La performance de la Bourse canadienne est-elle surévaluée?

Par La rédaction | 4 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Les résultats de la Bourse canadienne, en hausse de 300 points par rapport au pic de septembre 2014, sont-ils redevables à une conjoncture extraordinaire ou à une surévaluation, annonçant une prochaine (et redoutée) correction de marché? La question mérite d’être posée. Alors que beaucoup d’investisseurs tablaient plutôt sur des résultats « corrects », touchés par la chute du cours pétrolier sur les rendements du secteur de l’énergie, comment expliquer cette performance qui surpasse même la Bourse américaine depuis janvier?

Comme le souligne un document publié par Desjardins Études économiques, ces résultats record feraient pencher les experts en faveur d’une surévaluation.

Pourquoi? Parce que plusieurs d’entre eux anticipent l’année 2015 comme la pire depuis la crise financière, avec une baisse prévue de la hausse des bénéfices de 9 %. Devant les excellents résultats enregistrés depuis le début de l’année, le taux de cours/bénéfice prévisionnel a donc été revu et resitué sur douze mois. Le taux, actuellement chiffré à 17 par rapport à une moyenne de 14 depuis 2002, révélerait ainsi une surévaluation.

Circonstances atténuantes

Plusieurs facteurs viennent toutefois remettre les données en perspective, selon l’étude. C’est le cas du secteur énergétique, dont le taux de cours/bénéfice prévisionnel apparaît comme le plus éloigné de son indice moyen. La majorité des autres secteurs affichent des ratios plus près de leur moyenne, exception faite des secteurs des matériaux et des technologies de l’information, qui demeurent sous-évalués.

Toujours selon l’étude, la distorsion, résultat de la hausse fulgurante du taux cours/bénéfice du secteur énergétique, serait plutôt attribuable aux craintes de chute de bénéfices qu’à « une revalorisation démesurée des actions des sociétés pétrolières ».

Pour l’heure, les résultats d’entreprise indiquent une baisse importante des profits. Mais, en se basant à la fois sur la possibilité de voir le cours du pétrole se stabiliser et sur les effets des rationalisations de dépenses à court terme des pétrolières, l’étude prévoit une normalisation progressive des attentes en matière de croissance de profits et de ratio cours/bénéfice.

Facteurs à considérer

Si le ratio cours/bénéfice tend à révéler une certaine surévaluation, nécessitant une probable correction de marché, l’étude de Desjardins invite néanmoins les intervenants du milieu à considérer les faits suivants :

• l’ensemble des différents secteurs d’activité n’apparaît pas surévalué, exception faite de celui de l’énergie, identifié comme un vecteur important de distorsion du ratio cours/bénéfice; • les cours liés aux bénéfices ajustés en fonction du cycle (Shiller PE) et ceux liés à la valeur aux livres ne penchent pas en faveur d’une possible surévaluation; • l’indice de performance de la Bourse canadienne demeure inférieur à ceux de ses semblables européennes et chinoise, en proie à une exubérance des investisseurs qualifiée « d’irrationnelle » par les instances régulatrices; • s’il y a surévaluation, celle-ci ne serait pas comparable à celle visant actuellement les obligations souveraines.

La rédaction vous recommande :

La rédaction