La Bourse française préfère la gauche

Par La rédaction | 8 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Various directions

D’instinct, d’aucuns pourraient penser que les marchés financiers ont tendance à prospérer sous des gouvernements de droite et à être plus vulnérables lorsque la gauche est au pouvoir. En France, depuis plus de 40 ans, c’est pourtant exactement l’inverse qui se produit, révèle le quotidien économique Les Echos.

À partir de Datastream, la plateforme de données de Thomson Reuters couvrant de 1974 à 2017, la firme française de gestion d’actifs Amundi évalue que l’indice MSCI France a progressé de 13 % par an en moyenne sous des gouvernements de gauche et de seulement 2 % lorsque la droite était au pouvoir. La France a aussi mieux fait que le MSCI Europe sous un gouvernement de gauche (+3 % en moyenne), alors qu’elle sous-performait sous la droite (-2 % en moyenne).

Un constat jugé paradoxal par Ibra Wane, stratège actions et auteur de l’étude, puisque l’on pourrait penser que le marché se porte mieux sous la direction de chefs d’État dont les orientations politiques lui sont favorables. « Dans les faits, statistiquement, cela ne se vérifie pas, constate-t-il. Après, il est plus facile d’en faire le constat que d’en tirer des explications précises. »

LAURENT FABIUS, CHAMPION DES MARCHÉS

C’est sous le gouvernement socialiste de Laurent Fabius, qui a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et du Tourisme jusqu’en 2016 dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, que le marché des actions de Paris a connu ses meilleurs moments, avec une progression de 50 %. Nommé premier ministre le 6 décembre 2017, Bernard Cazeneuve a vu ce marché progresser de 36 %, la deuxième meilleure performance depuis 1974.

Le premier ministre Dominique de Villepin (2005-2007), qui arrive en tête des gouvernements de droite, a dû se contenter de 22 %. Ça s’est moins bien passé pour ses collègues Jean-Pierre Raffarin, Jacques Chirac et François Fillon. De 2002 à 2005, sous Raffarin, la Bourse a régressé de 2 %. Elle a perdu respectivement 4 % et 5 % en 1974-1976 et 1986-1988 sous Chirac. Et elle a subi une dégringolade plus sérieuse (-11 %) sous François Fillon (2007-2012).

SIMPLE QUESTION DE CHANCE?

Est-ce à dire que les politiques de la gauche ont favorisé l’essor des marchés boursiers alors que celles de la droite les ont entravées? Ce n’est pas si simple. « Ce qu’il faut avoir en tête, c’est à quel moment du cycle [économique] la gauche ou la droite a remporté les élections », soutient Ibra Wane.

De fait, le contexte économique mondial a probablement eu beaucoup plus d’impact sur les rendements du marché parisien des actions que les politiques des gouvernements successifs. La poussée de fièvre des actions dont a bénéficié Bernard Cazeneuve depuis son arrivée en poste vient directement de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, laquelle a provoqué une flambée de 36 % sur les marchés. Son prédécesseur Manuel Valls, qui menait un programme politique fort semblable à celui de Cazeneuve, a dû faire face à la chute du prix du pétrole et aux craintes de récession aux États-Unis et en Chine entre 2014 et 2016. Conséquemment, le MSCI français n’a alors progressé que de 2 % par an.

Ces facteurs extérieurs comptent énormément. François Fillon est devenu premier ministre quelques mois à peine avant la crise des subprimes américaine, laquelle a été suivie d’une crise dans la zone euro. Jacques Chirac n’a guère été plus chanceux. En 1974, il a subi les affres du premier choc pétrolier, suivi d’une récession l’année suivante. Lorsque son successeur, Raymond Barre, se pointe à l’Élysée, il profite des effets de la relance, laquelle entame une succession de quatre années de forte croissance. Conséquence : le marché régresse de 5 % en moyenne par an sous le premier et croît de 10 % par an, toujours en moyenne, sous le second.

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