La gestion de hedge funds, plus efficace au féminin?

Par La rédaction | 24 septembre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les femmes qui détiennent ou dirigent des fonds d’investissement spéculatifs ont enregistré depuis 2007, et ce presque chaque année, des performances nettement supérieures à celles de leurs homologues masculins, selon un récent rapport du groupe KPMG.

Composé d’un sondage et d’entrevues avec plus de 300 gestionnaires féminines de hedge funds, d’investisseuses et de professionnelles de la finance, ce document comprend aussi un nouvel indice baptisé HFRI Women mis au point par Hedge Fund Research, une firme spécialisée dans l’analyse des fonds alternatifs.

Cet indice chiffre ainsi à 59,43 % le rendement global des fonds détenus ou gérés par des femmes au cours des huit dernières années, contre seulement 36,69 % pour l’ensemble des fonds pris en compte dans le HFRI Fund Weighted Composite Index.

PLUS DIFFICILE POUR LES FEMMES?

KPMG observe par ailleurs qu’une majorité de répondantes gestionnaires de hedge funds ont le sentiment qu’il leur est plus difficile de mobiliser des capitaux que leurs concurrents masculins.

« Le rapport indique que de nombreux professionnels de l’industrie croient que les femmes qui s’occupent de fonds spéculatifs ont plus de mal à obtenir un accès aux investisseurs, et ce, malgré des performances supérieures à celles du secteur », déplore Kelly Easterling, coauteure de l’étude.

Toutefois, insiste-t-elle, « ces femmes ne demandent pas un traitement spécial, elles veulent simplement être traitées sur un pied d’égalité avec leurs pairs, sans distinction de sexe ».

LES PRÉJUGÉS ONT LA VIE DURE

Même si l’étude de KPMG n’avance aucune raison pour expliquer les meilleures performances des fonds gérés par des femmes dans un milieu réputé particulièrement dur, plusieurs spécialistes estiment qu’elles font souvent des investisseurs plus avisés que les hommes.

« Il y a des études qui montrent que la testostérone peut rendre les hommes moins sensibles aux signaux “risque-rendement” », déclarait par exemple l’an dernier à l’agence Reuters Meredith Jones, directrice du cabinet spécialisé Rothstein Kass, aux États-Unis.

« Le préjugé veut que les femmes en finance soient moins bonnes que les hommes », confirme dans Le Devoir d’hier Sarah Kaplan, professeure de gestion stratégique à l’école Rotman de l’Université de Toronto.

« PROBABLEMENT MEILLEURES QUE LES HOMMES »

En fait, précise la chercheuse, « l’envers de la médaille, c’est qu’en raison de la difficulté pour les femmes d’évoluer dans ce secteur, celles qui réussissent à s’y tailler une place sont probablement, en moyenne, meilleures que les hommes ».

Sa conclusion? « Il est plus facile pour l’homme moyen de s’établir dans l’industrie que pour la femme moyenne. »

Autre explication possible, selon Sarah Kaplan : au vu de leurs résultats, les sociétés qui obtiennent les meilleures performances pourraient avoir décidé, au fil des ans, d’accueillir davantage de professionnelles dans leurs effectifs.

PLUS DE DIVERSITÉ = MEILLEURS RÉSULTATS

Bien qu’il soit difficile d’établir un lien de cause à effet, reconnaît-elle dans Le Devoir, il est néanmoins clair que « la recherche enseigne que la diversité d’une équipe mène à de meilleures décisions ».

D’après Reuters, seule « une très faible part des quelque 2 500 milliards de dollars investis dans des hedge funds dans le monde » sont dirigés par des professionnelles.

Et cette proportion « n’augmente que très lentement », même si certains, notamment aux États-Unis, « disposent de programmes spécifiques destinés à favoriser l’investissement [lorsqu’ils sont] gérés par des femmes et des personnes issues de minorités ».

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