La gestion de patrimoine en pleine évolution

Par La rédaction | 20 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jeune femme avec tatouages, assise par terre et travaillant sur un ordinateur portable.
Photo : bowie15 / 123RF

Le changement du profil démographique des investisseurs, l’apparition de nouveaux participants dans l’industrie et l’essor des outils numériques sont en train de transformer le domaine de la gestion de patrimoine, selon un rapport de l’OCRCVM et d’Accenture.

Publié mercredi, ce document d’une trentaine de pages, Favoriser l’évolution des services-conseils au Canada, fait le point sur la manière dont la gestion de patrimoine évolue « pour servir les investisseurs », et comment la réglementation peut « favoriser des marchés financiers sains » tout en protégeant les consommateurs.

Soulignant que ce secteur « traverse une période de transformation importante », l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières et Accenture dressent une série de constats.

Ils relèvent notamment que « les transferts intergénérationnels du patrimoine, le profil démographique changeant des investisseurs, l’arrivée de nouveaux intervenants et l’accessibilité de nouveaux outils numériques et de nouvelles technologies financières modifient totalement l’attitude des investisseurs canadiens à l’égard du patrimoine et des placements ainsi que la façon dont ceux-ci reçoivent les conseils et les services et interagissent avec les fournisseurs de services de gestion de patrimoine ».

PLUS DE FEMMES ET DE Y

Le rapport prévoit également que, au Canada, près de mille milliards de dollars du patrimoine des particuliers seront transférés à une autre génération d’ici à 2026, « ce qui changera de façon importante le profil démographique des investisseurs en faveur des femmes et des millénariaux ».

Au pays, les experts anticipent ainsi que les premières exerceront un contrôle direct sur près de la moitié du patrimoine total des particuliers au cours des sept prochaines années. La raison? Le nombre de femmes canadiennes célibataires, divorcées ou veuves continue de croître, tandis les « baby-boomeuses »  survivent le plus souvent à leur conjoint.

En outre, notent l’OCRCVM et Accenture, « l’évolution des attitudes sociales à l’égard du mariage et de la carrière a permis aux femmes de s’assumer encore davantage sur le plan financier ». Résultat, nombre d’entre elles « se marient plus tard, gagnent un revenu plus élevé et maintiennent leur indépendance financière même si elles sont mariées ou en union de fait ».

Toutefois, ajoutent les deux organisations, « les objectifs de planification financière et de placement des femmes ainsi que leurs exigences en matière de conseil sont différents de ceux de leurs homologues masculins, et n’ont pas été bien pris en considération par le passé, ce qui a amené 70 % d’entre elles à quitter leur conseiller dans l’année suivant le décès de leur conjoint ».

Le rapport constate aussi que les membres de la génération Y (nés entre 1982 et 1995) ont dépassé en nombre les baby-boomers et représentent aujourd’hui la plus importante génération vivant au pays. Plus à l’aise avec les offres numériques, ils demandent « davantage de transparence et un certain contrôle sur le processus de gestion de patrimoine ».

En plus, ce segment de clientèle « continue de remettre en question les modèles de services traditionnels », n’a « aucune tolérance pour les relations tendues » et exige à la place « une expérience personnalisée et riche » pouvant être obtenue sur demande. Autre constat : les nouveaux modèles de services que les Y privilégient sont tout aussi populaires auprès de la génération X et des baby-boomers.

L’INDUSTRIE VA DEVOIR S’ADAPTER

Le rapport souligne par ailleurs que, tandis que l’industrie se transforme pour faire face au changement du profil démographique des investisseurs, les différents intervenants du secteur de la gestion de patrimoine « doivent continuer à travailler ensemble pour s’adapter et modifier la façon dont les sociétés attirent des clients et offrent divers types de modèles de services-conseils, la façon dont les règles sont appliquées et interprétées ou la façon dont les sociétés sont réglementées ».

L’OCRCVM et Accenture indiquent par exemple que plusieurs sociétés sont déjà en train de se transformer pour répondre aux besoins des millénariaux, « qui recherchent des services de gestion de patrimoine en ligne et demandent davantage de transparence et un certain contrôle sur le processus de gestion de patrimoine, critères qui deviennent aussi importants pour les personnes de la génération X et les baby-boomers ».

Selon les deux organisations, cette transformation est d’autant plus nécessaire que, globalement, les investisseurs canadiens « ont plus de connaissances et d’assurance que jamais ». En outre, « ayant une vie numérique bien remplie, ils s’attendent à ce que les sociétés de services financiers leur offrent la même expérience numérique que les entreprises d’autres secteurs ». Conclusion du rapport : « Si ces sociétés souhaitent se démarquer, il ne leur suffit plus de simplement offrir des capacités et des outils numériques. »

Enfin, l’étude constate qu’en réaction au changement dans la façon dont les investisseurs voient les services-conseils, « le secteur est en train de passer des activités axées sur les produits à des activités axées sur les conseils, la planification financière et d’autres services connexes ». Par conséquent, « les sociétés élargissent la portée des services-conseils qu’elles offrent en matière de gestion de patrimoine afin d’y inclure des services traditionnels d’aide à la planification financière, comme des conseils en matière de crédit, de succession, de fiducie et de fiscalité ». Et pour atteindre cet objectif, nombre d’entreprises font appel à des banquiers, des assureurs et d’autres spécialistes afin d’« être en mesure d’améliorer l’ensemble de leur proposition de valeur ».

L’OCRCVM SE DIT PRÊTE À RELEVER LE DÉFI

« Notre étude montre clairement que les services-conseils sont en train de changer, et que les investisseurs veulent que leurs conseillers aient des outils modernes pour leur offrir les meilleurs résultats possibles. Si elles souhaitent demeurer compétitives, les sociétés doivent prendre le tournant numérique afin de suivre l’évolution des services-conseils et réinventer le secteur pour les futures générations d’investisseurs », commente Kendra Thompson, directrice générale et chef de la gestion de patrimoine pour l’Amérique du Nord d’Accenture.

De son côté, l’OCRCVM indique que, grâce à ce rapport, il « souhaite encourager une discussion sur la façon dont il peut adapter sa réglementation pour mieux répondre aux nouveaux besoins des consommateurs de produits et services financiers et éliminer les obstacles à l’innovation ».

« Ce document fournit de l’information importante qui nous permettra d’être plus aptes à réagir et plus souples pour aider le secteur à innover et à répondre aux besoins des investisseurs. Nous travaillerons de concert avec le secteur des valeurs mobilières afin de trouver des façons innovantes et efficaces d’offrir aux Canadiens un meilleur accès à une gamme de services-conseils en placement qui leur permettront d’atteindre leurs objectifs financiers », déclare Andrew J. Kriegler, président et chef de la direction de l’Organisme.

Pour répondre à ces défis, l’OCRCVM annonce qu’il compte prendre une série de mesures, comme « engager la conversation avec d’autres parties intéressées, particulièrement avec les investisseurs, pour mieux connaître leurs points de vue », publier de nouvelles consignes au sujet de l’utilisation des signatures électroniques, ou encore « repenser la façon dont il élabore et communique ses exigences réglementaires afin de réduire le risque de mauvaise interprétation ou d’incertitude dans le secteur, et ce tout en préservant la protection des investisseurs ».

La rédaction