L’Autorité bancaire européenne déconseille l’usage du bitcoin

Par Rémi Maillard | 10 juillet 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’Autorité bancaire européenne (ABE) vient de publier un rapport (en anglais) incitant les banques présentes sur le Vieux continent à ne pas proposer à leurs clients des comptes libellés en bitcoins ou dans d’autres monnaies virtuelles, du moins tant qu’elles ne sont pas encadrées par des règles spécifiques.

Basée à Londres, l’ABE conseille aux organismes de supervision nationale de « décourager les institutions financières d’acheter, de détenir ou de vendre des monnaies virtuelles tant qu’aucun cadre législatif n’est en place », rapporte l’Agence France-Presse.

D’après l’Autorité, qui a étudié la question en collaboration avec la Banque centrale européenne et l’Autorité de régulation financière européenne, les risques liés à ces monnaies dépassent en effet les bénéfices qu’elles peuvent apporter, par exemple leur rapidité et leur caractère économique pour effectuer des transactions.

De nombreux risques

L’ABE a identifié quelque 70 risques actuellement encourus par les utilisateurs d’argent virtuel, notamment en matière de blanchiment ou d’autres crimes financiers.

Elle se dit particulièrement préoccupée par le fait que les logiciels permettant la création de bitcoins et autorisant les transactions pourraient être détournés dans le but de contrôler la devise.

« Un mécanisme de monnaie virtuelle peut être créé, et son fonctionnement changé, par n’importe qui. Et dans le cas de mécanismes décentralisés comme les bitcoins, par quiconque disposant d’une puissance informatique suffisante, et de plus de façon anonyme », met-elle en garde.

Par ailleurs, « la sécurité informatique ne peut être garantie » tandis que « la viabilité financière de certains participants sur le marché reste incertaine », affirme l’autorité de régulation.

Instaurer une réglementation

Sa conclusion ? Les monnaies virtuelles devront être réglementées en mettant sur pied des structures de gouvernance chargées de les superviser et d’assurer leur intégrité.

Créé en 2009, le bitcoin suscite la méfiance de plusieurs banques centrales dans le monde, en particulier parce qu’il court-circuite le système bancaire traditionnel et permet de réaliser des paiements de manière anonyme.

Il était notamment utilisé sur Silk Road, un site Web clandestin dans lequel on pouvait acheter des armes et de la drogue, fermé en 2013 par les autorités étasuniennes.

Un trafic de bitcoins démantelé en France

C’est une première en Europe : les gendarmes du sud de la France ont annoncé en début de semaine avoir démantelé un trafic de bitcoins dans une plate-forme d’échange illicite sur Internet, annonce l’Agence France-Presse.

La gendarmerie nationale a également procédé à des perquisitions à Cannes, Nice, Toulouse et Bruxelles, en Belgique, et saisi 388 bitcoins, d’une valeur avoisinant 290 000 dollars.

Opacité et volatilité

Le site Web utilisé pour les échanges ne bénéficiait d’aucun agrément de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, l’organe de supervision français de la banque et de l’assurance.

Il a été immédiatement fermé, ce qui a mis fin par la même occasion à un projet de casino en ligne «entièrement [consacré] aux crypto-monnaies».

Il y a quelques jours, l’Autorité des marchés financiers française avait déjà mis en garde les épargnants de l’Hexagone contre les risques liés au bitcoin, en raison de son opacité, de sa volatilité importante et d’un «fort risque juridique».

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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.