La solvabilité des régimes de retraite à son plus haut en deux ans

Par La rédaction | 9 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les solides rendements des marchés boursiers et la baisse des cours obligataires en 2016 ont permis aux régimes de retraite canadiens de clore l’année avec leur meilleur ratio de solvabilité en plus de deux ans.

Selon le dernier sondage d’Aon Hewitt, le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite à prestations déterminées (PD) a fait un bond de 8,8 % entre le 1er janvier 2016 et le 1er janvier 2017, où il s’est établi à 94,9 %.

Plus du tiers des régimes (35,2 %) ont également terminé l’année entièrement capitalisé, alors qu’ils étaient seulement 10,7 % à l’être au début de 2016.

UNE ANNÉE QUI A FAVORISÉ L’ACTIF ET LE PASSIF

Les deux tiers de l’augmentation du ratio de solvabilité annuel sont attribuables à l’actif investi en actions et en placements non traditionnels, qui ont entre autres bénéficié de « l’euphorie Trump » au quatrième trimestre. Le S&P/TSX a par exemple enregistré un solide rendement de 21,1 % pour l’année, tandis que le S&P 500 a généré une croissance de 8,1 % en dollars canadiens. Les marchés émergents ont quant à eux progressé de 7,3 %, tandis que les marchés EAEO (Europe, Australasie et Extrême-Orient) ont fini l’année en territoire négatif (-2,5 %).

Du côté des catégories d’actif non traditionnelles, l’immobilier mondial, plombé par un mauvais quatrième trimestre, a enregistré un rendement annuel de 1,4 %. Les infrastructures mondiales ont mieux fait, avec un rendement de 8,6 %.

Alors que les rendements boursiers ont eu un impact majeur sur l’actif des régimes, le passif a surtout été influencé par l’augmentation des rendements obligataires. Ceux-ci ont connu une hausse de près de 80 points de base au quatrième trimestre, ce qui a permis le redressement complet du ratio de solvabilité des régimes de retraite pour l’année. Les indices obligataires universels et à long terme FTSE TMX ont reculé de 3,4 % et de 7,5 %, respectivement.

« Le quatrième trimestre a fait toute la différence, et il ne s’agit pas uniquement d’un rebond du marché des actions aux États-Unis, note Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite chez Aon Hewitt. La hausse vertigineuse des rendements obligataires depuis septembre et la robustesse des marchés boursiers, malgré le Brexit, ont eu un effet remarquablement positif sur la solvabilité des régimes de retraite. La question maintenant pour les régimes de retraite est de savoir comment ils peuvent tirer profit de leur force pour se préparer à des conditions de marché plus difficiles.

PAS LA MÊME HISTOIRE EN 2017

À moyen terme, les caisses de retraite, tout comme d’autres investisseurs, sont susceptibles de faire face à des rendements plus modestes dans bien des catégories d’actif traditionnelles de croissance, prévient Aon, qui estime que les meilleures occasions se trouvent dans les marchés émergents, les marchés du crédit privé et les catégories d’actif non traditionnelles.

« Dans ce contexte, il est logique pour les promoteurs de régimes de retraite d’envisager une démarche à trois volets pour réagir aux possibilités du marché, soit : la diversification, la réduction des risques et le dynamisme », explique M. Lockhead.

En ce qui concerne la réduction des risques, l’augmentation des rendements des obligations d’État offre une possibilité à prix intéressant pour les régimes de retraite axés sur la couverture du passif. Le recours à une couverture des risques de taux d’intérêt et de change devrait également être envisagé par les promoteurs qui n’ont toujours pas mis en place de telles stratégies.

Pour certains régimes, une réduction du risque plus dynamique, notamment par la liquidation du régime ou l’impartition de l’administration, pourrait aussi être un moyen approprié de cristalliser les gains. Les risques liés aux changements réglementaires et sectoriels ne devront pas être négligés non plus.

Selon Claude Lockhead, le début d’année représente « un moment propice pour les promoteurs de régimes de réévaluer leurs stratégies de placement et leurs modèles de gouvernance ».

« Au-delà des facteurs liés aux marchés financiers, les promoteurs de régimes canadiens devraient étudier les risques auxquels leurs régimes font face et la manière d’y remédier, dit-il. Par exemple, le Québec a modifié son règlement concernant la capitalisation des régimes enregistrés sur la base de solvabilité, et d’autres provinces pourraient lui emboîter le pas. Il s’agit d’un risque inconnu pour les stratégies de financement actuelles, et de nombreux promoteurs de régimes examinent déjà la possibilité d’ajuster les cotisations futures. »

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