La Chine s’enfonce, les investisseurs en profitent

Par Cimon Plante | 28 mai 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Il est facile de reconnaître que l’origine de la crise financière actuelle provient des États-Unis. Sa bulle immobilière et l’ingénierie financière qui en a découlé ont infecté, dans un deuxième temps, l’Europe. La contamination pourrait maintenant se transmettre jusqu’en Chine.

Pour mieux comprendre la situation, revenons en arrière. Le 21 février 2002, la Banque centrale chinoise a baissé le taux d’intérêt sur les dépôts bancaires à 0,72 %. Le taux est resté à ce niveau durant les six années qui ont suivi.

Cependant, c’est probablement le contrôle de ce taux qui a alimenté la bulle immobilière en Chine. Dans la première moitié de 2008, l’inflation était à 7,90 %. Autrement dit, un épargnant chinois perdait 7,20 % (taux d’intérêt moins inflation) par année, en investissant dans un compte épargne à la banque.

Les Chinois sont donc passés à l’offensive : ils se sont tournés vers la spéculation immobilière afin d’améliorer le rendement de leurs épargnes.

Avant la répression des taux d’épargnes mentionnés plus haut, les investissements immobiliers résidentiels comptaient pour 2,40 % du produit intérieur brut du pays. Selon le Bureau national des statistiques de Chine, ce taux s’est chiffré à 13,00 % en 2011. L’argument principal soutenant ces investissements massifs est qu’il y a actuellement une migration majeure des habitants en milieu rural, vers les villes côtières de la Chine. Mais ce raisonnement est quelque peu faussé.

De 2000 à 2003, la venue de paysans en ville a atteint son paroxysme, soit 24 millions d’habitants par année. Pendant cette période, les nouvelles mises en chantier résidentielles sont passées de 240 millions de mètres carrés par année à 440 millions de mètres carrés par année. Après coup, la migration a diminué à 19 millions de personnes par années. Cependant, le développement résidentiel n’a pas ralenti. Six ans plus tard, les mises en chantier atteignaient 1 290 millions de mètres carrés par année. De plus, selon le gestionnaire Hugh Hendry, 18 % de la population de Beijing possède maintenant au moins deux résidences.

Donc, ce qui semble être le vrai moteur des mises en chantier, ce n’est pas nécessairement le besoin de la population, mais plutôt la croissance des prix des maisons, qui sert de solution de rechange aux dépôts bancaires.

Lorsque nous regardons ces données, nous ne pouvons nous empêcher de penser à la bulle immobilière américaine. Cependant, certains diront que les Chinois ne sont pas aussi endettés que les Américains et que les critères de prêts hypothécaires chinois sont plus stricts. Avancer cet argument reviendrait à nier le système bancaire souterrain chinois. Selon un article du Wall Street Journal du 25 octobre 2011, 22 % des nouveaux financements en Chine se font par financement « souterrain », qui est un type de financement non réglementé et hors bilan financier. Il est donc difficile de calculer l’endettement réel des Chinois.

De plus, les mécanismes inflationnistes utilisés par la Réserve fédérale américaine au cours des dernières années ont forcé des augmentations de salaire des employés chinois dans le secteur manufacturier. Il devient plus difficile pour les propriétaires d’entreprises œuvrant dans ce secteur de déménager leurs usines à l’intérieur du territoire chinois afin de trouver de la main-d’œuvre à meilleur marché. Ceci indique une hausse du prix des biens exportés par les Chinois. Il sera probablement plus difficile pour le gouvernement chinois de soutenir tous ces projets d’infrastructures par suite d’une réduction des exportations.

Bref, tout ceci pourrait amener des retraits de capitaux en Chine et mener les investisseurs à s’intéresser à des régions plus intéressantes.

Pensons aux États-Unis. Même si ce pays est à l’origine de la crise, il semblerait, selon plusieurs gestionnaires, qu’il sera la première région à bondir du marasme actuel.

L’impact de la crise financière est actuellement évalué dans le prix des actions. Les projets du gouvernement américain visant l’indépendance énergétique par le biais des projets de gaz de schistes vont bon train, les dépenses dans les infrastructures devraient créer des emplois, et la valeur du dollar américain favorise l’exportation.

Lorsque le taux de chômage diminuera, la confiance envers cette économie se fortifiera et le marché américain tirera profit du marasme européen et des défis qui attendent les Chinois.

En tant qu’investisseur nous ferons toujours face à des défis et des opportunités. Il s’agit de bien allouer son capital afin de maximiser ses probabilités de rendement.

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J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mes opinions et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale.

Cimon Plante