La COP26, un « point d’inflexion »

Par Aaron White | 27 octobre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Des dollars glissés à travers la fente d'une vitre, d'un côté on voit les dollars américains, de l'autre les billets deviennent de la terre sur laquelle sont plantés des panneaux solaires et des éoliennes.
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La Conférence des Nations unies sur le climat, qui aura lieu à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre, devrait clarifier les perspectives pour l’économie, croit Aaron White, vice-président, investissement durable, Gestion d’actifs CIBC.

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Chaque année depuis 1995, les dirigeants du monde entier se rencontrent pour discuter de la crise du climat lors d’une « conférence des parties », ou COP. Ces parties sont les 197 pays qui ont ratifié la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. La COP la plus mémorable fut la 21ème, en 2015, lorsque l’Accord de Paris a été conclu en vue de limiter le réchauffement climatique à 2°, et idéalement à 1,5°. Des objectifs et plans d’action avaient alors été adoptés par chaque partie pour respecter cette limite.

La COP de cette année, la 26ème, sera également importante, car ce sera la première fois que les parties réviseront leurs contributions et leurs engagements de Paris, dans un contexte où le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat vient d’annoncer que le climat est en pis état que dans les scénarios qui avaient été anticipés, et que seule une action concertée immédiate pour atteindre la carboneutralité en 2050 allait permettre d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. C’est aussi le grand retour des États-Unis autour de la table, sous l’administration Biden.

« Dans les dernières années, nous avons vu se multiplier les phénomènes météorologiques extrêmes comme les feux de forêt, les sécheresses et les fortes pluies dans la majeure partie du monde, et le lien avec les changements climatiques est établi. Plusieurs gouvernements ont déjà commencé à accélérer leurs démarches, avec en premier lieu l’Union européenne qui s’est engagée à réduire ses émissions de 55 % d’ici 2030, et beaucoup d’entreprises ont exprimé leurs ambitions d’atteindre la carboneutralité. Nous allons probablement voir un consensus se former durant la COP26 sur le besoin d’une action immédiate encore plus significative que ce qui était convenu auparavant », observe Aaron White.

« La carboneutralité va devenir une cible de choix, et elle va nécessiter un virage important dans l’économie mondiale. On peut s’attendre à des initiatives politiques et à des annonces liées aux investissements dans l’énergie et les infrastructures vertes », poursuit l’expert.

Selon lui, les gouvernements vont pousser les entreprises à l’action à l’aide de mesures incitatives comme les marchés du carbone.

« Il y a le potentiel de voir émerger un prix du carbone mondial. Nous aurons bientôt une meilleure idée de ce que l’avenir nous réserve en termes de coûts des émissions de gaz à effet de serre, et de leur impact sur les coûts globaux des entreprises. Nous n’avons pas encore de norme mondiale sur la fiscalité du carbone, et on pourrait voir s’ériger des barrières douanières au carbone, pour compenser le coût des émissions dans les marchés intérieurs et s’assurer que les entreprises locales ne sont pas pénalisées par des taxes carbone inférieures dans les autres pays », entrevoit Aaron White.

Les investisseurs devraient porter de plus en plus attention aux secteurs verts de l’économie, selon lui.

« Il y a de plus en plus d’intérêt pour les titres verts et l’énergie renouvelable, mais la COP26 va sans doute accélérer la tendance. Les entreprises plus vertes vont profiter du fait que celles qui polluent vont présenter des risques plus élevés. Le secteur de l’énergie va devoir investir pas moins de 130 billions d’ici 2050 si on veut réussir la transition de l’économie mondiale. La COP26 va clarifier un peu qui vont être les gagnants et les perdants dans l’allocation du capital. Beaucoup de risques et occasions vont se présenter aux investisseurs à mesure que se transforme l’économie et que s’implantent de nouvelles façons de penser », croit Aaron White.

« La conférence devrait aussi renforcer l’importance de l’innovation face à la plus grande crise à laquelle les humains n’aient jamais fait face. La croissance du coût des émissions de carbone va renforcer le besoin de nouveaux produits et services pour adopter le changement », poursuit l’expert.

M. White cite l’exemple de producteurs d’acier suédois qui ont entamé conjointement la transition à l’hydrogène en remplacement du charbon. Les innovations de ce type devraient se multiplier après la COP26, selon lui.

« Les entreprises devront jouer leur part dans les efforts d’élimination et de séquestration du carbone à mesure que les coûts des émissions vont grimper. De nouvelles technologies vont émerger à mesure que le capital devient disponible. Nous sommes à un point d’inflexion dans cette crise, et comme pour tout événement transformateur, les investisseurs qui restent attentifs aux développements seront récompensés avec un niveau de risque amoindri et d’excellentes occasions de placement. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Aaron White

Vice-président et gestionnaire de portefeuille de clients Placements durables Aaron White fait partie de l’équipe Gestion d’actifs institutionnels. Il se concentre sur les placements durables et l’amélioration des capacités ESG de l’entreprise, y compris l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et la communication avec les clients. Il gère et crée également des solutions de placement durables et efficaces pour les clients actuels et potentiels ainsi que les conseillers. Avant d’occuper son poste actuel, M. White a occupé les postes de gestionnaire de portefeuilles de clients et de directeur en chef, Ventes régionales au sein de Gestion d’actifs CIBC. De concert avec des conseillers financiers, il a amélioré la répartition de l’actif des investisseurs et optimisé la constitution des portefeuilles. Il a commencé sa carrière à titre de spécialiste des solutions gérées et du soutien aux ventes, à Placements CI. M. White est titulaire d’un baccalauréat en éducation de l’Université McGill et détient le titre de gestionnaire de placements agréé.