La retraite à 67 ans renforcera les inégalités entre aînés

Par Rémi Maillard | 25 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La décision d’Ottawa de repousser à 67 ans l’âge d’admissibilité aux prestations de retraite entre 2023 et 2029 créera des inégalités grandissantes chez les personnes âgées, selon une étude publiée lundi.

Intitulé Vivre et travailler plus longtemps dans une société vieillissante : Vers une croissance des inégalités?, ce document d’une trentaine de pages est la version préliminaire d’un vaste travail de recherche effectué par une équipe de l’Université de Montréal dirigée par le démographe Yves Carrière.

En effet, le fait de retarder l’âge d’admissibilité à la pension de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti fera en sorte que beaucoup d’aînés seront contraints d’attendre plus longtemps avant de percevoir des revenus leur permettant d’avoir un meilleur niveau de vie.

Vers un accroissement des disparités

« Cette modification forcera les retraités à recourir davantage à l’épargne privée pour assurer leurs vieux jours. Or, les études sur le sujet démontrent qu’une plus grande privatisation du système de revenu de retraite mène à des inégalités croissantes chez les personnes âgées. Dès qu’on s’attaque à l’âge de la retraite, on ouvre la porte à un accroissement des disparités », commente Yves Carrière par voie de communiqué.

Spécialiste du système de revenu de retraite canadien, le chercheur a colligé les plus récentes études internationales sur la question. Sa conclusion? Nombre de retraités des prochaines générations doivent s’attendre à de mauvaises surprises.

« Sous prétexte de prévenir les inégalités intergénérationnelles [en invoquant le fait qu’il y a] de moins en moins de travailleurs pour financer de plus en plus de retraités, on risque de générer de plus grandes disparités entre les personnes âgées de demain, c’est-à-dire à l’intérieur même des générations envers lesquelles on dit vouloir être équitable », estime Yves Carrière.

Espérance de vie en bonne santé

Même s’il observe que les baby-boomers vivront plus longtemps que les générations précédentes, le démographe souligne que l’espérance de vie tout court et l’espérance de vie en bonne santé sont deux choses bien distinctes.

Or, relève-t-il, « il existe des écarts importants d’espérance de vie et d’espérance de vie en santé selon le statut socioéconomique, et ce, avant et après 65 ans », au profit des personnes les mieux nanties.

Au 1er juillet 2014, le Canada comptait 5,6 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, soit 15,7 % de la population; en 2036, il y en aura entre 9,9 et 10,9 millions, ce qui représentera alors de 23 % à 25 % du total.

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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.