L’AMF veut davantage éduquer les épargnants

Par Céline Normandin | 15 septembre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Face à tous les scandales financiers qui ont secoué le Québec cet été, l’Autorité des marchés financiers (AMF) entreprend une série d’initiatives afin de mieux éduquer le public en matière de finances personnelles.

Dans un premier temps, l’AMF lancera, à la fin septembre ou au début octobre, son nouveau site Internet pour améliorer l’accès à l’information destinée au public. Conseiller.ca a déjà révélé, par exemple, qu’un seul registre des représentants, au lieu des deux actuels, sera bientôt en ligne (voir article en hyperlien à la fin de cet article). À l’heure actuelle, les internautes doivent choisir entre deux registres, l’un pour le domaine de l’assurance et des fonds communs de placement, l’autre pour les courtiers en actions et en obligations.

«Ce dont plusieurs personnes se sont aperçues cet été, c’est que finalement, elles étaient bien souvent des victimes potentielles faciles en n’ayant pas le réflexe de vérifier préalablement si (leur conseiller financier ou leur titre de placement) était bien enregistré auprès de l’Autorité», a souligné Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF

«Si on prend un certain nombre de jours ou de semaines pour magasiner un voyage ou une voiture, la même chose s’imposerait certainement pour des produits financiers», a-t-il ajouté.

Trois groupes visésAu cours de l’automne, l’AMF songe en outre à lancer une campagne de publicité dans les médias.

Une autre série de mesures visent quant à elles à rejoindre directement les épargnants. Trois clientèles sont notamment visées par l’organisme:

  • les jeunes
  • les préretraités
  • les retraités

Pour mieux rejoindre ces groupes, l’AMF compte notamment collaborer avec les regroupements qui les représentent.

Selon Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF, les jeunes sont confrontés de plus en plus jeunes à des questions financières, d’où l’importance de rejoindre ce public. «Il n’est pas rare, par exemple de voir aujourd’hui un jeune de 17 ans posséder une carte de crédit», indique-t-il. Les problèmes d’endettement ou encore les interrogations face aux placements font parties des sujets que veut aborder l’AMF avec eux. L’organisme compte travailler avec le réseau des établissements d’enseignement secondaire et les cégeps pour rencontrer les jeunes. L’AMF veut aussi poursuivre son activité de simulation boursière qui rejoint des milliers de participants chaque année.

Expliquer le rôle du Pl. fin.L’AMF veut adopter la même stratégie pour rejoindre les préretraités et les retraités, que ce soit par leur milieu de travail ou les associations qui les représentent. «Il est question, entre autres, d’organiser des conférences d’une heure en milieu de travail ou de travailler avec des groupes comme la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ)», ajoute M. Théberge. Lors de ces rencontres, l’AMF veut fournir de l’information sur les rôles du planificateur financier, en gestion mais aussi en assurances, par exemple. On veut de plus informer ce qu’est l’Autorité ainsi que sa mission auprès du public.

M. Théberge espère que ces ateliers permettront aux gens de développer des réflexes, tels que téléphoner à l’AMF pour vérifier si le planificateur qu’il consulte est un membre enregistré et en règle.

Interviewés par Conseiller.ca sur les projets de l’AMF, l’Union des consommateurs et la FADOQ saluent l’initiative, bien que chacun des organismes formule des réserves. «Il s’agit d’une excellente nouvelle, souligne Charles Tanguay de l’Union.Mais beaucoup de personnes sont à un stade qu’on pourrait appeler d’analphabétisme budgétaire. Il y a un besoin d’éducation à la base sur des notions primaires».

M. Tanguay ajoute que le consommateur a aussi une obligation de s’informer, comme dans l’achat de tout bien de consommation. «L’AMF pourrait certainement contribuer à hausser le niveau d’éducation des gens en évitant d’utiliser un jargon et en diffusant une information facile à comprendre et accessible […[. L’organisme doit poursuivre sa mission de s’adresser au grand public», conclut M. Tanguay.

De son côté, Frédéric Lalande, porte-parole de la FADOQ, insiste d’ailleurs pour une action concertée si une campagne d’information est lancée. «Il faudrait voir comment nous pourrions travailler ensemble mais il est certain que l’intérêt à collaborer avec l’AMF est là […]Nous pourrions commencer par établir un consensus sur les termes à utiliser, ce qui autrement nuit à toute collaboration», déclare M. Lalande. Il ajoute que bien que les personnes âgées sont souvent la cible de fraudeurs, leur niveau d’information sur les questions financières est le même que celui de la population en général, soit plutôt bas.

Céline Normandin