La finance québécoise en chute libre?

Par Jean-François Parent | 29 juillet 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Baisse de l’emploi, fléchissement du PIB, faible productivité… l’industrie québécoise de la finance et des assurances est le cancre du pays, révèlent des données fraîches de l’Institut de la statistique du Québec.

La finance québécoise a perdu près de 900 emplois salariés l’an dernier par rapport à l’année précédente, soit une baisse de 0,6 %. La Belle Province se place ainsi tout juste devant l’Alberta (-0,9 %), mais loin derrière l’Ontario (2,7 %). Depuis 2011, le Québec a perdu quelque 3000 emplois dans ce secteur, alors que l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique ont toutes réalisé des gains.

Le PIB de l’industrie québécoise a aussi connu la plus faible croissance au pays, peut-on lire dans la toute dernière comparaison interprovinciale des principaux indicateurs économiques de l’industrie des services financiers, publiée hier par l’ISQ.

Comparant les indicateurs québécois de la finance et de l’assurance à ceux de ses principales concurrentes que sont l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta, l’analyse de l’ISQ classe le Québec bon dernier dans la plupart des secteurs composant l’industrie financière. Ainsi, l’augmentation de 2 % du PIB de l’industrie financière québécoise est la plus faible au pays. L’Ontario, championne de la croissance, affiche une augmentation de 3,9 %.

En outre, la productivité du travail de la finance québécoise est la plus faible parmi les quatre provinces les plus populeuses au pays.

La productivité du travail est calculée en divisant la part du PIB de l’industrie d’une province par la part de l’emploi de l’industrie de cette même province. L’industrie financière québécoise générant 17,5 % du PIB et 21,3 % de l’emploi canadiens, son indice de productivité s’établit à 82,2, alors que celui de l’Ontario est de 115…

BAISSES SECTORIELLES

Lorsqu’il analyse individuellement les secteurs, l’ISQ remarque des baisses plus importantes encore. En intermédiation financière par exemple (tous les métiers régis par la LDPSF, à l’exception de l’assurance), « l’emploi […] diminue pour une quatrième année consécutive en 2014 », écrit l’ISQ. Depuis 2010, la province a perdu 3 450 emplois (– 4,4 %) alors, que les autres régions enregistrent des gains allant de 1,6 % à 5,7 % pour la même période.

À l’instar de l’industrie en général, l’intermédiation financière connaît la plus faible croissance du PIB de toutes ses concurrentes, et affiche la plus faible productivité du travail.

PRIX DE CONSOLATION

En assurance, le Québec n’est toutefois pas le seul mauvais élève. Ainsi, les baisses du PIB (-0,6 %) et de l’emploi (-0,2 %) placent la province troisième devant la C.-B., mais loin derrière les autres, qui affichent des hausses allant 1,5 % à 3,7 % pour ces deux variables. La productivité du travail est l’une des plus faibles au pays, avec un indice qui chute depuis la cinquième année consécutive. Cela signale que les activités de l’assurance génèrent moins de valeur ajoutée qu’ailleurs au pays, la productivité étant une fonction de la valeur créée par chaque emploi.

Le Québec affiche tout de même quelques gains dans le secteur des valeurs mobilières. La croissance du PIB dans ce secteur est la plus élevée au pays depuis 2006, enregistrant une hausse de 14,7 %.

Par ailleurs, après deux années de baisses consécutives, l’emploi en valeurs mobilières renoue enfin avec la croissance. Le gain québécois de 346 emplois, soit une hausse de 1,9 %, est le deuxième en importance au pays… derrière l’Ontario (3,0 %), cependant.

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Jean-François Parent