La génération C, difficile à motiver

Par Denis Méthot | 7 octobre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Martine Berthelet est professeure en finances personnelles et en planification financière aux HEC. Photo : Denis Méthot

« Comme planificateur financier, nous avons la responsabilité d’éduquer les jeunes », a lancé d’entrée de jeu Martine Berthelet, professeure en finances personnelles et en planification financière aux HEC, lors de la conférence d’ouverture du Colloque 2014 de Question Retraite jeudi à Lévis.

Le défi est toutefois de taille. Commencer à épargner pour un événement qui va survenir dans 35 ans ou plus ne fait pas forcément partie des priorités financières de ce qu’elle appelle la génération C (communications, clavardage) : les 25 à 35 ans. Des sondages ont même démontré que le tiers des jeunes se fient sur un héritage ou la loterie pour s’enrichir…

Inculquer l’habitude d’épargner

Pour inculquer très tôt aux membres de la génération C l’habitude d’épargner, elle leur conseille d’apprendre à vivre avec 90 % de leurs revenus et de conserver le reste par l’épargne systématique. C’est la façon la plus simple et la plus efficace pour des jeunes de se constituer un pécule financier, croit-elle.

Il est aussi impératif que les couples se fassent un budget, planifient à court et moyen terme, et sachent couper dans les dépenses simples, mais au final coûteuses, comme les multiples cafés quotidiens à 2 $ ou 3 $ chacun…

Ils doivent aussi faire les bons choix d’investissements. Ce couple qui avait placé tout l’argent du REEE dans Nortel, avec le résultat catastrophique que l’on connaît, regrette sûrement son choix, illustre la professeure.

Elle incite aussi les jeunes à recourir au CELI et au REER afin d’accumuler de l’argent qui pourra être utilisé dans le RAP pour l’achat d’une propriété.

Étude de cas

Martine Berthelet a illustré son propos par le cas fictif d’un couple, formé d’une infirmière et de son conjoint, qui travaille dans une petite PME. Le couple n’a ni testament, ni assurance vie, ni assurance-invalidité (sauf le plan d’assurance collective de la femme). Devraient-ils favoriser le paiement de leurs dettes ou cotiser à leur REER, leur CELI ou le nouveau RVER?

Trois régimes peuvent les toucher de près :

– Le Régime d’accession à la propriété (RAP) : maximum de 25 000 $, maximum de 15 ans pour le remboursement, règle des 90 jours.

– Le Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REÉP) : 20 000 $ maximum sur quatre ans, fréquentation d’un établissement scolaire postsecondaire à temps plein et remboursement sur un maximum de 10 ans.

– Le nouveau Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) destiné aux travailleurs qui n’ont pas de régime collectif d’épargne-retraite.

La complexité des familles reconstituées

Chez les 36-45 ans, les multiples changements de statuts civils viennent complexifier la donne.

« Qui sera votre conjoint à votre retraite? C’est un élément crucial et des choix s’imposent lorsqu’on cesse de travailler », insiste Martine Berthelet.

Il existe plusieurs statuts civils au Québec : célibataire, union de fait, marié ou uni civilement, séparation de fait, séparation de biens ou de corps, divorce. Le statut des couples varie en fonction de la juridiction (provinciale ou fédérale) du régime de pension.

La conférencière suggère fortement aux gens de faire un testament et aux conjoints de fait de signer une convention de vie commune, qui prendra effet en cas de séparation.

À qui ira le fonds de pension en cas de décès d’un conjoint? La réponse n’est pas la même s’il est est marié sous la société d’acquêts ou uni civilement avec ou sans enfant, en séparation de biens avec ou sans enfant, s’il est séparé mais remarié ou s’il vit avec un nouveau conjoint ou une nouvelle conjointe durant des années. L’argent ne va pas toujours là on le croit.

Ces histoires de couples faits et défaits deviennent si difficiles à gérer que dans certaines circonstances, elle recommande de s’adresser à un notaire pour tirer les choses au clair.

« Nous sommes des planificateurs financiers, pas des notaires », a-t-elle répété à plusieurs reprises.

Conseiller au colloque Question Retraite :

Denis Méthot