L’Allemagne, paradis… des arnaques financières

Par La rédaction | 2 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Promesses de rendements mirobolants, rendements « 100 % garantis » dans les métaux précieux, placements « sécurisés »… Depuis ces dernières années, les arnaques financières se multiplient en Allemagne, rapporte l’Agence France-Presse.

La raison? Dans ce pays à la population vieillissante, les bas taux d’intérêt actuels incitent nombre de retraités à tenter d’améliorer leur niveau de vie en sortant des circuits d’investissement classiques. Ce qui en fait des proies faciles pour les escrocs de tout acabit.

Et si la quatrième puissance économique mondiale est particulièrement touchée par ce phénomène, c’est que le taux d’épargne des ménages y est l’un des plus élevés de la zone euro, à 16,8 %, comparativement à 10,5 % en moyenne dans l’Union européenne.

DES FRAUDES DE PLUS EN PLUS IMPORTANTES

Résultat, près de 7 500 escroqueries financières y ont été recensées en 2014, soit une hausse de 18 % sur un an, qui succédait à une augmentation de 29 % enregistrée l’année précédente, selon les chiffres officiels.

En outre, les arnaques « deviennent de plus en plus grosses, qu’il s’agisse du nombre de victimes ou des montants concernés », explique à l’AFP Klaus Nieding, vice-président de la puissante fédération de protection des actionnaires Deutsche Schutzvereinigung für Wertpapierbesitz (DSW).

« On parle désormais de montants à trois chiffres en millions, c’est nettement plus qu’il y a 10 ans. Et en ce qui concerne les victimes, de nombres à quatre voire même cinq chiffres », ajoute-t-il, précisant qu’il associe « très clairement » cette situation « à l’évolution actuelle des marchés financiers, et plus particulièrement aux très faibles taux d’intérêt ».

LES PLACEMENTS CLASSIQUES PEU ATTRACTIFS

De son côté, la fédération allemande des banques privées (Bundesverband deutscher Banken, ou BdB) estime elle aussi que « les investisseurs en quête de rendements se laissent de plus en plus souvent séduire par des offres douteuses » en grande partie à cause de la faiblesse persistante des taux d’intérêt.

Pour soutenir une économie encore fragile sur le Vieux Continent, la Banque centrale européenne a graduellement diminué son taux principal près de zéro, à 0,05 %, rappelle l’AFP.

À l’origine, ce taux historiquement bas était destiné à permettre aux ménages et aux entreprises de réduire leur endettement en les incitant à consommer ou à investir. Le problème, souligne l’agence, c’est qu’il se traduit également « par une chute de l’attractivité des placements traditionnels, assurance-vie et livrets d’épargne en tête, que proposent banques et assureurs ».

RUÉE VERS LE « MARCHÉ GRIS »

Dans ce contexte, certains clients en quête de rendements moins anémiques que ceux proposés par les grandes institutions bancaires sont tentés par le « marché gris », un segment non officiel de la finance qui, sans être forcément illégal, échappe au contrôle des autorités et représente donc une vaste source potentielle de fraudes.

Plusieurs affaires ont ainsi fait la une des grands médias allemands au cours des derniers mois. À Francfort, par exemple, se tient en ce moment le procès des dirigeants d’une compagnie spécialisée en placements immobiliers et accusée d’avoir fait perdre plus de 240 millions d’euros (340 millions de dollars canadiens) à quelque 11 000 clients par le biais d’opérations douteuses.

De même, une société berlinoise est poursuivie pour avoir floué 6 000 investisseurs auxquels elle avait proposé d’acheter de l’or avec l’engagement qu’ils doubleraient leur mise en quelques années… à condition que celui-ci soit stocké dans ses coffres.

UNE LOI POUR PROTÉGER LES INVESTISSEURS

Si l’on en croit la presse allemande, elle aurait recueilli de la sorte environ 50 millions d’euros (71 millions de dollars), mais seule une infime partie du stock de métal qu’elle détenait était réellement de l’or.

D’après une étude menée auprès de plus de 1 100 groupes et compagnies par l’organisation de défense des consommateurs Stiftung Warentest, seuls 6 % des fonds dans l’immobilier, l’environnement ou le secteur maritime tiennent vraiment leurs promesses de rendement.

Pour tenter d’enrayer ce fléau, conclut l’AFP, le gouvernement allemand a cependant récemment dévoilé une nouvelle loi censée mieux protéger les petits investisseurs.

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