La poste offre des services financiers au Royaume-Uni

Par La rédaction | 24 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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N’importe quel Britannique peut désormais utiliser son bureau de poste local comme si c’était sa banque, et cela même le dimanche, rapporte le Mirror.

Depuis mardi, en effet, tous les clients détenant un compte dans un établissement bancaire du Royaume-Uni ont la possibilité de gérer leurs finances à partir de la succursale postale la plus proche de leur domicile ou de leur lieu de travail, explique le tabloïd londonien.

Tout cela grâce à l’entrée en vigueur d’un accord national passé avec les banques britanniques, qui mettra au service de la quasi-totalité des clients les quelque 11 600 agences postales du pays.

OUVERT MÊME LE DIMANCHE!

La plupart des banques du royaume sont concernées par cette nouvelle disposition, notamment HSBC, First Direct, Lloyds Bank, Halifax, Santander, la Royal Bank of Scotland, NatWest Bank, Bank of Ireland, Nationwide Building Society, Barclays Bank et Allied Irish Bank.

En 2016, la poste britannique a effectué 110 millions d’opérations bancaires sur son réseau, soit une moyenne de plus de 200 transactions à la minute, une augmentation de 6 % par rapport à l’année précédente, rappelle le Mirror.

Selon ses dirigeants, le nouveau régime « permettra aux particuliers et aux entreprises d’avoir un accès facile aux activités bancaires » en leur offrant par exemple la possibilité de retirer de l’argent, de déposer des chèques ou de vérifier l’état d’un compte. Les clients bénéficieront en outre d’heures d’ouverture plus longues durant la semaine et plus de 4 000 succursales seront ouvertes le dimanche.

ET AU CANADA?

L’offre de services bancaires dans les bureaux de poste est évoquée depuis de nombreuses années au Canada. Conseiller a contacté Postes Canada pour avoir son avis sur les récents développements au Royaume-Uni et connaître ses intentions, mais elle n’a pas donné suite à notre demande.

À l’automne 2013, la société d’État a mis fin à une étude qu’elle avait pourtant elle-même initiée quatre ans auparavant dans la plus grande discrétion. Selon le journal d’Ottawa Blacklock’s Reporter, qui avait obtenu le document grâce à une demande d’accès à l’information, le rapport concluait que la voie des services financiers serait une stratégie gagnante et payante.

Dans un rapport effectué pour le compte du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) et publié en octobre 2013, le chercheur John Anderson, du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), en est arrivé aux mêmes conclusions.

« Je crois que quiconque se penche sérieusement sur le sujet y verra la même occasion d’action. Forte d’un réseau de 6 500 points de service, Postes Canada aurait, d’entrée de jeu, l’infrastructure la plus étendue au pays pour offrir des services financiers », déclarait-il alors.

« PAS VIABLE »

Postes Canada avait affirmé avoir longuement étudié la question et en être arrivée à la conclusion qu’elle n’avait pas les moyens de se lancer dans l’aventure, et qu’elle se devait d’abord de faire évoluer son modèle d’affaires. Selon elle, un service bancaire postal ne serait pas viable au pays, notamment en raison de sa géographie et de la forte présence des banques et des caisses populaires.

« Si on voulait que l’affaire soit rentable, il faudrait que nous ayons le même genre de revenus annuels que la Banque Nationale. Pour cela, il faudrait investir des sommes énormes dans la formation, la modernisation du réseau, les systèmes de sécurité, etc. », avait affirmé une porte-parole de la société d’État interrogée par Conseiller.

Elle avait également réfuté les accusations du STTP selon lesquelles Postes Canada aurait subi des pressions de la part des banques ou du gouvernement fédéral conservateur.

LES CANADIENS FAVORABLES À L’INITIATIVE

Également questionné par Conseiller, un représentant du STTP assurait au contraire que la création de services financiers représentait un « potentiel immense » pour Postes Canada.

« Près d’un million de Canadiens ne possèdent pas de compte bancaire. Pourquoi? Parce qu’ils ne peuvent se permettre de payer des frais et que beaucoup vivent dans des zones où les banques ont fermé leurs succursales », expliquait-il notamment.

Le dirigeant syndical ajoutait que la création de services financiers s’était avérée une excellente affaire pour plusieurs administrations postales à l’étranger, particulièrement en Suisse, en Italie et en Nouvelle-Zélande. Sa conclusion?

« Bien sûr, ces administrations-là ont investi de l’argent au départ, mais aujourd’hui, ça leur permet de maintenir un service postal public viable. Pourquoi les choses seraient-elles différentes au Canada? Je pense qu’une telle initiative connaîtrait même encore un plus grand succès ici à cause de l’immense territoire que nous desservons. »

Au printemps 2014, un sondage en ligne avait révélé que près des deux tiers des Canadiens (63,5 %) se disaient « très favorables » ou « plutôt favorables » à ce que Postes Canada offre des services financiers.

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