La reprise de l’hôtellerie est très inégale

Par Nicolas Ritoux | 23 mars 2022 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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Si les voyages de loisirs ont bien repris depuis la pandémie, les séjours d’affaires ou de tourisme international sont encore au ralenti, observe Larry Antonatos, gestionnaire de portefeuille à Brookfield Asset Management.

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« Le secteur de l’hôtellerie est particulièrement intéressant alors que la réouverture de l’économie se poursuit et que davantage de gens recommencent à voyager. Il y a beaucoup d’occasions à saisir, mais attention : c’est le plus volatile des sous-secteurs de l’immobilier », prévient Larry Antonatos.

La raison de cette volatilité est la courte durée propre à ce type de logement : les locations se font typiquement à la nuit. C’est ainsi que la COVID-19 a frappé de plein fouet les hôtels en avril 2020 : aux États-Unis, leur revenu par chambre disponible (RevPAR) a chuté brusquement de 80 % sous l’effet d’une baisse de l’occupation.

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Le RevPAR moyen du marché américain s’est rétabli depuis lors; celui de décembre 2021 dépassait de 4 % celui de décembre 2019. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte que la reprise a été très inégale selon les marchés.

« Les cinq marchés qui ont le mieux performé dépassent de 10 % leur RevPAR de 2019. Ce sont des destinations de loisirs comme Miami, Phoenix, Tampa ou la Nouvelle-Orléans. À l’opposé, on trouve les marchés spécialisés dans les voyages d’affaires, les congrès, et le tourisme international, comme San Francisco, Chicaco ou Hawaï. Les cinq marchés les moins performants sont encore 37 % en dessous de leur RevPAR d’avant la pandémie », détaille Larry Antonatos.

L’expert constate qu’en général, les hôtels typiquement réservés pour des séjours à moyen terme (une semaine, un mois ou plus) ont bien performé, tandis que les hôtels luxueux destinés aux courts voyages d’affaires ont enregistré des résultats décevants.

« La levée des restrictions liées à la COVID-19 a permis d’exprimer une certaine demande refoulée pour les voyages de loisirs. Mais dans le cas des voyages d’affaires et des congrès, ce n’est pas une demande refoulée qui va alimenter la reprise; celle-ci sera plutôt reliée au retour des travailleurs au bureau », dit Larry Antonatos.

Il reconnaît que l’adoption forcée des rencontres virtuelles pendant la pandémie pourrait avoir laissé des habitudes qui vont rester, il s’attend à ce que les professionnels réduisent le nombre de rencontres physiques. « La croissance du virtuel va freiner la reprise des voyages d’affaires, mais une reprise importante est tout de même à prévoir, car les rencontres en face à face, les congrès et le réseautage ont encore de la valeur », poursuit-il.

C’est donc le moment de se positionner pour cette reprise annoncée, croit Larry Antonatos.

« Nous entrevoyons un retour des investisseurs dans ce marché et puisque c’est plutôt un segment de luxe, les hôtels tendent à être de très haute qualité et attirent donc des investisseurs institutionnels et internationaux, ce qui soutient leur valeur et leur liquidité à long terme. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.