé au Canada, en France, en Suisse et aux États-Unis, mais quand j’étais en poste en Europe, mes responsabilités s’étendaient à une quinzaine de pays, puisque je couvrais une zone allant de la Norvège au Portugal. Et cette expérience m’a permis de développer beaucoup mon savoir-faire. »

« NOS PRODUITS SONT COMPLIQUÉS »

Pour lui, les grands enjeux actuels de l’industrie sont l’augmentation de l’espérance de vie, les coupures budgétaires effectuées par les gouvernements et par les employeurs.

« Le défi pour l’industrie est de mieux répondre aux besoins des consommateurs. Nos produits sont compliqués, un produit comme l’assurance vie n’est pas quelque chose de facile à comprendre pour M. et Mme Tout-le-Monde. Je pense qu’on a du travail à faire pour simplifier tout cela, pour [faire tendre|] les gens [vers] des objectifs qui ne soient pas toujours à court terme, et les amener à réfléchir à ce qui pourrait les aider à avoir une vie meilleure dans l’avenir. Ça, c’est un véritable challenge pour nous, et pour l’ensemble de l’industrie. »

Autre défi : l’augmentation de la réglementation dans l’industrie, que ce soit en Europe ou ailleurs dans le monde. Dans le cas d’une entreprise comme la Sun Life, le dirigeant affirme considérer ces développements positifs. « À condition évidemment que la réglementation ne devienne pas trop lourde, nuance-t-il. Si on avance en matière de simplification et de transparence, je pense que c’est une bonne chose. »

« UN CONSEILLER DOIT SAVOIR ÉCOUTER »

Le métier de conseiller est selon lui promis à un bel avenir.

« Quand on sait que l’espérance de vie augmente et que les questions de santé occupent une place de plus en plus importante dans notre société, je pense que le métier de conseiller, qui consiste à travailler directement avec les gens, est important. Les gens doivent pouvoir compter sur quelqu’un qui soit là en cas de crise, qui les rassure et leur dit de ne pas paniquer quand le marché a chuté de X %, parce que cela leur évite d’adopter cette mauvaise stratégie qui consiste à acheter quand le prix est haut et de revendre quand le prix baisse. »

Pour réussir dans le métier, il faut néanmoins posséder certaines qualités, estime le patron de la Sun Life. À commencer par savoir écouter. « Il y a des gens qui sont bons pour parler mais quand vient le temps d’écouter les autres, ils sont moins à l’aise. Or, il est primordial de comprendre les besoins du client et de voir de quelle façon ils évoluent dans le temps. »

Cette capacité à connecter « émotionnellement » avec les gens, conjuguée à de solides études et à de bonnes connaissances sur le plan technique, est cruciale. « Il faut bien comprendre les besoins des clients et leurs inquiétudes. C’est pour cela que si les robots nous aident beaucoup dans notre travail, ils ne supplanteront pas les humains dans le futur mais resteront, à mon avis, des partenaires. »

La rédaction