La rétention des employés de 65 ans et plus

Par Claude Fréchette | 7 août 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Au courant de l’année 2011, le gouvernement du Canada a mis en place un train de mesures, notamment en ce qui concerne le Régime de pensions du Canada (entrant en vigueur progressivement jusqu’en 2016) et visant à inciter les Canadiens à repousser la date de leur retraite. Ces mesures sont vraisemblablement annonciatrices d’un changement de mentalité au pays.

Également, on prévoit pour les prochaines années une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, ce qui devrait inciter les entreprises à élaborer des stratégies pour retenir leurs employés le plus longtemps possible. De leur côté, ces employés qui très souvent ne peuvent jouir d’un régime de retraite à prestations déterminées ont vu leurs économies fondre lors des récentes crises financières. Ils doivent donc rester sur le marché du travail encore quelques années. Tout ceci illustre le fait que la retraite avant 65 ans devient un luxe dispendieux pour plusieurs, tant au plan social qu’au plan individuel.

On peut donc envisager que les prochaines années verront un nombre toujours croissant d’employés âgés désireux de continuer à travailler. Les employeurs sont-ils prêts à faire face à cette nouvelle réalité? Et plus particulièrement, quelles sont les stratégies à élaborer quant au régime d’assurance collective?

Alors que le nombre de personnes actives de plus de 65 ans ne constitue de nos jours qu’une faible minorité, les régimes ne sont pas adaptés à leur réalité.

Lorsqu’un problème survient, on recherche très souvent une solution temporaire et partielle. Avant d’être confrontés à une population plus grande de travailleurs âgés de plus de 65 ans, il serait certes opportun que les employeurs examinent certaines pistes de modifications afin de rendre plus attrayant leur régime d’assurance collective. Voici donc certaines idées et réflexions à considérer pour les prochaines années.

Assurance vie et assurance décès ou mutilation par accident (DMA) Généralement, les garanties d’assurance vie de base et DMA prévoient une protection qui décroit de 50 % à l’âge de 65 ans et qui se termine à 70 ans. Bien que les besoins d’assurance vie et DMA à 65 ans sont habituellement moindres (les enfants ont quitté le domicile familial ou sont sur le point de le faire, l’hypothèque est remboursée ou presque, etc.), les employés âgés de plus de 65 ans peuvent très bien se sentir indûment défavorisés par rapport à leurs collègues plus jeunes. Pourquoi les plus jeunes auraient-ils une pleine protection alors qu’eux (les plus expérimentés et souvent les plus loyaux envers l’entreprise) devraient-ils se satisfaire d’une demi-protection?

Souvent, la garantie de base est complémentée par une assurance facultative qui elle, cesse très souvent à 65 ans. Malgré que le coût de ce régime soit généralement entièrement défrayé par l’employé et qu’il soit offert comme un produit, on peut se demander pourquoi elle se termine à 65 ans.

Assurance invalidité Alors que, généralement, la protection d’invalidité de courte durée se poursuit au-delà de 65 ans (pour se terminer à 70 ans), la protection d’invalidité de longue durée cesse pratiquement toujours à 65 ans.

De plus en plus, les assureurs songent à proposer un produit offrant une protection pour les employés âgés de plus de 65 ans. Toutefois, compte tenu des coûts importants de cette protection, il faut trouver un produit qui puisse répondre aux besoins des employés de plus de 65 ans sans pour autant faire exploser les coûts.

Assurance maladie Parmi tous les produits et services prévus par la garantie d’assurance maladie, les médicaments sont certainement les plus importants pour les assurés.

Au Québec, lorsqu’un employé atteint l’âge de 65 ans, très souvent, on l’incite à se désister de la portion « médicaments » du régime d’assurance de son employeur et à s’inscrire auprès du régime public de la RAMQ. La protection y est souvent moindre (remboursement à 8 % avec une franchise de 100 $ par année) et si l’employé demeure assuré par le régime de son employeur pour les autres protections, il ne jouit généralement d’aucune réduction de cotisations du régime privé.

Il est vrai qu’il existe certaines solutions afin de minimiser les répercussions négatives; par exemple, le régime peut maintenir une protection complémentaire à celle du régime public. Néanmoins, alors que l’employé atteignant 65 ans se retrouve avec une protection similaire à celle qu’il connaissait auparavant, il aura à contribuer au régime public une cotisation annuelle de plusieurs centaines de dollars.

Il serait toujours possible de maintenir la protection du régime au même niveau que pour tous les autres employés et ainsi, l’employé n’aurait pas à s’inscrire au régime public et à avoir à défrayer une cotisation à la RAMQ.

Puisque actuellement les Canadiens des autres provinces sont couverts automatiquement par leur régime provincial respectif à 65 ans, le problème ne se pose pas.

D’autre part, certaines clauses, souvent mineures pour les employés de moins de 65 ans, prennent de l’importance pour les employés plus âgés et devraient possiblement être bonifiées. On pense notamment aux soins infirmiers ou aux soins à domicile.

Les clauses des régimes d’assurance collective ont souvent évolué selon les standards de la société et nos mœurs. Ainsi, ce qui n’était pas discriminatoire à une époque l’est devenu ultérieurement. On n’a qu’à penser aux conjoints de même sexe ou aux congés de maternité, entre autres. Les réductions de protection (ou les cessations) à 65 ans sont aujourd’hui acceptées; mais en sera-t-il toujours ainsi?

Il est vrai que lorsqu’on améliore les dispositions d’un régime, les coûts augmentent. Or, la tendance est plutôt inverse; les employeurs cherchent toutes les mesures appropriées afin de contrôler (et parfois même de réduire) les coûts toujours croissants de l’assurance collective. Toutefois, si on veut retenir ses employés les plus expérimentés dans un marché concurrentiel, il faudra envisager de modifier les plages de travail (temps partiel), le régime de retraite, s’il y en a un et améliorer le régime d’assurance collective.

Claude Fréchette est vice-président à Avalon Actuaires.

Claude Fréchette