La twittosphère s’emballe contre un conseil financier

Par La rédaction | 4 juin 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un article de MarketWatch au sujet du niveau d’épargne-retraite que devraient avoir accumulé les trentenaires a soulevé l’ire de plusieurs d’entre eux, qui le jugent irréaliste.

Dans cet article, la firme Fidelity Investments soutenait qu’à la mi-trentaine, un individu devrait avoir le double de son salaire annuel investi en épargne-retraite. Il n’en fallait pas plus pour lancer une tempête de mèmes et de commentaires acerbes par des trentenaires exaspérés par ce type de conseil, qu’ils jugent incompatibles avec leur situation financière réelle.

DÉPIT ET IRONIE

Parmi les commentaires, on note celui de Paul Fairie, ironique, qui écrit : « À 35 ans, les milléniaux devraient avoir 40 000 toasts à l’avocat mises de côté pour la retraite ». Surpris, A-Train répond à MarketWatch « Quoi, je suis supposé avoir un emploi?!? ». Contestataire, Existential Comics lance pour sa part : « À 35 ans, vous devriez avoir accepté que le capitalisme vous étranglera tranquillement pendant que les propriétaires d’entreprises s’enrichissent au-delà de toute raison sur le dos de leurs travailleurs ».

Jeaniene Frost, elle, se demande tout simplement « mais à qui parlent-ils ? », alors que Mark Agee lançait un « soyez riches est quand même un très bon conseil financier ».

Pour financial-planning.com, cela démontre bien que les trentenaires ont perçu ce conseil soit comme une critique de leurs efforts d’épargne insuffisants, soit comme l’ignorance de leur situation financière réelle. Dans tous les cas, ils se sentent incompris. Or, le premier besoin d’un client est justement de se sentir compris. Les trentenaires sont souvent accablés par une lourde dette d’études et une carrière qui démarre lentement, en plus des coûts liés au mariage, aux enfants et parfois aux parents vieillissants. Ils ont besoin de savoir quoi mettre en haut de leur liste de priorités et surtout comment équilibrer le tout.

Les conseils offerts dans les articles du type de celui publié sur MarketWatch, par exemple d’investir même des petits montants ou de se fixer des objectifs, sont un bon départ, mais ils n’aident pas les Y à prendre les décisions importantes.

LA TECHNOLOGIE À LA RESCOUSSE

Le plus grand défi de l’industrie est d’offrir des conseils personnalisés à ce groupe démographique. Pour y arriver, il faut bien comprendre le contexte dans lequel se prennent leurs décisions financières.

C’est d’autant plus complexe que ces clients rapportent peu aux professionnels du conseil financier en raison de leur faible niveau d’investissement. Les professionnels hésitent donc à leur consacrer autant de temps que leur situation complexe l’exigerait.

Il faudrait donc développer des outils, notamment numériques, capables de donner des conseils nuancés et personnalisés à ces investisseurs. L’auteure imagine la situation classique d’un couple dans la trentaine avec deux enfants qui envisage de déménager. Doivent-ils épargner ou rembourser rapidement leurs dettes d’études? Doivent-ils sacrifier un peu la taille de la future maison pour se rapprocher de leur travail? Doivent-ils éviter de payer de trop lourdes taxes foncières et plutôt privilégier une école privée pour leurs enfants?

L’auteure rêve d’une solution qui permettrait de :

  • Agréger les données qui dépassent les finances immédiates du couple, comme le potentiel de revenu basé sur les choix de carrière, les implications fiscales de la localité choisie, le coûts des domiciles et de l’éducation des enfants selon les types et l’emplacement, la qualité des écoles et le temps de transport.
  • Savoir, à partir de leurs comportements à eux, quels conseils sont les plus susceptibles de les motiver;
  • Tenir compte de leurs priorités personnelle et les combiner avec la valeur objective des conseils;
  • Créer des scénarios qui tiennent compte des interdépendances entre les décisions financières individuelles et offrent au client un portrait global.

Pour l’industrie, croit l’auteure, investir dans le développement de tels outils est impératif afin d’aller chercher les clients de l’avenir et les servir en faisant un profit. C’est un grand défi, auquel il faudra savoir répondre.

La rédaction