L’argent fait-il le bonheur?

Par La rédaction | 14 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Pour le nouveau Nobel d’économie, l’Américano-Britannique Angus Deaton, l’argent ne fait pas le bonheur, du moins au-delà de 75 000 dollars bruts par foyer et par an, soit 6 250 dollars par mois, rapporte Le Figaro.

« Peut-être 75 000 dollars représente-t-il un seuil au-delà duquel des hausses de revenus n’améliorent plus la capacité des individus à faire ce qui compte le plus pour leur bien-être émotionnel, comme de passer du temps avec ceux qui leur sont chers, éviter la douleur et la maladie, et profiter de leurs loisirs », soutenaient, en 2010, Angus Deaton et son collègue américano-israélien Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie 2002.

L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR…

Pour parvenir à cette conclusion, publiée en août 2010 dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences, les deux chercheurs de l’université de Princeton s’étaient appuyés sur un sondage de l’institut Gallup-Healthways, qui avait interrogé 450 000 personnes chez nos voisins du Sud en 2008 et en 2009.

« Au-delà de 75 000 dollars dans les États-Unis d’aujourd’hui (…), une augmentation du revenu n’amène ni à ressentir du bonheur ni à être soulagé du malheur ou du stress, même si cette hausse des revenus continue à améliorer l’évaluation que les individus font de leur vie », avaient également écrit les deux économistes.

MAIS LA PAUVRETÉ FAIT LE MALHEUR

En revanche, soulignaient-ils, pour la vaste majorité de la population, qui dispose d’un revenu très inférieur à ce seuil, les préoccupations financières peuvent représenter un lourd fardeau.

Leur conclusion? Gagner toujours plus d’argent renforce peut-être le sentiment d’avoir réussi sa vie, mais ne rend pas nécessairement plus heureux. Toutefois, si l’argent ne fait pas le bonheur, la pauvreté, elle, fait souvent le malheur, puisque « la faiblesse des revenus exacerbe la douleur émotionnelle qui accompagne des situations comme le divorce, ou le fait d’être en mauvaise santé ou seul ».

Angus Deaton dénonce régulièrement les inégalités de revenus dans le monde, rappelle par ailleurs Le Figaro, qui relève que la récompense qu’il a reçue intervient à un moment où cette thématique est de plus en plus perçue comme une menace pour le monde.

1 % DE LA POPULATION DÉTIENT 50 % DES RICHESSES

Ainsi, dans son ouvrage Le Capital au XXIe siècle, l’économiste français Thomas Piketty dénonce l’enrichissement des 1 % les plus fortunés depuis le début des années 1980 au détriment des plus pauvres, tandis que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale considèrent désormais qu’il s’agit d’un problème qui risque de nuire à la stabilité économique.

Selon un récent rapport de l’ONG internationale Oxfam, ces ultra riches détiendront plus de la moitié du patrimoine mondial dès 2016.

Le « Nobel » d’économie, invention récente

Le « prix Nobel » d’économie n’est pas décerné par le comité Nobel et n’a donc pas de lien direct avec les prix du même nom.

Son véritable intitulé est « prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel », et il n’a été créé qu’en 1968.

Il est doté de huit millions de couronnes suédoises, soit environ 1,27 million de dollars canadiens.


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