L’AMF fait le point sur les caisses Desjardins

Par Saskia Ouaknine | 14 juin 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Les coopératives se révèlent solvables, rentables et gagnent en importance », a estimé l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans son Rapport sur les coopératives de services financiers 2011, déposé le 13 juin à l’Assemblée nationale. Ce rapport dresse annuellement le portrait de la santé financière des caisses et des parts de marché ravies au détriment des banques.

Pour 2011, l’AMF a passé sous sa loupe les 403 coopératives de services financiers de la province, dont une seule – la caisse des Mutuellistes, Épargne et Crédit, sise à Rimouski – n’est pas affiliée à la Fédération des caisses Desjardins du Québec (FCDQ), elle-même intégrée au Mouvement des caisses Desjardins. Le Mouvement représente plus de 5,6 millions de membres et embauche près de 44 600 employés.

RENTABILITÉ, SOLVABILITÉ ET LIQUIDITÉ SATISFAISANTES

« Au Québec, les coopératives de services financiers se distinguent avec des ratios supérieurs à la médiane de l’industrie (banques canadiennes) et un capital de bonne qualité », peut-on lire d’entrée de jeu dans le rapport de l’AMF.

Fin 2011, le Mouvement présentait 162,83 G$ d’actif total au Québec, principalement constitué de financements hypothécaires et de dépôts des particuliers. Il s’agit d’une hausse de 5,28 % par rapport à 2010. « Cette progression trouve en partie son origine dans la hausse des financements (+7,0 G$) qui représentent 72,78 % du total de l’actif », commente L’AMF.

Selon l’organisme de réglementation, les coopératives « contribuent significativement aux excédents » du Mouvement Desjardins. Ces derniers, « après impôts et avant ristournes, ont augmenté depuis 2010 (+ 11 %). (…) Ils se chiffrent à 1,51 G$ en 2011 comparativement à 1,43 G$ en 2010. Cette évolution émane notamment de la bonne performance des activités de trésorerie induite par une stratégie prudente visant à maintenir un niveau élevé de liquidité. Cette performance est également encouragée par la diminution des frais autres que les frais d’intérêt (-1,80 %) », poursuit l’AMF.

LE BAL DES FUSIONS

La santé financière stable du Mouvement en 2011 n’a pourtant pas empêché le bal des fusions et des fermetures de se poursuivre chez Desjardins. L’AMF fait état de 28 caisses de moins l’an dernier par rapport à 2010, dont 21 à la suite d’une fusion. En comparaison, 30 coopératives avaient fusionné ou fermé en 2010. Depuis 10 ans, le nombre de caisses Desjardins au Québec a fondu de moitié, passant de 814 à 402. Aucune des régions du Québec n’échappe à cette « politique de fusion [qui] se poursuit depuis plusieurs années et [qui] induit une disparité de plus en plus marquée selon la taille des caisses », analyse l’AMF dans son rapport.

En effet, cette attrition du nombre de caisses couplée à un actif généralement en croissance donne lieu dans certains secteurs à « l’émergence de caisses avec un poids significatif », poursuit l’organisme de réglementation, alors que d’autres restent modestes, comme en témoigne le tableau ci-dessous.

LA PART DE MARCHÉ DE DESJARDINS

« Les coopératives demeurent l’un des principaux acteurs du financement de l’économie québécoise, notamment sur le marché des particuliers. En outre, sur la base des parts de marché, les coopératives constituent le type d’institution de dépôt le plus utilisé par les épargnants au Québec », constate l’AMF.

En effet, à elles seules, « les coopératives détiennent près de la moitié du marché de financement hypothécaire. Environ 92 % de cet encours concernent des prêts de type résidentiel, ce qui équivaut également à près de la moitié (49 %) des prêts hypothécaires résidentiels octroyés par les institutions de dépôt au Québec », signale-t-on dans le rapport.

De même, « avec une part de marché de 46,4 %, les dépôts des particuliers au Québec sont massivement confiés aux coopératives. Ces dernières représentent plus spécifiquement 34,2 % des dépôts à vue au Québec et la part de marché atteint 55,3 % pour les dépôts à terme. Les banques canadiennes se partagent la moitié du marché des dépôts aux particuliers dont 59,2 % pour les dépôts à vue et 43 % pour les dépôts à terme. Le poids des banques étrangères est marginal et concerne 3,7 % du marché des dépôts des particuliers au Québec », compare l’AMF.

L’ENDETTEMENT, CE RISQUE PERNICIEUX

Malgré cette bonne note accordée au Mouvement Desjardins et à sa Fédération des caisses, l’AMF compte maintenir « une surveillance continue des coopératives, notamment en veillant à l’application des lignes directrices [visant] au respect des normes de solvabilité et de suffisance de capital, mais aussi au maintien de pratiques de gestion saine et prudente ». L’organisme de réglementation s’inquiète en premier lieu du niveau d’endettement des ménages québécois, en flèche depuis 30 ans, qui a passé le cap des 150 % en 2011. Puisque ce crédit imposant constitue un risque auprès des institutions de dépôt qui l’octroient, l’Autorité souhaite orienter ses travaux de surveillance en les « sensibilisant davantage sur ce sujet et en évaluant les répercussions économiques et financières qui découlent de cette situation », conclut le rapport.

Saskia Ouaknine