La Chine détrône les États-Unis

Par La rédaction | 10 Décembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« It’s official: America is now No. 2 »… Curieusement, la petite révolution qu’évoque ce titre d’une chronique de Brett Arends, éditorialiste de renom à Market Watch, n’a guère fait la manchette des journaux en Amérique du Nord.

Pourtant, Brett Arends n’hésite pas à parler d’un véritable « séisme géopolitique » pour qualifier le fait que les États-Unis ne sont plus la première puissance économique mondiale, une place qu’ils occupaient depuis la fin du XIXe siècle, succédant à l’Empire britannique.

En effet, après être devenue en 2013 la principale puissance commerciale du monde, avec un volume d’échanges supérieur à celui de nos voisins du Sud, l’Empire du Milieu est désormais, d’après les données du Fonds monétaire international (FMI), la première économie de la planète par l’importance de la richesse réelle qu’elle produit annuellement.

Un PIB « corrigé » de 17 630 milliards

Concrètement, les experts du FMI ont calculé que, mesurés en termes de « parité de pouvoir d’achat », un indicateur qui permet de mieux comparer les performances économiques des nations (voir « Tout dépend des indicateurs… » ci-dessous), son produit intérieur brut (PIB) devrait tourner autour de 17 630 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, contre près de 17 420 milliards de dollars pour le PIB étasunien.

Et l’organisation internationale prévoit que l’écart entre les deux superpuissances ne fera que s’accroître dans les années à venir.

Si cet événement, que le FMI et la Banque mondiale anticipaient de longue date, a peu retenu l’attention, c’est d’une part parce que les calculs faits conjointement par ces deux institutions sont très techniques, et d’autre part parce que, sur le plan politique, ce changement n’arrange ni les Chinois ni les Étasuniens, estime Le Figaro.

Deux géants économiques très discrets

En effet, explique le quotidien français, la Chine n’a guère d’intérêt à se vanter de cette progression. La raison? Comme le FMI la classe dans la catégorie des « pays émergents et en développement » par le niveau de vie de ses habitants, cela lui donne des droits spécifiques durant les négociations internationales.

Quant aux Étasuniens, si leur rétrogradation au deuxième rang « n’enlève certes rien à leur puissance militaire, monétaire ou à leur pouvoir d’influence idéologique », il n’en demeure pas moins que cette « dégradation » symbolique n’est pas du goût du Congrès à majorité républicaine, « traditionnellement hostile à la montée en puissance de la Chine, taxée de concurrence déloyale », souligne Le Figaro.

Tout dépend des indicateurs…

Calculé selon les taux de change officiels, le PIB nominal des États-Unis a été de 16 800 milliards de dollars l’an dernier, tandis que celui de la Chine était « seulement » de 8 905 milliards. Toutefois, ces données ne reflètent qu’imparfaitement la réalité, puisque la vraie valeur des biens et des services dans ces deux pays est très différente.

Pour corriger les taux de conversion des différentes monnaies tels qu’ils sont fixés sur les marchés des changes, les statisticiens du FMI et de la Banque mondiale ont donc élaboré une méthode permettant de mieux prendre en compte ce que permettent d’acheter localement les devises de chaque pays.

Intitulé « parité de pouvoir d’achat » (PPA), cet outil indique ce qu’il est réellement possible d’acquérir sur place avec la monnaie d’un pays à partir d’un« panier » recensant les prix de plus de 3 000 produits et services.

C’est pour cette raison que, selon beaucoup d’économistes, le PIB mesuré en PPA constitue le meilleur moyen de comparer les performances économiques d’une nation à l’autre.


La rédaction