La dette des ménages atteint un nouveau sommet

Par La rédaction | 16 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

La dette des ménages canadiens a tristement fracassé un nouveau record au troisième trimestre, a indiqué lundi Statistique Canada.

Le niveau d’endettement des Canadiens, soit le ratio de leur dette au revenu disponible, s’est établi à 163,7 %, comparativement à 162,7 % au deuxième trimestre. Autrement dit, chaque ménage au pays a contracté une dette moyenne d’environ 1,64 $ pour chaque dollar de revenu disponible.

« Cette détérioration était attendue, alimentée par la stagnation de la croissance des revenus combinée à un emprunt toujours copieux », commente l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, cité par La Presse canadienne.

MONTANT TOTAL DE LA DETTE : 1 892 G$

« Les vigoureux marchés du logement en Colombie-Britannique et en Ontario font grimper la croissance des hypothèques, ce qui a le dessus sur la faiblesse dans les régions productrices de pétrole, ajoute-t-il. D’un autre côté, le déclin soutenu des prix du pétrole et des autres matières premières ralentit la croissance des revenus. »

La dette totale des ménages sur le marché du crédit, incluant le crédit à la consommation, les hypothèques et les prêts non hypothécaires, atteint désormais 1 892 G$, précise Statistique Canada. Plus précisément, le crédit à la consommation se chiffre à 572,3G$, tandis que les hypothèques totalisent 1 234 G$.

Pour sa part, le ratio du service de la dette des ménages, correspondant au total des paiements obligatoires de capital et d’intérêts en proportion du revenu disponible ajusté pour tenir compte des intérêts payés, a glissé à 13,6 %. Quant au ratio du service de la dette correspondant aux intérêts versés sur les emprunts hypothécaires et non hypothécaires en proportion du revenu disponible, il a reculé à un creux historique de 6,1%.

L’ENDETTEMENT AUGMENTERA ENCORE

L’endettement personnel et le marché du logement sont des sources d’inquiétude pour les économistes et les décideurs politiques, souligne La Presse canadienne.

Pour tenter d’assainir la situation, Ottawa a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures visant à stabiliser le marché de l’immobilier, en exigeant notamment des mises de fonds plus importantes pour les habitations de plus de 500 000 $.

Mais ces nouvelles règles ne concerneront qu’un petit segment de l’ensemble du marché du logement et n’empêcheront pas le niveau d’endettement de continuer à progresser en 2016, selon l’économiste Diana Petramala.

Jusqu’à présent, la faiblesse des taux d’intérêt a aidé les consommateurs à gérer leurs dettes, mais plusieurs observateurs s’inquiètent de ce qui pourrait advenir lorsque ceux-ci auront été relevés, note La Presse canadienne.

L’endettement, une « vulnérabilité »

La Banque du Canada (BdC) a publié hier sa dernière livraison de la Revue du système financier, qui passe au crible les principales vulnérabilités économiques et financières au pays. Celles-ci sont, dans l’ordre : le niveau élevé d’endettement des ménages, les déséquilibres dans le marché du logement et la liquidité incertaine des marchés de titres à revenu fixe.

D’après la banque centrale, l’endettement « augmente sous l’effet de la vigueur de la croissance du crédit hypothécaire, elle-même favorisée par la faiblesse des taux d’intérêt et la hausse des prix des logements. Comme les revenus ne s’accroissent pas au même rythme, l’endettement des ménages s’alourdit ».

DES PERTES POUR LES PRÊTEURS?

Avec le temps, le phénomène s’est concentré chez les jeunes ménages, « peut-être moins préparés financièrement à subir une perte d’emploi ou une montée inattendue des taux d’intérêt », observe-t-elle.

Sa conclusion? « Le secteur des ménages est moins résilient et, en période de tensions, les défaillances pourraient se multiplier et entraîner des pertes pour les prêteurs. Cependant, suivant le scénario le plus vraisemblable, cette vulnérabilité devrait se dissiper graduellement, à la faveur de la progression de l’économie et des revenus ainsi que du lent retour à la normale des taux d’intérêt. »

Si « les vulnérabilités du secteur du logement se sont légèrement accentuées », le niveau de risque global pesant sur le système financier canadien « est toutefois resté à peu près inchangé depuis juin » et ce dernier « demeure résilient », affirme la BdC.

La rédaction vous recommande :

La rédaction