Des dollars glissés à travers la fente d'une vitre, d'un côté on voit les dollars américains, de l'autre les billets deviennent de la terre sur laquelle sont plantés des panneaux solaires et des éoliennes.
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La volatilité actuelle du secteur de l’énergie ne change en rien les objectifs de décarbonisation à long terme, croit Aaron White, vice-président, investissement durable, Gestion d’actifs CIBC.

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« Les attitudes évoluent de par le monde autour de la lutte au changement climatique, en raison d’un apparent conflit de priorités entre l’inflation et la sécurité énergétique. Les facteurs géopolitiques, économiques et sociaux qui pèsent sur l’économie mondiale ont amené plusieurs pays à reconsidérer leurs investissements dans la transition climatique, et même à remettre en marche d’anciennes centrales à charbon. Les prix élevés de l’énergie ont également alimenté le débat entre la réduction des émissions et la réduction de l’inflation. Mais si ces vents contraires sont importants, je crois qu’ils sont temporaires », assure Aaron White.

Il cite l’Agence internationale de l’énergie, selon laquelle le pétrole et le gaz russes ne devraient pas regagner leurs parts de marché à l’issue de la guerre en Ukraine, et les marchés développés ont profité de la situation pour renforcer leur engagement envers les énergies propres.

« Malgré les revers à court terme que constituent la volatilité des prix et la croissance des émissions mondiales, investir dans les solutions à faibles émissions de carbone produira de meilleurs résultats à long terme », soutient Aaron White.

L’expert donne trois arguments pour soutenir sa prédiction.

Le premier, c’est qu’à mesure que les investissements et l’innovation gagnent du terrain, les nouvelles technologies vont pouvoir s’échelonner à un point où leurs coûts baisseront.

« On voit déjà d’importantes réductions de coûts dans les sources renouvelables traditionnelles comme les panneaux solaires et les éoliennes », souligne-t-il.

Ensuite, puisque plusieurs nations se sont engagées à l’objectif « Net zéro » pour 2050, les politiques des gouvernements vont sans doute devenir de plus en plus vigoureuses, poussant les prix des énergies fossiles vers le haut.

« Le Canada s’est déjà engagé à accroître les taxes sur le carbone jusqu’à 170 $ la tonne, et d’autres gouvernements vont continuer de mettre en œuvre des politiques similaires », indique-t-il.

Enfin, les événements géopolitiques récents renforcent la volatilité et l’incertitude entourant les prix des énergies traditionnelles, et justifient d’autant plus les investissements dans des formes d’énergie alternatives.

« Non seulement cela rapportera des dividendes sous forme de réductions de coûts, mais la sécurité énergétique des différents pays sera renforcée puisqu’ils ne dépendront plus de l’approvisionnement en pétrole étranger », rappelle Aaron White.

Selon lui, ne rien faire maintenant en matière de transition énergétique risque de coûter très cher à long terme, « surtout si des retards dans les investissements conduisent à un scénario de catastrophe climatique incontrôlable ».

Lorsqu’on parle des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans un contexte d’inflation, « il est important de se rappeler des causes de l’inflation », affirme-t-il.

« Beaucoup d’économistes citent les profits des sociétés comme cause majeure lors des derniers trimestres. Les marges de profit ont beaucoup augmenté : on parle de 50 à 250 % dans certains secteurs. Les investisseurs doivent donc réfléchir à leur rôle en tant qu’actionnaires de sociétés. Contribuent-ils à la crise du coût de la vie pour les populations les plus vulnérables ? Comment les sociétés devraient-elles équilibrer leurs prix et leurs coûts dans un système où leurs actionnaires ne sont plus les seules parties intéressées ? Devons-nous repenser l’importance des diverses parties prenantes dans une perspective d’équilibre entre le rendement financier et les impacts sur la société d’où proviennent les occasions de générer ce rendement ? »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.