L’argent devient moins tabou dans le couple

Par La rédaction | 16 novembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les couples rechignent moins qu’avant à parler d’argent, un tabou pourtant persistant depuis longtemps.

Un sondage CROP mené pour la Chambre de la sécurité financière (CSF) révèle en effet que la grande majorité (90 %) des personnes sondées se sent à l’aise de parler d’investissements ou de dettes avec leur partenaire de vie.

Ils sont aussi nombreux (57 %) à mettre leurs revenus en commun au quotidien. Cette proportion grimpe à 70 % chez les conjoints qui gagnent sensiblement le même revenu.

L’harmonie financière a toutefois ses limites. Très peu de couples discutent de l’impact d’une séparation sur leurs finances. Ils sont donc peu préparés face à cette perspective qui touche pourtant un ménage sur deux.

Qui conservera la maison ? La personne aura-t-elle les moyens de racheter la part de l’autre ? La question se pose avec la valeur des maisons qui a augmenté ces derniers mois. Et quel sera le coût pour se reloger ? Plein de décisions financières sont à prendre dans un moment déjà difficile à traverser.

Or, trois répondants sur quatre (74 %) n’ont jamais abordé ce sujet avec un conseiller pour se doter d’un plan financier en cas de rupture, se désole Marie Elaine Farley, présidente et chef de la direction de la CSF.

DES DISPARITÉS…

S’ils en parlent plus librement, ils ne gèrent pas forcément leurs finances en duo. Dans plus de la moitié des couples (52 %), la tâche revient à un seul des conjoints, souvent la personne qui gagne le plus.

Les disparités salariales restent présentes alors que 63 % des femmes disent gagner un peu ou beaucoup moins que leur conjoint. Seulement un homme sur quatre (27 %) a un revenu inférieur à celui de la personne qui partage sa vie.

Quatre couples sur dix (42 %) préfèrent fonctionner selon un partage des dépenses au prorata du revenu de chacun. Une solution qui se fait souvent au détriment de la personne qui gagne moins, selon Hélène Belleau, professeure titulaire à l’INRS et coauteure du livre L’amour et l’argent : guide de survie en 60 questions.

« Le choix des dépenses du couple est souvent fait selon le niveau de revenu de la personne qui gagne plus, celle qui gagne moins sera désavantagée, car elle vit nettement au-dessus de ses moyens », explique-t-elle.

ET DES CACHOTTERIES

Ceux qui épargnent pour la retraite le font de façon individuelle (46 %). Ils sont seulement 29 % à le faire en couple.

Certains se font cachottiers. Plus d’un Québécois sur quatre (27 %) qui vit en couple met de l’argent de côté à l’insu de leur conjoint(e). Ils sont plus d’un sur deux (56 %) chez ceux qui ont une très grande aisance financière.

« Nous n’avons pas de données sur les raisons pour lesquelles certaines catégories de gens sont plus portées à mettre de l’argent de côté secrètement et il peut certainement y avoir de bonnes raisons de le faire. Néanmoins, il est clair que certaines personnes tentent ainsi d’anticiper les conséquences économiques d’une éventuelle rupture », conclut Mme Belleau.