La finance verte aide-t-elle les projets responsables?

Par La rédaction | 28 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le monde de la finance développe de plus en plus d’appétit pour les investissements verts. Mais cette demande accrue contribue-t-elle au financement à moindre coût de projets bénéfiques à l’environnement?

En d’autres termes, demandait récemment Francis Vaille dans La Presse, l’argent vert, «­ qu’ossa donne »? Quand on observe le marché, on peine à répondre à certaines questions importantes quant à l’impact réel de la finance verte. Aide-t-elle des projets à se financer à moindre coût? Les financiers jugent-ils ces investissements moins risqués que d’autres pour leur portefeuille? Sont-ils prêts à accepter des rendements légèrement moins élevés pour des projets responsables?

LA DEMANDE AUGMENTE

La seule donnée qui semble certaine, c’est celle de l’engouement. L’an dernier, la demande était 2,8 fois plus importante que l’offre pour les obligations vertes publique et privées, selon la Climate Bonds Initiative. Le déséquilibre est plus prononcé que pour les obligations traditionnelles, où la demande était deux fois plus grande que l’offre. 

Un récent bulletin du ministère des Finances du Québec montrait que cet appétit pour des obligations vertes étaient particulièrement manifeste chez nous. En trois émissions de 500 millions de dollars depuis 2017, la demande pour les obligations vertes du gouvernement québécois est passé de deux fois plus grande que l’offre à six fois plus grande. Les obligations gouvernementales traditionnelles enregistrent une demande 1,5 fois plus grande que l’offre. 

Ces obligations financent des projets comme le REM, les nouvelles voitures de métro AZUR ou encore les autobus hybrides de la Société de transport de Montréal. Malgré la forte demande, Québec n’offre toutefois pas des rendements plus bas pour ses obligations vertes. Cela signifie qu’il lui en coûte autant pour financer ces projets que s’il vendait des obligations traditionnelles. On retrouve ce phénomène partout dans le marché, même pour les obligations privées.

UN TEST EN ALLEMAGNE

En Allemagne, le gouvernement a créé le 24 août dernier des obligations jumelles émises avec les mêmes termes, sauf pour leur objectif. L’une financera uniquement des projets verts. Berlin pourra donc établir un taux d’intérêt de référence pour les obligations vertes, créant ainsi une valeur ajoutée pour la finance durable, explique le communiqué de l’annonce. 

« Notre approche d’obligations jumelles est destinée à attirer de nouveaux investisseurs et émetteurs vers le marché des obligations vertes et ainsi agir comme catalyseur, canalisant davantage d’investissements vers l’économie verte », a expliqué dans le communiqué Jörg Kukies, le secrétaire d’État au ministère fédéral allemand des Finances. Il sera intéressant de suivre cette initiative pour mesurer un peu plus précisément l’effet des investissements verts. 

À la fin de 2019, les fonds communs de placement responsables totalisaient 12 milliards d’actifs sous gestion au Canada, soit seulement 0,7 % de l’actif total sous gestion au pays, selon l’Institut des fonds d’investissement du Canada. Les fonds négociés en Bourse (FNB) responsables contenaient pour leur part 654 millions de dollars, soit 0,3 % de l’actif total des FNB.

La rédaction