La Fed a « égaré sa boussole »

Par La rédaction | 15 septembre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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À quelques jours de la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale, il est bien difficile de savoir si celle-ci optera pour le statu quo ou décidera de relever ses taux pour la première fois depuis 2006, rapporte Le Monde.

Dans un point de vue publié hier par le quotidien français, Olivier Raingeard, économiste en chef de la banque privée Neuflize OBC, à Paris, note que lors de la dernière conférence annuelle des banquiers centraux, il y a deux semaines, le vice-président de la Fed avait assuré que la décision n’était pas encore prise.

UN INCONSCIENT MARQUÉ PAR LE PASSÉ

Selon l’économiste, « l’extrême prudence de la banque centrale américaine dans sa stratégie de normalisation de l’environnement monétaire tient de l’histoire économique des États-Unis ».

En effet, explique-t-il, la crise économique des années 1930 « a marqué l’inconscient des banquiers centraux américains », notamment parce que l’institution avait mal géré le krach de 1929 puis avait précipité la rechute de l’économie nationale en 1937 « en durcissant les conditions monétaires trop tôt »…

« Il est néanmoins surprenant de constater qu’aujourd’hui ce resserrement monétaire dépend de quelques statistiques (emploi, inflation, etc.), qui sont en plus traditionnellement révisées d’un mois à l’autre », souligne Olivier Raingeard.

ABSENCE APPARENTE DE RÈGLE

Une observation qui lui fait dire que la Fed « semble avoir des difficultés à ériger une règle de politique monétaire dans un environnement économique et financier particulièrement complexe ». Ainsi, en juin 2013, son président d’alors, Ben Bernanke, précisait que « le niveau exceptionnellement bas du taux directeur serait approprié au moins aussi longtemps que le taux de chômage demeurerait au-dessus de 6,5 % ».

Or, deux ans plus tard, écrit l’économiste, « le taux de chômage s’inscrit à 5,1 % et le niveau des taux d’intérêt, inchangé, dépend désormais de la conjoncture ».

Cette « apparente absence de règle » est risquée, soutient-il, puisque n’ayant « plus de règle claire » et étant « dépendantes de la conjoncture », les décisions de la Réserve fédérale se trouveraient « nécessairement influencées par les quelques statistiques à venir ».

« Les coûts potentiels attenants à ce comportement tiennent alors dans l’instabilité financière et le mauvais guidage des anticipations des agents économiques », conclut Olivier Raingeard.

Dans ces conditions, le récent retour de la volatilité sur les marchés financiers « pourrait donc résulter, non pas des inquiétudes récurrentes sur l’état de l’économie chinoise, mais du fait que la toute puissante banque centrale américaine ait égaré sa boussole ».

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