Le Big Four au banc des accusés

Par La rédaction | 11 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PriceWaterhouseCoopers (PwC) figurent aujourd’hui au banc des accusés dans nombre de scandales financiers et de fraudes comptables, rapporte Le Monde.

Dans une enquête, le quotidien français rappelle que le Big Four, ces quatre cabinets d’audit omniprésents dans le monde des multinationales et de la finance, se sont retrouvés mêlés à plusieurs importantes affaires au cours des dernières années.

Ainsi, en septembre 2014, le groupe d’hypermarchés britanniques Tesco a dû reconnaître qu’il avait exagéré ses bénéfices d’un tiers de milliard d’euros (environ 450 millions de dollars canadiens). Pourtant, ses comptes avaient été épluchés et approuvés par PwC.

L’affaire LuxLeaks

Autre exemple : deux mois plus tard, la presse internationale a révélé un scandale d’évasion fiscale, le désormais fameux LuxLeaks, qui mettait au jour 548 accords fiscaux plus qu’avantageux passés entre des multinationales et les autorités du Luxembourg. Le lien? Ils avaient été préparés et négociés par PwC.

Et cette liste est loin d’être exhaustive, soutient Le Monde, qui cite également le cas de Lehman Brothers et d’autres grandes banques, dont le Big Four avait validé les comptes sans sourciller…

Selon Jim Peterson, professeur à la Chicago Law School et à l’université de Cergy-Pontoise (France), la multiplication de ces affaires n’est pas une surprise.

« C’est généralement un indicateur retardé de crise, explique-t-il au journal français. On en a vu beaucoup après l’éclatement de la bulle Internet et ça recommence maintenant. »

Des chiens de garde peu efficaces

Et il est difficile d‘échapper à leur emprise, puisque ces cabinets géants, qui emploient chacun près de 200 000 personnes, auditent par exemple 99 des 100 plus grandes entreprises britanniques, l’immense majorité de celles aux États-Unis, ou encore toutes les sociétés du CAC 40 en France…

Pourtant, note Le Monde, « force est de constater qu’ils échouent trop régulièrement dans leur rôle de chien de garde de la comptabilité des entreprises. L’information aux investisseurs est limitée et ils ne garantissent pas suffisamment la fiabilité des comptes ».

Par ailleurs, l’audit représente aujourd’hui moins de la moitié du chiffre d’affaires de ces cabinets, poursuit le quotidien, qui relève qu’ils sont devenus des « acteurs incontournables » en matière de fiscalité des multinationales, puisque « ce sont eux qui imaginent les méthodes les plus efficaces pour utiliser au mieux les législations des différents pays ».

Confusion des genres

Enfin, comme ces firmes sont « très présentes » dans les instances financières internationales, elles « ont réussi à faire évoluer les normes internationales en leur faveur ». Leurs objectifs? « Rendre l’audit moins coûteux à réaliser, mais surtout éviter les poursuites judiciaires. Les normes sont ainsi devenues beaucoup moins flexibles, et donc moins ouvertes à interprétation », observe Le Monde.

« Le problème du Big Four est qu’ils pratiquent un lobbying qui est difficile à cerner, résume Tamasin Cave, de l’organisme à but non lucratif britannique Spinwatch. Quand ils travaillent dans un ministère ou une entreprise, on ne sait jamais vraiment quel est leur rôle, s’ils font de l’audit, du conseil en fiscalité ou du conseil en politiques publiques. »

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