La pauvreté ne s’estompe pas Québec

Par La rédaction | 13 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Plus de 15 ans après l’adoption de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, où en est le Québec face à la pauvreté? Il semble faire du surplace, constate le Mouvement Desjardins dans une récente étude.

Bien que le sujet de la pauvreté soit souvent discuté, il n’est pas si facile de s’entendre sur l’ampleur exacte de ce phénomène. Il n’existe pas de « taux de pauvreté » au Québec, mais plutôt différents outils statistiques et indices, comme les mesures de faible revenu, les seuils de faible revenu ou la mesure du panier de consommation, offrant un portrait parfois contrasté de la situation. Desjardins évalue que, selon la statistique utilisée, le nombre de personnes à faible revenu était estimé entre 693 000 et 1,1 million en 2014. C’est-à-dire plus que les populations de Laval et Gatineau réunies.

BANQUES ALIMENTAIRES DÉBORDÉES

Un des révélateurs de la pauvreté est certes l’utilisation des banques alimentaires, notamment chez les travailleurs actifs. Selon les Banques alimentaires du Québec, 11 % de la clientèle desservie occupe un emploi faiblement rémunérateur. Environ 61 % des utilisateurs touchent de l’aide sociale, alors que 7 % sont des personnes âgées à la retraite. Chaque mois, les banques alimentaires du Québec comblent en moyenne 1 798 609 demandes d’aide alimentaire d’urgence, dont un tiers va à des enfants. Pas étonnant quand on sait que l’indice du prix des aliments a augmenté plus vite que le taux général d’inflation au cours des cinq dernières années au Québec. Conséquence : près de la moitié des organismes associées aux banques alimentaires ont manqué de denrées à distribuer en 2016.

UN RISQUE ÉLEVÉ

Pour un grand nombre de Québécois, la pauvreté est un abîme dans lequel il est facile de tomber. En 2016, l’Association canadienne de la paie révélait que, sur 5 600 répondants salariés sondés, près de la moitié peinerait à remplir leurs obligations financières si leur chèque de paie était reporté d’une seule semaine. La glissade vers la pauvreté peut s’amorcer suivant plusieurs événements de la vie, difficiles à prévenir ou éviter, comme un arrêt de travail ou un licenciement, la maladie, un décès ou une séparation. On entend souvent, notamment de la part des professionnels du conseil financier, qu’il est crucial de bien organiser et planifier ses finances pour se préparer à de telles éventualités. Mais comment faire, demande Desjardins, lorsque l’on ne dispose pas du nécessaire pour combler les besoins de base?

UN SALAIRE VIABLE

Cette question est à la base de la réflexion de l’Institut de recherche et d’informations socio-économique (IRIS) sur le « salaire viable », défini comme une rémunération permettant au travailleur à temps plein de subvenir aux besoins de base de sa famille, tout en donnant la possibilité d’accéder éventuellement à un meilleur revenu. Dans une note intéressante datant de 2015, l’IRIS établissait les salaires horaires viables, en fonction de différentes situations de ménages et du lieu géographique, basés sur une semaine de travail de 37,5 heures par semaine (et tenant compte de tous les crédits d’impôts et toutes les prestations gouvernementales), ainsi :

Couple avec deux enfants, Montréal : 14,25 $

Couple avec deux enfants, Québec : 14,26 $

Famille monoparentale avec un enfant, Montréal : 13,44 $

Famille monoparentale avec un enfant, Québec : 13,44 $

Personne seule, Montréal : 15,38 $

Personne seule, Québec : 15,00 $

PAS TOUS EN EMPLOI

Cela dit, une grande partie des personnes pauvres du Québec n’ont pas d’emploi à temps plein. En décembre 2016, 418 888 d’entre eux recevaient l’aide de dernier recours du gouvernement québécois, rappelle Desjardins. Pour contrer la pauvreté, il faudra donc s’attaquer aux inégalités sociales, mais aussi revoir les mesures de lutte contre la pauvreté pour affronter de nouveaux défis, comme la précarisation accrue du marché du travail. Le gouvernement a notamment mis sur pied un comité d’experts pour évaluer les programmes québécois de soutien du revenu et étudier l’option du revenu minimum garanti.

Le Collectif pour un Québec sans pauvreté rappelle de son côté que le Plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale est arrivé à échéance en 2015 et qu’il est simplement reconduit depuis. Le ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, François Blais, soutient qu’un nouveau plan d’action sera présenté d’ici l’été.

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