Le Brexit ne ferait pas fuir les banques

Par La rédaction | 11 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Non, Londres ne sera pas la victime d’un exode des banques en raison du Brexit, lequel pourrait compliquer l’accès au marché de l’Union européenne. C’est en tout cas ce qu’affirme le reporter d’affaires du Financial Post Kevin Libin.

Il faut dire que l’un des arguments massues contre le Brexit était justement la menace de voir la City de Londres, véritable fer de lance économique et financier de la Grande-Bretagne, se vider en faveur de villes situées à l’intérieur de l’Union européenne, comme Dublin, Paris ou Francfort.

En effet, depuis le vote en faveur du Brexit, les manchettes se succèdent chaque fois qu’une banque délocalise un certain nombre de ses employés sur le continent européen ou vers l’Irlande.

UNE GOUTTE D’EAU DANS L’OCÉAN

Pourtant, rappelle Kevin Libin dans le Financial Post, ces annonces qui font tant de bruit ne concernent que quelque centaines d’employés. Or, selon lui, environ un million de personnes à Londres travaillent dans le secteur financier et un autre million de professionnels exercent dans des secteurs connexes comme les services comptables ou juridiques.

De cette perspective, les nouvelles en provenance de Dublin, selon lesquelles une douzaine de banques basées à Londres se seraient informés quant à des locaux pouvant abriter chacun de 10 à 500 employés, semblent passablement moins dramatiques. Les propos sur une éventuelle plaque tournante financière de l’Union européenne à Francfort concernent eux aussi des bureaux qui contiendraient moins de 500 employés.

Kevin Libin recense également les annonces des banques, pour constater que HSBC, UBS, Goldman Sachs et Morgan Stanley songent chacune à bouger environ 1 000 de leurs postes sur le territoire de l’Union européenne. Barclays compte en envoyer 150 à Dublin. À l’inverse, la Deutsche Bank vient de signer un bail de 25 ans pour de nouveaux locaux flambant neufs à Londres, comme le rapportait récemment le Financial Times.

LES ATOUTS DE LONDRES

Le peu d’empressement des grandes banques à quitter Londres s’explique, selon Kevin Libin, par le fait que les avantages de cette ville compensent amplement les coûts éventuels du Brexit. Même l’Union européenne reconnaît que Londres bénéficie d’un environnement d’affaires dynamique, d’un système légal stable et prévisible en plus de l’attrait de la langue anglaise, utilisée partout dans le monde, et des atouts d’une grande ville cosmopolite.

Londres déborde aussi de personnel hautement qualifié en finances et de règles fort accommodantes pour les banques. Des atouts dont ne jouissent pas Paris ou Francfort. Morgan Stanley estime que les coûts dans les banques allemandes sont de 2 400 points de base plus élevés qu’à Londres, alors qu’ils le seraient de 1 500 points de base en France.

Les pays européens n’ont pas non plus tous la même tolérance pour le capitalisme débridé pratiqué à Londres. Kevin Libin cite ici les propos d’un banquier, lequel préfère conserver l’anonymat, rapportés en janvier dernier dans l’Evening Standard : « Paris est attirante, mais qu’en est-il du droit du travail ? Et si nous prenons avantage des ententes fiscales avantageuses qui nous sont offertes, ils vont brûler des tas de pneus à La Défense ! »

Vu comme ça, on peut comprendre que les banquiers se sentent bien confortables de leur côté de la Manche…

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