« Le 3 mai pourrait être le jour de la Grande Réconciliation »

Par La rédaction | 1 mai 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
6 minutes de lecture

Le 3 mai devrait être « la date de la Grande Réconciliation des conseillers indépendants du Québec », appelle de ses vœux Daniel Guillemette sur son profil LinkedIn.

Dans un court texte publié vendredi, le président de Diversico espère même qu’ils se feront « un gros câlin collectif » après avoir fumé « notre calumet de paix ». Pour en savoir plus sur cette nouvelle initiative annoncée quelques semaines après le lancement du mouvement Asteris, Conseiller l’a interrogé.

« Dans une industrie comme la nôtre, on entre souvent en compétition avec quelqu’un qui fait exactement la même chose et, parfois, le fait de vouloir décrocher un contrat peut amener à se montrer un peu agressif. Il y a beaucoup de conseillers à qui je parle qui me disent détester tel ou tel de leur collègue, parce qu’il leur aurait “volé” un client ou fait quelque chose qui leur a déplu. Je constate presque tous les jours qu’il y a beaucoup de petites querelles et que les conseillers indépendants se retrouvent pris dans une sorte de mouvement où chacun ne pense plus qu’à soi et à ses seuls intérêts à court terme. C’est cette spirale qu’il faut casser », explique d’emblée Daniel Guillemette.

« C’EST LE TEMPS OU JAMAIS DE SE SERRER LES COUDES »

Le patron de Diversico invite donc « tous ceux qui ont déjà entretenu ou entretiennent des sentiments négatifs envers des collègues à prendre conscience du fait que c’est le temps ou jamais de se serrer le coudes, parce qu’il n’est plus possible de s’offrir le luxe d’être divisés ». Soulignant que cet objectif n’est pas celui d’Asteris, qui est « un mouvement qui accueille déjà un certain nombre de conseillers mais ne les regroupera jamais tous », ne serait-ce que parce que « tout le monde ne souhaite pas forcément être transparent, objectif et indépendant ou n’en a pas la capacité », le dirigeant estime que la réponse à la crise actuelle se trouve ailleurs.

« Le conseil indépendant doit absolument se regrouper, et la seule façon d’y arriver consiste à prendre conscience qu’on est parfois un peu trop en guerre les uns contre les autres. Or, c’est la pire chose qu’on puisse continuer à faire, car ceux qui veulent prendre notre place et qui ont la capacité de le faire, ce ne sont pas les collègues d’en face, mais plutôt les grandes institutions et les manufacturiers de produits eux-mêmes. Ceux-là peuvent, du jour au lendemain, nous faire disparaître, et le régulateur, le ministre, le pouvoir politique, tous ces gens-là ont eux aussi la capacité de nous faire disparaître. Alors c’est à nous de nous organiser et de leur montrer qu’on entend bien garder notre place dans l’industrie. »

C’est exactement l’objectif de la journée du 3 mai, souligne Daniel Guillemette, qui explique n’avoir « pas l’intention de faire quoi que ce soit de concret ce jour-là, sauf de provoquer une prise de conscience collective qu’il faut absolument se serrer les coudes et se regrouper ». « La première démarche à entreprendre, avant de se mettre à travailler ensemble, c’est d’enterrer la hache de guerre et d’oublier nos petites querelles », insiste-t-il.

« LES JEUNES SONT MOINS DANS LES PETITES QUERELLES »

« Aucun rassemblement ni activité ne sont prévus le 3 mai, il s’agira simplement d’une journée que je souhaite voir consacrée aux conseillers. Un peu comme on a déclaré que le 8 mars était la Journée internationale des femmes, j’ai juste envie de déclarer que le 3 mai est désormais celle du conseil indépendant. Je n’ai pas pris cette date tout à fait au hasard, puisqu’il s’agit de la Journée de l’avenir des professionnels organisée par le Regroupement des jeunes courtiers du Québec (RJCQ). Les jeunes sont moins dans les petites querelles, me semble-t-il, que les gens de ma génération. Ils n’ont pas encore eu le temps d’apprendre à se détester entre eux! En général, ils sont davantage dans la collaboration que dans la compétition, c’est pourquoi je voulais faire un clin d’œil au Regroupement et leur dire : bravo, on est content que vous soyez là, vous êtes l’avenir de la profession. Autrement dit, le 3 mai se veut une sorte de déclaration, une manière de dire aux conseillers : s’il vous plaît, enterrez la hache de guerre, fumez le calumet de la paix et commencez à vous parler et à travailler ensemble avant qu’il ne soit trop tard pour le conseil indépendant. »

Si Daniel Guillemette reconnaît n’avoir eu « aucun contact officiel ou formel » avec la direction du RJCQ, il assure que son idée a en revanche reçu l’appui de plusieurs de ses membres. « Les jeunes qui étaient présents lors du lancement d’Asteris le mois dernier étaient très heureux de cette initiative. J’ai reçu plein d’appels de leur part et beaucoup d’entre eux souhaitent travailler avec nous. Donc je présume que notre orientation attire fortement cette jeune clientèle de conseillers », explique le président de Diversico.

Interrogé sur le fait de savoir si cette « grande réconciliation » suffira à renverser la vapeur, le dirigeant répond sans hésiter par l’affirmative. « Il y a une vingtaine d’années, au moment du dossier noir de l’assurance hypothécaire, les conseillers indépendants de l’époque avaient mené une campagne hallucinante. On ne peut soupçonner jusqu’à quel point des conseillers décidés à faire un changement majeur peuvent avoir de l’influence. »

« IL EST ENCORE POSSIBLE DE FAIRE BOUGER LES CHOSES »

« Le problème, aujourd’hui, ajoute-t-il, c’est que lorsque l’Association des intermédiaires en assurance de personnes du Québec a disparu au profit de la Chambre de la sécurité financière, en 1999, cela a entraîné la disparition de tout véritable mouvement représentatif ou associatif des conseillers indépendants. Mais ce qui s’est passé en 1999 prouve qu’il est possible de faire bouger les choses, du moins lorsque les principaux intéressés se mobilisent et se regroupent. »

« La Grande Réconciliation m’apparaît nécessaire pour mettre un point final sur les querelles du passé et pour démarrer le grand chantier visant à réinventer notre futur, puisque celui que nous espérions est déjà périmé, car contrôlé par des acteurs beaucoup plus puissants que chacun de nous pris isolément », conclut Daniel Guillemette.

Contacté par Conseiller, le RCJQ a déclaré qu’il préférait s’abstenir de tout commentaire pour l’instant. Porte-parole du Rassemblement, Antoine Chaume, Pl. Fin., indique cependant que même s’il « tient à rester neutre en ce moment », le mouvement « voit d’un bon œil que certains acteurs dans l’industrie se mobilisent pour faire avancer la cause des indépendants ».

La rédaction