La femme de 10 milliards

Par La rédaction | 14 septembre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Femme gestionnaire d'actif
Photo : Natali_Mis / iStock

Alors que la proportion de femmes gestionnaires de portefeuille stagne autour de 10 % depuis la fin des années 2000, Janie Béïque fait figure d’exception dans le paysage financier nord-américain, rapporte Le Journal de Montréal.

Responsable des investissements du Fonds de solidarité FTQ dans les entreprises de la Belle Province, celle-ci gère en effet des actifs totalisant quelque 10 milliards de dollars, ce qui la place en première ligne des efforts de l’institution « pour aider l’économie à se relever de la pandémie » de coronavirus, souligne le quotidien montréalais.

Au printemps, sous son impulsion, le Fonds FTQ a ainsi investi environ 400 millions dans des entreprises québécoises qui avaient besoin d’un apport de capitaux ou qui souhaitaient se constituer un « coussin de sécurité » pour être mieux en mesure de passer à travers le ralentissement économique dû à la crise sanitaire. Alors que les épargnants avaient sorti plus de deux milliards du Fonds par crainte d’une baisse du cours de son action, celui-ci a été contraint d’écouler une partie de son portefeuille d’actions d’entreprises étrangères et d’obligations. Une période « assez irréaliste », se rappelle la dirigeante dans les colonnes du JdeM.

LA DIVERSITÉ D’OPINIONS, UN ATOUT

Mettant à profit le calme relatif qui a suivi, le Fonds a commencé à préparer l’après-confinement. « On a profité de ce moment de répit-là pour avancer sur toutes sortes de projets qu’on avait à l’interne, un peu comme on le recommande à nos entreprises », explique Janie Béïque. Avocate de formation, celle-ci était associée au cabinet McCarthy Tétrault lorsqu’elle a décidé de joindre les rangs du Fonds en 2000 à titre de vice-présidente aux affaires juridiques. Elle a ensuite « migré » vers le secteur de l’investissement huit ans plus tard, en plein cœur de la crise financière.

Toutefois, relève le Journal, au contraire d’autres dirigeants du secteur, la responsable des investissements du Fonds de solidarité FTQ ne pense pas que le fait d’avoir vécu la crise financière de 2008-2009 pourra l’aider à surmonter les répercussions économiques de l’actuelle crise sanitaire. « La pandémie qu’on vit, c’est quelque chose que personne n’a vu venir. Quand, du jour au lendemain, la moitié de la Terre s’arrête, je ne suis pas sûre qu’il y ait quelque chose qui peut nous préparer à ça. Ce que tu peux faire, c’est te préparer comme leader. Dans des circonstances comme celles-ci, ce ne sont pas nécessairement les plus intelligents qui réussissent, ce sont ceux qui sont agiles, qui ont un rêve et qui ont du guts. »

Autant de qualités que la dirigeante semble posséder puisqu’elle a notamment fait partie des finalistes du prix Femmes d’affaires du Québec, en compagnie, entre autres, de Catherine Dagenais (Société des alcools du Québec) et de Stéphanie Trudeau (Énergir). Un secteur d’activité dans lequel les femmes sont encore trop peu nombreuses aux postes décisionnels, déplore la gestionnaire de portefeuille. Pourtant, affirme-t-elle, « il y a un avantage à avoir des gens qui ont des vécus et des perspectives différents ». La raison? « Quand tu prends une décision, c’est toujours en fonction de l’information que tu as. Or, plus tu as des opinions variées, meilleure est ta décision en bout de piste. Dans une pandémie comme celle-ci, la pire chose qui peut t’arriver, comme entreprise, c’est d’avoir du groupthink, où tout le monde pense pareil. C’est souvent là où tu fais des erreurs. »

La rédaction